Chers Camarades Délégués à la Convention, chers Invités, mes chers Amis !
Permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter une chaleureuse bienvenue à notre Convention qui initialement aurait dû se tenir en novembre 2017, mais qui, pour des raisons liées à la situation générale du pays, a été reportée. Je salue les camarades venues des 360 communes, des 58 départements et des dix régions de notre pays, eux qui, pour certains, ont fait un très long périple pour prendre part aux présentes assises. C’est la preuve qu’ils croient en l’unité de notre peuple et qu’ils sont prêts à se sacrifier pour que notre pays reste debout, se réconcilie avec ses filles et fils de toutes les régions. Votre seule présence massive dans cette grande salle du Palais des Congrès témoigne de notre volonté commune de construire notre Nation et de vivre ensemble dans la paix et l’harmonie. Rien ni personne ne doit nous faire douter de cette volonté.
Je souhaite aussi saluer d’entrée l’exceptionnel travail accompli par les différentes commissions mises en place pour la préparation de la tenue de cette 2e Convention ordinaire de notre parti. Je compte sur elles pour prendre toutes les dispositions afin d’assurer le bon déroulement des présentes assises.
Mouvement pour la Renaissance du Cameroun : le « Souffle de l’Espoir »
Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) est né en août 2012, à Yaoundé de la transformation du Mouvement Républicain Populaire (MRP), créé le 25 juillet 2008, et dirigé par Alain FOGUE TEDOM.
Le MRC est le fruit de la fusion entre le MRP et certains partis politiques, et du rassemblement des acteurs de la société civile, déçus par l’incompétence managériale généralisée du parti au pouvoir depuis la moitié des années 1980 et la perte de crédibilité de la plupart des leaders et partis politiques de l’opposition.
Le MRC est donc né de l’analyse du paradoxe de la profonde désaffection des Camerounais à l’égard de la politique, alors même qu’en raison de l’incurie, de l’incompétence notoire doublée de la mauvaise gouvernance du régime RDPC, ils rêvent et réclament une alternance au pouvoir que les leaders et les partis de l’opposition traditionnelle ne parviennent pas à leur offrir depuis 1992. Dans ce contexte, le MRC s’est positionné très vite comme le « Souffle de l’Espoir » pour notre peuple désorienté par le régime RDPC.
Son lancement officiel a eu lieu le 13 août 2012, dans un grand hôtel de Yaoundé, dans un contexte de siège imposé et un climat de grande tension entretenue par les forces de sécurité instrumentalisées par le régime pour empêcher l’éclosion cette jeune formation politique aux idées claires et aux ambitions affirmées.
Dès sa création, notre parti, désireux de rétablir dans notre pays le rôle noble – que joue la politique – dans toute société civilisée et démocratique, est perçu par le pouvoir comme un véritable obstacle à la connivence et aux compromissions politiques qu’il a instaurés, à coup de corruption, de chantage policier et judicaire, et d’arrangements secrets faits au mépris des souffrances du peuple camerounais, entre lui et certains acteurs politiques et membres de la société civile.
Aussi, parce que le MRC a choisi d’être hermétique aux petits arrangements financiers qui minent la scène politique camerounaise et qui ont contribué à l’affaiblissement, voire à la destruction, de l’opposition dans notre pays, il se voit imposer par le régime un ostracisme administratif, médiatique et politique, incompatible avec la posture démocratique qu’il revendique à cor et à cri tant dans les cercles diplomatiques locaux que sur la scène internationale.
La première Convention du parti, officiellement prévu les 29 et 30 septembre 2012 s’est tenue dans une ambiance électrique orchestrée par le pouvoir. En effet, malgré le fait que, comme parti républicain, légalisé par l’autorité compétente, le MRC avait mis un soin particulier à respecter la réglementation qui encadre les réunions et les manifestations publiques, le pouvoir en place avait mis en branle toute l’ingénierie de ses nombreux barbouzes afin d’empêcher l’organisation paisible de la Convention Sous le commandement opérationnel de monsieur le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation de l’époque, deux Sous-préfets de Yaoundé en particulier vont s’atteler à dévoyer l’administration et la police afin d’empêcher le lancement de notre parti.
