Camerounaises, Camerounais,
Mes chers compatriotes de l’intérieur et de la diaspora,
Comme l’année dernière, c’est avec le même sentiment de respect profond que je m’adresse à vous au moment où l’année s’achève; un moment où chacun de nous aspire légitimement à partager en famille ou entre amis quelques instants de joie, au terme d’une année riche en évènements et en émotions. C’est sans doute le moment propice de faire un bilan de ce que notre pays a connu au cours de l’année qui s’en va.
L’année 2014 a été une année difficile dans tous les secteurs de la vie nationale :
- la hausse du prix des carburants a aggravé la pauvreté des couches les plus défavorisées de nos populations en accentuant l’inflation sur les prix des denrées alimentaires sur nos marchés ; si le Gouvernement ne s’en est pas rendu compte, nos mamans, elles, le ressentent bien et en souffrent en silence dans nos villages et les quartiers de nos villes ; je relève par ailleurs que le prix du pétrole a baissé de plus de 40% sur le marché international, mais qu’il n’y a à ce jour aucune répercussion sur le prix du carburant à la pompe dans notre pays.
- les tensions sur la trésorerie de l’Etat ont entraîné de nombreux impayés, ou des retards considérables de paiement des dettes de l’Etat vis-à-vis des entreprises et des particuliers;
- la confusion persistante dans les instances dirigeantes de notre football et les performances déshonorantes de nos Lions Indomptables à la dernière Coupe du monde ont accentué la déception et la morosité d’un peuple si attaché à son équipe nationale et à ce sport-roi ;
- les libertés publiques ont été mises en péril par diverses atteintes, notamment des enlèvements extrajudiciaires, la poursuite de trois journalistes devant un Tribunal militaire et l’édiction d’une loi qui, sous couvert de répression du terrorisme dans notre pays, ouvre la voie à l’idée de crime politique et à la répression tout court.
S’agissant précisément de la lutte contre le terrorisme et la défense de l’intégrité du territoire national, depuis le mois de mai 2014, notre pays est en guerre contre la secte islamiste Boko Haram sur la frontière avec le Nigeria ; et à la frontière avec la RCA, il combat des groupes armés qui procèdent régulièrement à des enlèvements et à l’assassinat de nos compatriotes. Même si le bilan des actions de cette secte terroriste et de ces bandes armées en déshérence a déjà endeuillé de nombreuses familles camerounaises et déstabilisé par endroit le mode de vie de nos populations, il faut se féliciter de ce que nos forces de sécurité et de défense ont jusqu’ici, par leur vaillance, leur bravoure et leur sens du sacrifice, épargné à notre pays de sombrer dans le chaos dans lequel cherchent à le faire plonger ces groupes extrémistes et fanatiques. C’est ici l’occasion, une fois de plus, d’affirmer le soutien total du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun à ceux de nos filles et fils qui, pour la patrie, exposent et parfois offrent leurs vies. Pour ceux d’entre eux qui sont morts au front pour que nous vivions libres, le MRC exprime humblement sa reconnaissance infinie, et à leurs orphelins, veuves et veufs ainsi qu’à leurs parents, l’expression émue de sa sympathie.
Le MRC propose que le Gouvernement prenne spécialement en charge les frais de scolarisation et des soins hospitaliers complets des orphelins mineurs jusqu’à leur majorité, afin qu’ils ressentent le moins possible l’absence de leurs parents morts pour la patrie. Une telle mesure contribuerait sans doute de manière concrète et significative à soulager la douleur des familles endeuillées.
Mes chers compatriotes,
S’il y a lieu de se réjouir des prouesses et des sacrifices de nos forces de défense sur tous les fronts et de la libération des otages dont l’enlèvement cette année, à la suite d’attaques sauvages, sanglantes et meurtrières, avait ému l’ensemble des Camerounais, force est de constater que notre pays est loin d’être venu à bout de l’ennemi.
Le MRC reste persuadé que par respect pour le peuple camerounais et pour donner un sens à la démocratie, le Président de la République, chef des Armées, devrait s’adresser personnellement à la nation au sujet des attaques et des prises d’otages dont est victime notre pays. Ceci permettrait à la nation toute entière d’apporter un soutien éclairé, cohérent et rationnel à son action dans la gestion de cette crise majeure.
