02
Sep 2012

Une  des  questions  majeures  pour  un  parti  politique  est  celle  de  son  positionnement idéologique. Bien qu’elle ne constitue pas une préoccupation essentielle pour la base du parti, il s’agit  d’une  question  cruciale  qui  est  de  nature  a  créer  des  divisions  au  sein  du  parti  ou  à constituer  un  obstacle  au  regroupement  et  à la  fusion  des  forces  politiques  tant  souhaitée  par notre peuple. Il convient de l’aborder sans préjugé aucun, et à la lumière de l’histoire des idées et des réalités du monde d’aujourd’hui.

Il est si commode de nos jours de dire qu’on est de gauche ou de droite. Ces notions ont une signification profonde  liée à  l’histoire propre des pays où elles ont vu  le  jour. Elles ne renvoient  pas  aux  réalités  historiques  et  ne  revêtent  pas  le  même  contenu  en  France,  en Allemagne, en Grande Bretagne, en Russie ou aux Etats Unis, pour ne citer que quelques pays importants ayant une tradition du clivage Gauche-Droite. Quelle tradition devons-nous adopter si tant est qu’il faille s’inscrire dans ces traditions de clivage idéologique ? Et pourquoi devrions-nous revendiquer l’héritage historique et idéologique de tel ou tel peuple alors que nous n’avons pas la même histoire ? La question est du reste plus compliquée dans le cas du Cameroun qui a une double histoire coloniale, britannique et française. Or, ni la droite, ni les gauches britannique et  française  ne  sont  le  produit  d’une  même  histoire,  de  même  que  ces  notions  n’ont  pas exactement le même contenu idéologique.

Du point de vue idéologique précisément, l’opposition droite gauche est née de conceptions politico-philosophiques conflictuelles et extrêmes des rapports sociaux dominées par la lutte des classes. Mais on a noté que la gauche française est restée marquée par ses origines communistes, qu’elle est moins bien préparée à s’adapter dans un monde dominé par le libéralisme économique et marqué en coin par l’échec du communisme, cependant que la gauche Britannique qui a pourtant, elle aussi, une forte tradition de lutte sociale ou la gauche allemande qui ne peut ignorer la pensée marxiste se sont montrées plus aptes a s’adapter dans ce monde là.

Les gauches des pays de l’Europe du nord ont pour leur part inventé la social démocratie. Quant aux Etats Unis, la gauche y est représentée par le Parti démocrate qui correspond idéologiquement à ce que l’on appelle en Europe les Centristes et non même pas aux sociodémocrates, la gauche dans sa conception continentale traditionnelle étant représentée par ceux qu’on appelle là-bas les « Liberals ».

Le MRC ne peut se contenter d’un prêt-à-penser idéologique. Il ne peut se satisfaire en la matière, comme en bien d’autres, d’un copier-coller, d’une simple transposition. Il doit réfléchir, débattre, s’adapter, s’inscrire dans la modernité puisque son ambition est de moderniser le Cameroun.

A cet égard, l’on constate que plus aucun parti dit de droite ne conduit une politique de droite traditionnelle, et plus aucun parti de gauche ne mène une politique de gauche selon l’idéologie de la gauche traditionnelle. La droite se caractérise traditionnellement par certaines valeurs telles que la famille, la patrie, le travail, la responsabilité individuelle. La gauche pour sa part par des valeurs telles que la liberté, l’égalité de chance, la justice, la solidarité, la responsabilité sociétale. Toutes deux sont depuis longtemps attachées à la République et ses valeurs cardinales que sont la liberté, l’égalité devant la loi, la justice, la citoyenneté, la laïcité.

En outre, la droite traditionnellement attachée à un libéralisme sans marque par le règne des plus forts s’est désormais ouverte à un capitalisme compassionnel marqué par le souci de l’équité et attentif aux plus faibles.

La gauche pour sa part a compris et intègre le fait que le travail est la source de la production des richesses sans lesquelles il ne peut y avoir de solidarité, de partage et donc de politique de justice sociale; elle a compris que le libéralisme libère l’énergie et le génie créateur de l’homme, sources principales de création de richesses et d’emplois et principaux leviers de la lutte contre le chômage; que les contraintes de la mondialisation ont brouillé le clivage gauche droite, la gauche se trouvant contrainte et forcée de s’accommoder à l’économie de marché et de gérer les économies nationales sous la contrainte de la finance internationale. Désormais, la gauche fait juste un peu plus de social que la droite. Et à la vérité, il très malaisé de dire dans un pays en développement où presque tout reste à faire en quoi consistent les politiques de gauche et celles de droite.

Dans le cas du Cameroun, on peut constater, sans qu’il soit besoin de passer par un sondage ou une enquête d’opinion plus poussée, que la grande majorité de la population est attachée aux valeurs suivantes: la famille, le travail, la propriété, le patriotisme, la justice, l’égalité devant la loi, la solidarité, la tolérance religieuse qui est un autre nom de la laïcité, la liberté politique et d’entreprise, la dignité humaine. On voit bien que les valeurs traditionnelles de droite et de gauche se trouvent ici mêlées. Or, c’est une société basée sur l’ensemble de ces valeurs que le MRC veut bâtir, car il veut construire une société pour les camerounais et non une société basée sur la satisfaction intellectuelle de poursuivre un idéal idéologique. Notre parti veut promouvoir une société où la liberté ouvre grande la voie à l’initiative individuelle et permet de créer des richesses source d’emploi et moyen de lutte efficace et durable contre le chômage, d’une part, et condition de possibilité de la justice et d’une solidarité nationale significative, d’autre part. Il s’agit d’un libéralisme libérateur dont la finalité ultime est l’homme en tant qu’être social. C’est un libéralisme qui appelle tous les citoyens au travail, à travailler dur, pour que l’ensemble de la société se porte mieux. En somme, le MRC est un parti de la synthèse idéologique qui met l’homme au cœur de l’action politique. S’il fallait absolument donner un nom à une telle doctrine, nous l’appellerions SOCIAL LIBERALISME.

C’est la condition de la modernisation de notre pays. Cette modernisation passe par les cinq chantiers suivants :

  1. modernisation politique et institutionnelle;
  2. modernisation économique, l’aménagement du territoire national et le développement durable;
  3. modernisation de l’éducation et du système social, statut de la femme, place des jeunes et question de l’emploi;
  4. modernisation culturelle, tourisme et développement sportif;
  5. modernisation de la politique étrangère et de la diplomatie, et place de la diaspora.

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