Pour la petite histoire, ces deux autorités administratives ont été promues aux fonctions de Préfet, l’un dans le Haut-Nkam, à Bafang, et l’autre à Baham dans Hauts-Plateaux, à la suite de leurs provocations et entraves abusives au lancement du MRC.
La participation au double scrutin des 29 et 30 septembre 2013 qui a modifié le paysage politique national
Esquivant provocations, menaces de déstabilisation diverses et campagnes de diabolisation, sept mois après son lancement, le MRC prend part au double scrutin du 29 septembre 2013, dans une petite dizaine de circonscriptions, alors que le pays compte 58 départements et 360 communes. Malgré les fraudes sauvages et barbares du pouvoir, le MRC a obtenu un poste de député dans la circonscription électorale de Wouri-Est, remporté de haute lutte par l’Honorable Lazare SOUB (que je vous demande d’applaudir!), dix-neuf sièges de conseillers municipaux dans les Arrondissements de Bafoussam 1er, de Douala 1er, Douala IIIe, Douala IVe et Douala Ve. A l’issue de ce double scrutin, notre parti s’est classé quatrième parti politique du pays en termes de nombre d’électeurs recueillis. A titre d’illustration de la sympathie rencontrée par notre parti, dans le Mfoundi, siège des institutions de l’Etat, le MRC a recueilli près de 100 mille voix sur environ de 350 mille dans la ville de Yaoundé! Dans d’autres localités comme Monatélé, Deuk, Yokadouma etc.., déjouant les pronostiques des pseudos analystes qui maladroitement voulaient lui enfiler de force une camisole tribale et élitiste, notre parti a reçu un accueil électoral plus qu’encourageant et surtout affirmé d’emblée sa dimension nationale.
La mobilisation générale en faveur du MRC, qui avait été raillé et moqué dans les salons feutrés et dans de nombreux journaux, sur les antennes des radios et les plateaux de télévision, a surpris nos adversaires politiques et leurs relais dans l’espace public, mais pas nos courageux militants et sympathisants. Ainsi, dans un pays transformé par la gestion inconséquente de monsieur Paul BIYA, porté par le RDPC et ses alliés du gouvernement, en un véritable champ de ruine sociale et économique, le MRC est apparu aux yeux des Camerounais, au sortir de ce double scrutin où il testait son offre politique, comme le « Souffle de l’espoir » de la scène politique camerounaise.
Naturellement, l’accueil électoral et la sympathie engrangés par notre parti ont conforté nos ambitions de gouverner le Cameroun. Alors qu’avant ces échéances le régime redoutait notre détermination à gouverner, il avait désormais la preuve que cette détermination rencontrait une adhésion populaire nationale.
Lors du double scrutin du 30 septembre 2013, le MRC, qui avait aligné des candidats dans un petit nombre de circonscriptions, n’ambitionnait nullement de battre le RDPC qui, lui, avait des candidats dans toutes les circonscriptions du pays. Comme tout parti politique sérieux, notre parti a néanmoins fait une analyse-évaluation de sa participation, du déroulement des élections et de l’application du Code électoral par ELECAM. A l’issue de ce travail complet d’analyse-évaluation, un rapport général sur ces élections, documenté de faux procès verbaux et autres pièces attestant des fraudes massives et autres irrégularités constatées, a été dressé. Ce rapport dénonçait notamment les manquements graves d’ELECAM, la partialité outrancière de certains de ses personnels, les votes dans les milieux non ouverts au public tels les casernes, les services de police, les bureaux de vote dans les domiciles privés, l’absence organisé des bulletins de vote du MRC dans certains bureaux de vote, les intimidations des scrutateurs du MRC par les autorités administratives, les éléments de la police voire de l’armée, l’achat des votes, etc. Notre parti mettait en garde le régime et les lobbies internationaux qui le soutiennent contre la volonté et l’intérêt des Camerounais, sur la bombe à retardement que constituaient pour la sécurité du pays les fraudes électorales à répétition. Des fraudes si souvent tolérées par la Communauté internationale, sous le très diplomatique prétexte de la préservation de la stabilité du Cameroun et de l’Afrique centrale.