La menace terroriste est devenue un des défis majeurs du monde actuel, et plus particulièrement de la bande sahélo-saharienne qui couvre une partie de notre pays. Le Gouvernement a fait voter par le Parlement une loi sur la répression du terrorisme, afin de faire face à ce fléau. En dépit des vives protestations politiques et citoyennes, cette loi a été promulguée le 23 décembre. Le MRC est convaincu qu’il faut une loi spécifique pour protéger notre pays et combattre efficacement ce grave péril. Il est cependant fermement opposé à l’instrumentalisation de la lutte contre le terrorisme à des fins politiques.
La loi qui vient d’être votée et promulguée transforme en terroriste tout citoyen tenté de s’opposer à la violation de ses droits politiques et civiques par l’Etat et, par conséquent, l’expose à la peine de mort. Cette loi veut combattre l’extrémisme en instaurant paradoxalement une forme de terreur d’Etat sur les populations, les partis politiques de l’opposition et les organisations de la société civile qui ne seraient pas dans les bonnes grâces du pouvoir. Cette loi n’était pas bonne avant son adoption par le Parlement. Elle n’était pas bonne après son adoption par le Parlement. Elle n’est pas devenue bonne du fait de sa promulgation par le président de la République. Il s’agit d’une mauvaise loi pour les libertés publiques et politiques dans notre pays.
Tout donne à croire qu’elle a été inspirée par le souci de conjurer des évènements tels que ceux survenus dans un pays africain à la fin du mois d’Octobre dernier. Si le Gouvernement veut éviter à notre pays les protestations, les manifestations publiques voire les soulèvements populaires, il doit simplement créer, sans tricher, les conditions de sérénité et de confiance sociale et politique.
Le MRC a proposé un amendement tendant à améliorer la rédaction de l’article 2 de cette loi antiterrorisme. Cet amendement a été écarté avec mépris, sans même avoir été examiné comme l’exige les textes pertinents du Parlement.
La lutte courageuse et légitime contre le terrorisme et les attaques armées à nos frontières ne doit pas faire perdre de vue l’insécurité grandissante à l’intérieur du pays. Dans nos villes et nos villages, la côte d’alerte est dépassée en matière d’atteinte à l’intégrité physique des personnes et aux biens. Les agressions de jour comme de nuit sont désormais chose courante, malgré la multiplication des barrages de police et de gendarmerie. Trop de fonctionnaires de police et de gendarmes sont affectés à la protection des personnalités, de certains particuliers et même des structures et domiciles privés, au détriment de la sécurité collective des populations. Le Gouvernement ne peut plus se contenter de discours là où les populations demandent des actions concrètes.
Mes chers compatriotes,
Les mauvaises élections constituent une grave menace pour la stabilité de notre pays, presque autant que les actes d’insécurité multiformes. Le Code électoral de 2012 n’a été, à vrai dire, que la transcription de la volonté unilatérale du Gouvernement en loi. Malgré de nombreuses protestations et critiques fondées, ce Code a été mis en application avec une arrogance contraire à tout esprit républicain. Le double scrutin du 30 septembre 2013 a offert à tout observateur sérieux et soucieux du devenir de notre pays de constater qu’ELECAM a fait preuve d’un manque d’autorité, mais aussi d’une partialité préjudiciables. Il nous faut tourner ensemble définitivement la page de cette expérience peu glorieuse de notre démocratie balbutiante.
Autant le MRC n’acceptera plus jamais des élections entachées de fraudes massives et sauvages, autant, en parti républicain, il travaille pour éviter à notre pays les affres des conflits postélectoraux dont les coûts humains, sociaux et économiques sont incommensurables. C’est dans cet esprit que s’inscrit sa proposition de loi portant modification du Code électoral, introduite à l’Assemblé nationale par son député, au cours de la session de novembre 2014.