A la suite de ce scrutin, j’ai ensuite donné une conférence de presse au siège du parti au cours de laquelle les conclusions de ce rapport ont été rendu public avec une ferme mise en garde en direction du pouvoir sur le fait que le MRC, ses militants et sympathisants, et plus généralement les Camerounais avec ou sans affiliation partisane, ne toléreront plus les fraudes sauvages du régime qui faussent leur volonté exprimée pacifiquement dans les urnes.
Ce rapport a ensuite été transmis, par un moyen laissant trace, au Président de la République, au Premier Ministre, Chef du Gouvernement, au Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, au Ministre de la Justice, au Délégué Général à la Sécurité Nationale (DGSN), au Conseil Électoral et à la Direction Générale d’ELECAM, aux observateurs institutionnels et aux missions diplomatiques présentes à Yaoundé. Puis, afin de réaffirmer son caractère républicain, le MRC a déposé une proposition de lois portant réforme du Code électoral à l’Assemblée Nationale. S’en est suivi une campagne de sensibilisation nationale pour une réforme consensuelle dudit Code, y compris d’ELECAM. En guise de réponse, le pouvoir a cru devoir m’intimider, et travers moi les militants et sympathisants que vous êtres, mais également les Camerounais. J’ai été convoqué de façon cavalière par Monsieur le Délégué Général à la Sûreté Nationale pour m’entendre dire qu’en exprimant le refus de nos militants et Camerounais en général de voir leur vote volé par le régime RDPC je faisais un appel à l’insurrection et que cela constituait une menace à la sécurité de l’État. Bien évidement j’ai réfuté énergiquement ce raccourci et lui ai réitéré que lors des municipales, législatives et présidentielles à venir, nous, peuple du Cameroun fatigués par la tricherie du pouvoir-RDPC, nous battrons pacifiquement, mais de manière résolue et acharnée, y compris contre les forces de sécurité si elles soutiennent comme souvent des résultats arrangés en faveur de monsieur BIYA et de son parti, afin que les résultats électoraux qui seront prononcés reflètent, pour une fois depuis 1992, le vote des électeurs. Afin que lui et le régime saisissent bien notre détermination qui n’est pas incompatible avec notre fair play politique, je lui précisais que vous, militants et sympathisants du MRC, étiez prêts à féliciter et souhaiter bonne chance par ma modeste voix, au lendemain du prochain scrutin présidentiel, à monsieur Paul BIYA ou à tout autre candidat du RDPC ou non, à condition que celui-ci soit élu dans la transparence, l’honnêteté et le respect des règles démocratiques.
Après le double scrutin de 2013, très instructif sur notre système électoral et les pratiques de certaines autorités administratives, policières, militaires et judiciaire, notre parti a immédiatement repris le travaille d’implantation nationale. Il s’est également lancé dans la sensibilisation des Camerounais pour l’inscription sur les listes électorales, la sensibilisation de l’opinion nationale et internationale sur la nécessité de la réforme consensuelle du Code électorale, y compris d’ELECAM. Il s’est attelé également à une relecture de nos statuts.
L’implantation nationale du parti
A propos du chantier de l’implantation du parti, permettez-moi de vous adresser mes chaleureuses félicitations. Félicitations ! Pour l’ampleur du travail accompli, tel que l’atteste la diversité de nos origines dans cette salle aujourd’hui.
Militantes, militants et chers Délégués venus de Kousseri, de Tokombéré, de Koza, de Moulvouday, de Maroua, du Grand Karay, de Mayo Oulo, de Guider, de pitoa, de Garoua, de Mayo Rey, de N’gaoundéré, de Garoua Boulaye, de Yokadouma, de Bertoua, d’Abong Bang, d’Awae, d’Esse, de Soa, de Monatélé, de Saa, d’Evodoula, d’Eséka, d’Obala, de Deuk, de Bafia, de Makenene, Baganté, de Bafoussam, de Foumban, de Dschang, de Penka Michel, de Mbouda, de Bafang, de Baham, d’Ebolawa, de Mvengue, de Fifinda, de Djoum, de Meyomessala, de Nkolandom, de Mefak, d’Ambam, de Kyé –Ossi, de Lolodorf, de Sangmélima, de Buea, de Tiko, de Koumba, de Muyuka, de Bamenda, de Fonfuka, de Santa, de Wum, de Nkongsamba, d’Edéa, de Nkondjock, de Yabassi, de Douala, etc. et de la diaspora, nous sommes le Cameroun ! une Nation une Nation unie dans sa riche diversité.
C’est aussi l’occasion de féliciter tout particulièrement les responsables des structures de base du parti. Comme je n’ai cessé de dire, le MRC c’est sa base, ses militants et sympathisants engagés comme des missionnaires de la bonne parole. Notre force vient de vous, vous qui êtes de véritables héros du quotidien, petite armée de fourmis qui assurez l’implantation effective et le développement de notre parti, parfois en payant le prix fort et toujours en résistant courageusement aux intimidations, voire aux menaces publiques de mort de certaines élites du RDPC dans les régions, les villes et villages du pays. Vous avez réussi en quelques années, grâce à un travail acharné, un pari qui a été osé et paraissait intenable au départ: vous avez réussi le pari prodigieux de donner une assise véritablement nationale à notre parti, en dépit des railleries, des moqueries, des provocations nombreuses et diverses. Je vous en remercie du fond du cœur.
Aux membres du Directoire dont le soutien ne m’a jamais fait défaut pendant les moments de tempête, je tiens à dire toute ma reconnaissance pour les appuis multiformes apportés aux camarades sur le terrain de l’implantation.
La diaspora a pour sa part démontré, par ses contributions financières et matérielles à certaines fédérations communales, que notre parti ne s’était pas trompé lors de sa création en considérant qu’elle constitue un de ses principaux piliers ainsi que celui du développement de notre pays que le MRC se bat pour réaliser au cours des prochaines années.
Comment évoquer l’extraordinaire travail d’implantation de notre parti sans avoir une pensée forte pour la famille et les enfants de notre feu camarade, Thomas YEMAFOU, dit Père THOM, mort des suites d’un accident de la circulation alors que lui et quatre de ses camarades avaient été obligés de prendre précipitamment la route de Bertoua. Dans sa stratégie d’endiguement et d’entrave de l’implantation nationale de notre parti, le pouvoir, par le biais du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation avait mobilisé toutes sortes de subterfuges administratifs et d’arguties juridiques pour empêcher la tenue, à Bertoua, d’un meeting pourtant régulièrement déclaré, et dans les délais requis par la loi. Après la saisine du tribunal administratif de Bertoua, évitant de se prononcer un jugement contraire au souhait du pouvoir avant la date projetée du meeting, madame la présidente du tribunal s’était lancée dans une ingénieuse manœuvre judiciaire consistant à demander après chaque preuve prouvant l’identité du requérant, une autre établissant l’authenticité de la preuve produite. C’est dans ce jeu cynique, dévoilant l’incapacité de certains fonctionnaires, à servir la République et non les individus, que Père THOM qui se rendait d’urgence à Bertoua avec ses camarades pour produire un document juridiquement inutile pour une bonne décision de justice, a trouvé la mort dans un accident de la route, à Ayos. Alors qu’il était dans un état désespéré dans son lit d’hôpital et que nous étions à ses côtés, il nous a demandé, devant toute sa famille réunie, de retourner nous battre pour non seulement tenir la réunion de Bertoua, mais pour délivrer notre peuple de la dictature qui le tient en otage depuis plus de trente ans. Ce message résonne encore aujourd’hui dans nos têtes. En mémoire du sacrifice de Père THOM, chers camarades, nous devons lutter de toutes nos forces pour qu’advienne enfin l’alternance au sommet de notre pays. Nous voulons et nous travaillons afin que cette alternance soit pacifique et démocratique. Ceux qui travaillent en sens contraire assumeront seuls l’entière responsabilité de tout désordre ou crise grave dans le pays.