Cette proposition de loi est le résultat d’une analyse attentive du déroulement des élections du 30 septembre 2013 qui constituaient le véritable premier test du nouveau Code électoral mais aussi pour ELECAM. Ils ont montré, l’un et l’autre, les lacunes, insuffisances et dysfonctionnements qui ont conduit aux nombreux cas de fraudes et autres irrégularités ayant entaché notre processus électoral, et qui décrédibilisent notre expérience démocratique. Notre proposition de loi vise à obtenir un toilettage consensuel du Code électoral afin de le débarrasser de ces sources de conflit.
Tous les observateurs nationaux et étrangers s’accordent à reconnaître qu’en raison de l’exceptionnelle longévité du pouvoir actuel, de sa forte inclination répressive, mais également de la volonté irrésistible d’alternance politique qui se manifeste désormais dans toutes les sphères de la société, y compris à l’intérieur même du système en place, les prochaines consultations électorales seront un moment critique au Cameroun. Des garanties d’élections libres, équitables et effectivement transparentes doivent être mises en place dès à présent pour rassurer les acteurs politiques et le peuple camerounais, afin d’éviter qu’elles ne se transforment en un moment de turbulence.
Tout au long de cette année, et si nécessaire jusqu’aux prochaines élections nationales, le MRC organisera une campagne nationale et internationale de sensibilisation sur l’importance de l’adoption d’un Code électoral consensuel, dans le souci fondamental de la préservation de la paix interne au Cameroun au lendemain des scrutins à venir.
L’objectif de cette campagne est l’adoption par le Parlement de la proposition de la loi sur la modification du code électoral de 2012, ou l’ouverture d’un véritable dialogue national consensuel sur la réforme du système électoral, et la mobilisation générale en faveur du pari de la paix par l’organisation d’élections transparentes, libres, sincères, justes et véritablement démocratiques.
Il s’agit de lancer, dès l’année 2015, et de porter avec les Camerounais, les organisations politiques et les acteurs de la société civile sincères avec notre peuple, l’initiative « Sauvons la Paix au Cameroun en exigeant dès maintenant la Réforme du Code électoral pour des Elections Libres, Transparentes et Démocratiques ! ». C’est un enjeu républicain qui interpelle tous les Camerounais, sans distinction.
Le calendrier et les modalités des actions pacifiques et démocratiques de cette opération seront bientôt arrêtés, après une concertation avec les forces vives de notre pays et toutes les personnes de bonne volonté, y compris celles proches du parti au pouvoir.
Aucune mesure d’intimidation, même pas la menace de la peine capitale contenue dans la loi portant la répression du terrorisme au Cameroun, ne nous arrêtera dans cette lutte pour obtenir que lors des prochains scrutins, la volonté librement exprimée des Camerounais soient enfin respectée.
A l’occasion de chaque sortie de sensibilisation, toutes les informations utiles seront communiquées aux autorités, afin de leur permettre de sécuriser et d’encadrer les manifestations publiques. Compte tenu du caractère politique, civique et essentiellement pacifique de notre démarche, et de notre bonne disposition à collaborer pleinement avec les autorités pour l’encadrement des manifestations publiques dans le cadre de cette campagne, le Gouvernement assumera seul la responsabilité des provocations policières ou autres, en cas de dérapages.
Il est temps que les Camerounais et les pays amis du Cameroun réalisent que si rien n’est fait dès à présent, certains cercles du pouvoir vont utiliser l’occasion des prochains scrutins pour déstabiliser notre pays. Or, ce qui peut être fait aisément aujourd’hui, sans aucun coût en vies humaines, c’est d’amener le pouvoir à ouvrir le jeu politique en acceptant une réforme consensuelle du système électoral national.
Aucun de nos compatriotes, aucun pays ami du Cameroun, aucune organisation ne pourra dire que l’alerte n’avait pas été donnée à temps. Les efforts tardifs pour rétablir le calme seront par avance condamnés moralement et ne pourront être appréciés autrement que comme du cynisme.
Est-il nécessaire d’attendre, comme ailleurs parfois non loin de notre pays, que les forces extrémistes créent le chaos pour que la communauté internationale se mobilise à coût de moyens humains, financiers et matériels ? Si la communauté internationale veut aider le peuple camerounais, elle doit œuvrer dès à présent aux côtés des porteurs d’une politique de paix afin que le Code électoral soit réformé pour rendre au peuple camerounais sa souveraineté à travers des élections crédibles, à l’issue desquelles le vaincu félicite le vainqueur, comme cela se fait ailleurs.