Pour terminer avec l’implantation de notre parti, permettez-moi de vous rappeler que nous sommes à quelques mois seulement des élections attendues, même si, contrairement aux pratiques des sociétés démocratiques seul le Président de la République connaît les dates certaines de leur déroulement. Aussi, à peine descendus des véhicules qui vont vous ramener dans vos régions, départements, communes, villages et quartiers respectifs, vous devez jeter vos dernières forces dans la bataille de l’implantation de notre parti. Ne l’oubliez pas : le gouvernement a multiplié les bureaux de vote dans l’espoir que nous n’aurons pas assez de militants et de scrutateurs et de moyens financiers pour couvrir la totalité de ces bureaux. Il faudra qu’il réalise à travers notre présence partout, dans les recoins les plus reculés qu’ils ont fait un mauvais calcul. Le pays compte aujourd’hui environ 25000 bureaux de votes, et peut-être qu’il y en aura plus. Pour espérer gagner les élections nous devons placer au moins 50.000 scrutateurs dans ces 25000 bureaux de vote.
Ces 50.000 scrutateurs formés pour Voter, Surveiller et Défendre le vote, si nécessaire, c’est vous qui devez les identifier lors du travail d’implantation du parti. Ils doivent avoir une conscience politique élevée et des convictions solides, la détermination à ne plus subir le triste sort qu’imposent aux Camerounais le régime RDPC et leurs alliés, uniquement intéressés par leurs intérêts égoïstes. Nos scrutateurs devront faire montre, dis-je, de leur engagement à refuser que ceux qui gouvernent le pays les transforment en mendiants à qui ont jette avec mépris quelques morceaux de poissons et quelques grammes de riz, parfois sans sauce, quelques bouteilles de bières ou de vin rouge coupé à l’alcool frelaté; ils devront affirmer leur volonté inébranlable de prendre enfin leur destin en main, par leur engagement à être des soldats du respect de la Constitution et des lois de la République.
Chers Délégués à la Convention, mes chers amis, nous n’avons plus de temps à perdre ! Votre mission est titanesque, mais vous avez déjà prouvé que vous pouvez soulever les montagnes dès lors qu’il s’agit de l’intérêt de notre cher et beau pays.
La campagne de sensibilisation pour les inscriptions sur les listes électorales débutée dès la création du parti en 2012
S’agissant de notre campagne d’inscription sur les listes électorales, elle a débuté avant le double scrutin du 30 septembre 2013 et a été interrompue par ledit scrutin. Il a repris immédiatement après les élections et s’est étendue sur l’ensemble du territoire avec quelquefois des difficultés, en raison de la vétusté ou de la pénurie du matériel d’ELECAM, des conditions de travail peu reluisantes de ses équipes que la disponibilité remarquable a parfois fait oublier. Aux camarades qui se sont impliqués dans ce travail essentiel pour la victoire de demain, je voudrais ici dire merci et encourager tous les camarades à s’y investir dans le temps qui nous reste avant la convocation du corps électoral. C’est aussi l’occasion de me réjouir de constater que nos campagnes d’inscription sur les listes électorales ont inspiré certains politiciens.
La réforme consensuelle du Code électoral et la réforme d’ELECAM
Sur la réforme consensuelle du Code électoral, y compris d’ELECAM, notre parti tient à éviter que les fraudes du régime RDPC ne plongent le pays dans une grave crise postélectorale aux conséquences désastreuses. Notre pays est déjà miné par un profond malaise social, le désespoir de la jeunesse en proie au désœuvrement et à un chômage chronique, agressé au quotidien par l’opulence arrogante des quelques individus qui mènent grand train parce qu’ils tiennent le pouvoir. Cette jeunesse désabusée a fini par se laisser gagner par le sentiment terrible et profondément regrettable de l’inutilité de la politique et du vote.
Pour ce qui est de la campagne de modification consensuelle du Code électorale, bien que nous ayons déposé, par l’intermédiaire de notre député, une proposition de loi depuis à l’Assemblée nationale depuis quatre ans, en violation manifeste de son règlement intérieur de l’Assemblée ne l’a jamais examiné même à la toute première étape de la procédure législative qui est celle de la conférence des présidents des commissions. Plus grave, certains de nos camarades ont été molestés et torturés simplement parce qu’ils tentaient de sensibiliser pacifiquement des élus sur cette question qui relève pourtant du Parlement et revêt un intérêt national, et donc non partisan. Le MRC a saisi par écrit les partis politiques afin qu’une action commune soit menée pour faire comprendre au pouvoir l’urgence de cette réforme consensuelle du Code électoral, y compris la composition d’ELECAM. Mais curieusement, ces partis n’ont même pas jugé utile d’accuser réception, même par simple courtoisie républicaine, de notre correspondance, certains d’entre eux préférant aller de plateau de télévision en plateau de télévision clamer que le MRC ne veut pas se joindre à eux.
Sur la non participation à l’élection sénatoriale de mars 2018
Certains se sont interrogés, y compris dans les rangs de notre parti, sur la non-participation du MRC aux élections sénatoriales. Il est vrai qu’à la suite de la manipulation constitutionnelle de 2008 qui a conduit au scrutin sénatorial de mars 2013, de nouvelles élections sénatoriales devaient se tenir en mars de cette année. Toutefois, il y avait lieu de corriger le vice originel qui a entaché la naissance du Sénat dans notre pays en en faisant une Chambre qui représente les Communes et non pas les Régions comme le prévoit la Constitution. De plus, dans le contexte de guerre civile où sont plongées les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du fait du durcissement du pouvoir, et surtout la rupture de confiance entre les populations et les élites politiques dans ces régions, il était urgent de créer les conditions de la légitimité des futurs sénateurs. Au lieu de se livrer à son jeu favori de la manipulation politicienne de la Constitution et des institutions républicaines, le pouvoir aurait dû, s’il avait le moindre sens démocratique et de la légitimité des institutions électives qu’il a capturé, anticiper de quelques mois les élections municipales et législatives, et organiser les élections régionales, avant d’organiser les sénatoriales; ce d’autant plus que dans son message de fin d’année 2017, le Président de la République affirmait vouloir enfin accélérer la décentralisation, afin que les élections sénatoriales se tiennent avec un corps électoral politiquement complet et qu’enfin le Sénat représente effectivement les Régions.
Le corps électoral pour les élections sénatoriales étant réduit aux conseillers municipaux issus du scrutin du 30 septembre 2013 qui avait vu le RDPC être proclamé vainqueur dans près de 300 communes sur 360, le MRC, qui dans cette élection où il n’avait pu présenter des listes que dans un petit nombre de circonscriptions en raison de son très jeune âge, ne s’était vu attribuer que dix neuf conseillers municipaux – même s’il avait gagné beaucoup plus – ne pouvait raisonnablement participer aux sénatoriales de mars 2018 perdues d’avance.
Le MRC est un parti sérieux qui, dès son lancement, a décidé de se tenir à l’écart de la politique des petits arrangements habituels qui ont fait tant de mal aux Camerounais depuis le lendemain des premières élections véritablement compétitives de 1992. Au MRC, les élections ne sont pas perçues comme un jeu dans lequel les partis peuvent se lancer dans le seul but de percevoir le financement public ou de mendier la charité politique au RDPC ! Seuls savent pourquoi ils sont allés à ces élections sénatoriales de mars dernier, des partis qui n’ont pas de conseillers municipaux ou qui ne comptent que deux ou trois conseillers municipaux dans une région entière. Il est étonnant que les analystes politiques attitrés, si incisifs contre le MRC, ne les aient pas appelés à expliquer la nouvelle logique mathématique qui permettrait qu’un parti qui a zéro électeur puisse gagner une élection où la victoire exige une majorité de plus de 500 voix ! Il est permis de penser que, outre la quête du financement public, certains partis ont participé à ce scrutin largement perdu d’avance pour eux, même sans fraudes, afin de prendre rendez-vous pour les trente places que le Président de la République leur distribuera en fonction de son humeur, ou peut être des services rendus pour son maintien au pouvoir.
L’état général du pays
Chers conventionnels, mes chers amis,
La situation générale du pays n’a jamais été aussi préoccupante qu’au cours du septennat qui s’achève.