Il est encore temps d’anticiper sur les conséquences imprévisibles d’un basculement du Cameroun dans le désordre post électoral.
Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes,
L’économie de notre pays souffre de graves faiblesses structurelles face auxquelles le Gouvernement est manifestement désarmé.
Le déficit de la balance commerciale est abyssal : son solde négatif est passé de -1055.8 milliards de FCFA en 2012 à -1205,4 milliards en 2013. Le plus affligeant est que la grande majorité de nos importations est constituée des produits alimentaires. Cette situation s’explique par la faible performance de notre système productif, malgré les potentialités exceptionnelles tant en ressources naturelles qu’en ressources humaines dont dispose notre pays.
En ce qui concerne la croissance économique et son impact sur la réduction de la pauvreté, il est clair que le Cameroun n’atteindra pas l’objectif de la réduction de la pauvreté de moitié en 2015, fixé par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) pour lesquels il s’est engagé aux Nations Unies en l’an 2000 ; ceci, au contraire de certains pays africains comme le Ghana, l’Ouganda, le Kenya, le Sénégal et le Rwanda qui ont atteint les huit OMD.
La raison en est fort simple : le taux de croissance économique reste faible pour entraîner le développement avec un impact sensible sur la réduction de la pauvreté et permettre l’élimination de la faim dans notre pays. Ce taux croissance n’a pas dépassé 5% au cours des quatre dernières années, c’est-à-dire depuis l’adoption par le Gouvernement de son Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) qui prévoit un taux de croissance de 7% par an.
Les bailleurs de fonds s’accordent pour dire qu’il faudra un taux de croissance à deux chiffres à partir de l’année prochaine pour rattraper le retard ainsi pris. Mais, au regard de l’état actuel de notre économie, il s’agit d’un vœu pieux auquel le Gouvernement lui-même ne croit pas. Les craintes que nous avons exprimées dès 2012 se confirment donc. Comme à son habitude, le Gouvernement avait balayé notre alerte avec mépris.
Comme en 2013, l’affectation de 30% du budget de l’Etat à l’investissement public en 2014 n’a pas été bénéfique aux populations. A la fin du troisième trimestre 2014, seulement 36% du Budget d’investissement public (BIP) a été exécuté. Le Gouvernement s’embourbe dans des explications qui changent d’une année à l’autre. En 2014, il essaye de masquer cette triste réalité en évoquant un taux de 89,30% d’exécution en termes d’engagements. Pour la même période en 2013, son indicateur était le nombre de marchés passés et non plus l’exécution physique du budget. Les obstacles à la sous-consommation du budget d’investissement publics sont connus, mais le Gouvernement est manifestement incapable d’en venir à bout.
Sur un plan plus concret, et à titre d’exemple du mauvais état de notre économie, depuis plusieurs mois déjà, les dysfonctionnements du port autonome de Douala ont réduit à néant les efforts de nombreuses entreprises nationales dont l’activité dépend essentiellement des importations et des exportations.
Le MRC se tient aux côtés de ces femmes et hommes qui, fort de leur engagement patriotique bravent les difficultés de toutes sortes pour investir au Cameroun et créer des emplois et les richesses dont le pays a tant besoin. Le Gouvernement serait bien inspiré de résoudre ce problème en tenant compte des préjudices subis par les entreprises concernées, s’il a le moindre souci de combattre vraiment le chômage et de protéger les populations les plus vulnérables contre une inflation insupportable.
Mais, face à cette situation économique préoccupante, le Gouvernement se mure dans l’arrogance de ses certitudes et le mépris des voies dissonantes. Il n’a à la bouche que les insultes et la dénonciation des complots imaginaires en guise de réponse à chaque interpellation dont il est l’objet. Hors du système en place, aucun Camerounais n’a ni l’intelligence, ni la légitimité pour apporter la moindre contribution à la construction du pays. Mais, ce ne sont pas la suffisance et les injures qui règleront les problèmes quotidiens des Camerounais ou permettront de relever les défis pressants auxquels la nation est confrontée.