Sécurité : quand le président BIYA vendait l’illusion de paix aux Camerounais
Sur le plan de la sécurité, le président Paul BIYA a hérité de son prédécesseur Ahmadou AHIDJO, en novembre 1982, d’un pays apaisé, stable et prospère, dans lequel, après des années de luttes nationalistes sanglantes, l’on s’était désormais tourné vers un développement global induisant l’élévation du standard de vie des populations. En trente-cinq ans de pouvoir, monsieur BIYA, le RDPC et son régime ont, par leur gestion irresponsable et inconséquente, déconstruit tous les acquis d’hier, notamment l’unité nationale et le vivre-ensemble. Ils ont transformé le pays en un foyer d’insécurité chronique, de tribalisme et de haine ethnique assumés. Ils ont passé plus de trois décennies à vendre aux Camerounais la paix, dont ils n’étaient du reste pas les artisans. Ils n’ont plus rien à offrir maintenant qu’ils ont plongé le pays dans la guerre civile, après avoir décidé de mener contre Boko Haram une guerre qui n’était pas celle du Cameroun. Il est désormais clair pour chaque citoyen camerounais que ce ne sont pas ce président et son régime qui peuvent préserver l’unité du pays et la concorde nationale. Comme pour la plupart de ses déclarations, notamment la « rigueur et la moralisation », le président BIYA a parlé d’ « intégration nationale » sans foi. Le pays est plus que jamais divisé et la défense de son intégrité territoriale est même passée ces dernières années par la sollicitation des forces armées d’un pays voisin. On ne pouvait abaisser plus bas une Nation qui fut le phare de l’Afrique centrale et qui est désormais condamnée à regarder avec nostalgie sa gloire passée. Les responsables de ce drame national existent et le peuple camerounais ne doit ni l’oublier, ni accepter qu’ils se réfugient derrière l’inacceptable formule: « On est tous responsable ».
La lutte contre Boko Haram
Les militants et sympathisants du MRC resteront à jamais reconnaissants des sacrifices consentis par nos braves forces de défense et nos courageuses populations de l’Extrême-Nord pour que la République reste debout face aux terroristes de la secte Boko Haram. Ces sacrifices et souffrances (de nos soldats et de nos populations) sont, faut-il le rappeler, la conséquence dramatique de la faute politique grave du pouvoir qui, depuis trente-cinq ans, a choisi d’abandonner à la merci des prédateurs divers, des parties entières du territoire national et des populations qui y vivent. Occupé à se protéger du peuple, le régime de monsieur BIYA a, en effet, oublié que le pays avait des frontières qu’il faut protéger.
Préférant la corruption politique à la gestion clairvoyante et responsable de la partie septentrionale du pays, il a tout misé sur une élite à sa solde. Cette élite RDPC qui s’est spécialisée dans la fabrication des résultats électoraux sans rapport avec la réalité politique locale, use et abuse de diverses formes de terreur pour soumettre les populations de ces zones du pays. Avec son soutien, le président BIYA a patiemment et cyniquement construit le terreau de l’insécurité que les terroristes de Boko Haram n’ont eu qu’à exploiter.
Aux braves populations de la partie septentrionale du pays, où la sècheresse ruine les efforts de nos courageuses populations et où la famine menace près de trois millions de nos compatriotes, particulièrement celles sinistrées de l’Extrême-Nord ; aux soldats qui, au prix de leur vie, ont jusqu’ici préservé l’intégrité du territoire national face à ces barbares des temps modernes, le MRC et moi-même exprimons notre reconnaissance éternelle, notre solidarité et nos encouragements renouvelés !
La guerre civile voulue par le régime dans les régions anglophones
Alors que le pays n’avait pas encore définitivement mis hors d’état de nuire les terroristes de Boko Haram dans l’Extrême-Nord, la question anglophone, actée par le MRC dans sa Vision pour le Cameroun dès sa création en 2012, s’est bruyamment imposée à la vie publique nationale dès octobre-novembre 2016.
Le déni du Gouvernement suivi de son arrogance, du recours immodéré à la force, à la terreur judiciaire et aux opérations militaires punitives de masse avec à la clé des massacres de populations non armées, ont réussi à transformer les revendications sociales et politiques légitimes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en révolte contre le régime et finalement en guerre civile.
Je réitère ma condamnation et celle du MRC, sans réserve aucune, de tout projet de sécession du Cameroun. De même, je condamne la violence sous toutes ses formes : que ce soit la violence des forces de défense et de sécurité contre des populations non armées – quand bien même celles-ci exprimeraient des revendications politiques – ou la violence de membres des groupes sécessionnistes qui visent soit les soldats s’acquittant de leurs missions de garants de sécurité et de l’intégrité du territoire national, soit les populations et les leaders qui rejettent l’extrémisme.