Le pays souffre du manque de confiance et la multiplication des plans d’urgence n’y changera rien tant que l’horizon restera incertain, que la corruption se portera chaque jour un peu mieux, que la déification des dirigeants gangrènera nos esprits et nous empêchera de voir nos insuffisances et de corriger nos erreurs.
Le MRC constate que son appel à l’impérieuse nécessité de réduire le train de vie de l’Etat a inspiré le Président de la République qui, lors du dernier Conseil des ministres, y a trouvé une source de financement du Plan d’urgence annoncé depuis décembre 2013. Cette interpellation du MRC, contenue dans sa réaction suite à l’augmentation des prix du carburant avait pourtant provoqué, en son temps, l’ire de quelques fonctionnaires de la communication. Si le MRC peut éprouver quelque satisfaction de constater que la pertinence de ses analyses est partagée par le Gouvernement, il regrette la mauvaise démarche méthodologique adoptée à cet égard.
En effet, il est incohérent de tenir un Conseil des ministres sur le thème de la réduction du train de vie de l’Etat quelques jours seulement après l’adoption de la loi de finances qui, à l’examen, réserve la majeure partie des recettes aux dépenses de fonctionnement. Comme on le voit, il est difficile de mettre en application les idées des autres.
A propos de plan d’urgence, lequel doit-il mobiliser l’effort national aujourd’hui ? Celui annoncé le 31 décembre 2013 ? Le plan d’urgence pour Bakassi? Le plan d’urgence pour le septentrion ? Le Gouvernement ne sait plus où donner de la tête. Devant l’échec de son tâtonnement économique et social, il croit pouvoir trouver le salut dans les plans d’urgence, dans un pays qui ne sort pourtant pas de guerre ou d’une crise quelconque. A quoi sert le budget de l’Etat voté par le Parlement au cours de sa dernière session pour 2014 s’il doit être exécuté parallèlement à un autre budget consacré au plan d’urgence ? La nation doit savoir en tout état de cause que le financement de ce plan d’urgence n’étant pas passé par le Parlement, est contraire à la Constitution, qui fait du vote du budget et du contrôle de son exécution une matière relevant du domaine exclusif de la loi. Même dans un régime non démocratique, le pouvoir exécutif ne peut pas engager des dépenses de près de 1000 milliards sans l’autorisation du Parlement.
A la vérité, ce n’est pas le souci de bâtir une économie nationale solide, capable de porter le pays au premier rang des économies africaines qui guide les choix actuels du Gouvernement, mais plutôt la hantise de la préparation de l’échéance capitale de 2018. C’est pourquoi tout est calé sur les trois ans à venir ou autour de cette période : la CAN féminine de 2016 en guise de préparation ; le Plan d’urgence triennal dont on espère les résultats en 2017 afin d’alimenter le bilan à présenter en 2018 pour justifier la sollicitation d’un mandat qui devrait permettre d’organiser la Coupe d’Afrique des Nations de 2019. C’est de bonne guerre, me dira-t-on; sauf que les intérêts du pays à long terme ne doivent pas être sacrifiés à l’autel des calculs politiques à court terme.
Mes chers compatriotes,
La détresse et la désespérance ne cessent de grandir au sein de notre jeunesse. Celle-ci ne se limite pas à quelques jeunes diplômés de la capitale et des grandes villes qui ont la chance de bénéficier d’un recrutement dans la Fonction publique ou dans quelques entreprises publiques, parapubliques ou privées. Je parle des millions de jeunes scolarisés, sous-scolarisés ou non scolarisés, qui ont pour seul horizon la conduite des mototaxis, ou qui errent le long des rues avec pour seule marchandise deux chemises de friperie ou une paire de chaussures à la main. Il n’y aucune exagération, ni je ne sais quelle volonté de déstabilisation du pouvoir à dire qu’il y a là un vecteur potentiel de crise sociale majeure dans notre pays.
Ceux qui s’élèvent avec véhémence contre l’attention portée à cette situation savent-ils combien de jeunes à la recherche d’un avenir sont morts cette année seulement en traversant le désert du Sahara ? Combien se sont-ils noyés dans les eaux de la mer Méditerranée ? Combien ont-ils perdu la vie sur les barbelés de la frontière espagnole ? Combien se sont-ils suicidés de désespoir et de la honte de l’échec social après avoir souffert parfois plus d’une dizaine d’années, un diplôme universitaire en poche, sans décrocher un premier emploi ?
Non, le Gouvernement ne peut pas vous le dire, parce que précisément, le sort des jeunes camerounais n’est pas vraiment au centre de ses préoccupations.
Un Gouvernement qui offre comme principale source de création d’emplois aux jeunes, des recrutements périodiques et somme toute dérisoires dans une Fonction Publique pléthorique conduit le pays à la ruine de ses finances publiques. Il fait la démonstration implacable de son incapacité à dynamiser le secteur privé, à le mettre en confiance pour investir et créer en nombre des emplois durables, bien rémunérés et agissant comme un levier de la croissance et du développement national.
Chers compatriotes,
Le peuple camerounais a grand soif d’apaisement politique, de réconciliation, de reconstruction de la confiance entre ses enfants, entre ses acteurs politiques, entre l’Etat et les citoyens. De même, il appelle à la reconnaissance de la nation pour ceux qui ont œuvré à son avènement, à son édification en tant que nation, à son affirmation comme acteur de la société internationale. A cet égard, le premier président de notre pays, Ahmadou AHIDJO, ne saurait être relégué à la poubelle de l’histoire. Il fait bel et bien partie de la conscience collective et de l’héritage politique national, comme le sont également le roi DOUALA MANGA BELL et NGOSSO DIN, Martin Paul SAMBA, Ernest OUANDIE, OSSENDE AFANA, Ruben UM NYOBE, Roland MOUMIE, John NGU FONCHA, Salomon TANDENG MUNA, Sultan NJI MOLUH SEYDOU, Augustine NGOM JUA, Bernard FONLON, Emmanuel TABI EGBE, Daniel KEMAJOU, André Marie MBIDA et bien d’autres encore; et comme le sera un jour le président Paul BIYA.
Pour le MRC, la République du Cameroun doit faire preuve de dignité en rapatriant officiellement la dépouille de celui à qui le destin donna le privilège de proclamer l’indépendance de notre pays. Il est temps d’engager un programme national de réconciliation du pays avec son passé et tous ses héros, indépendamment de leur trajectoire idéologique.
A cette même époque il y a un an, nous vous avions annoncé que le MRC entamerait une campagne d’implantation sur l’ensemble du territoire national au cours de l’année qui s’achève. Cette opération a été lancée et se poursuit avec succès dans différentes régions du pays et dans la diaspora. Mais, des pressions insoutenables et des menaces ouvertes continuent d’être exercées sur les populations, et certains de nos camarades et sympathisants à travers le pays, créant ainsi un détestable climat de peur.
C’est le lieu de sensibiliser nos vaillantes populations de la Région du Sud en particulier, afin qu’elles bravent ces manœuvres d’intimidation et le discours mesquin de haine ethnique, pour s’exprimer comme des citoyens libres d’une nation bâtie sur le socle de la fraternité républicaine. Leur sort ne se confond pas, et ne saurait se confondre, à celui d’un régime ou d’une élite!
A ces populations et celles qui ailleurs hésiteraient encore, je dis : «Rejoignez le MRC, afin qu’ensemble nous construisions la Renaissance nationale !»
Mes chers compatriotes,
Avant de vous quitter, permettez-moi de former pour chacun de vous où qu’il se trouve : le petit peuple des villes et des campagnes et la communauté d’affaires, créateurs de richesses, dont le dur labeur a permis au Cameroun de traverser tant de crises, nos forces de sécurité et de défense qui font la fierté de notre pays, les malades et tous ceux qui sont injustement détenus dans les prisons, les fonctionnaires qui maintiennent l’Etat debout, la jeunesse promesse d’avenir, mes vœux ardents pour une Bonne et Heureuse année nouvelle. Que l’année 2015 vous apporte une meilleure santé et de la prospérité, afin qu’ensemble nous travaillions à le Renaissance de notre très cher et beau pays.
Vive le Cameroun !
Maurice KAMTO,
Président National du MRC,
Yaoundé, le 28 décembre 2014.