Au MRC, on ne peut cependant s’empêcher de penser qu’un agenda politique se dissimule derrière la guerre civile que le président BIYA a finalement réussi à imposer au peuple camerounais, en dépit des conseils bienveillants et patriotiques que nous lui avons donnés publiquement, mais aussi informellement, de ceux de nombreux autres acteurs politiques nationaux, des pays amis du Cameroun et des organisations internationales diverses, notamment l’ONU. En effet, tout observateur attentif est pour le moins troublé par l’attitude essentiellement guerrière du président de la République et de son Gouvernement, dans une affaire purement politique qui, de surcroît, n’est en réalité que la conséquence de son refus obstiné et irresponsable de mettre en application la régionalisation inscrite dans la Constitution du 18 janvier 1996.
A un moment où l’armée nationale est déjà engagée sur le front de l’Extrême-Nord avec un coût humain, économique et financier éreintant pour le pays, où six des dix régions du pays sont fiscalement sinistrées, où le Cameroun est retourné au FMI et que s’ouvre en cette année 2018 une longue année électorale aux engagements financiers importants, on se demande pourquoi le président de la République peut faire basculer le pays dans la guerre civile si ce n’est parce qu’il a choisi la politique du chaos pour conserver le pouvoir, ou parce qu’il n’a plus la lucidité nécessaire pour gouverner le pays. Le résultat est ou sera le même dans les deux cas: un désastre pour le Cameroun.
Quel que soit ce que l’avenir proche nous apprendra sur cette volonté illogique du régime d’entretenir la guerre civile dans les deux régions anglophones de notre pays, le MRC réitère, une fois de plus, son rejet catégorique du glissement du calendrier électoral pour quelque motif que ce soit. Une guerre désirée, provoquée et entretenue par un régime qui redoute de défendre le bilan de trente-cinq ans de règne sans partage et d’errements face à un peuple désormais prêt à s’affranchir de la dictature, ne saurait en aucun cas être invoquée pour justifier un report total ou partiel des élections prévues en 2018.
Ceci dit, malgré les nombreuses vies de soldats et de civils inutilement sacrifiées et les souffrances atroces imposées aux paisibles populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest par la militarisation à outrance, les mesures de terreur administratives et la nomination de deux personnalités des régions anglophones responsables du déclenchement de la crise à la tête de ministère en dépit de tout bon sens politique, il est encore possible de sauver la paix. Pour cela, comme nous l’avons proposé au Gouvernement sans relâche, il est impératif et urgent d’envoyer une délégation de paix dans la zone anglophone pour essuyer les larmes des populations meurtries pour créer les conditions de désescalade de la violence et d’organiser un dialogue national sincère pour régler en profondeur la question anglophone. En même temps, il faut se pencher sur les réformes politiques, institutionnelles et électorales, rendues incontournables par l’état général du pays et le risque de crise généralisée que font peser sur lui les échéances électorales à venir du fait d’un Code électoral favorisant les fraudes massives et le hold-up des résultats.
J’ai fait des propositions détaillées pour l’organisation du dialogue demandée par tous pour résoudre la crise anglophone avec des chances de succès dans mon message de fin de l’année 2017. Il n’y a plus de temps à perdre, car il faut mettre un terme aux souffrances des populations prises entre le feu de l’armée et celui des sécessionnistes, obligées de se cacher comme des bêtes sauvages dans les forêts; il faut ramener nos compatriotes réfugiés dans des camps au Nigeria pour fuir les tueries te les ravages de leurs villages et de leurs biens. En choisissant une posture guerrière et une répression judiciaire sans discernement se traduisant par l’arrestation et l’emprisonnement de leaders modérés comme le Haut Magistrat AYAH Paul ABIDINE, l’avocat Me NKONGHO Felix AGBOR BALA, l’enseignant d’université Dr. FONTEM, aujourd’hui libérés, l’animateur Radio Mancho BIBIXI et de nombreux autres toujours en détention, le Gouvernement marginalise certains leaders modérés et pousse d’autres dans la la radicalité des sécessionnistes.
Je veux également adresser un message à ceux des Camerounais qui ont été forcé de prendre les armes contre leur Nation. Ils doivent comprendre que la voie choisie n’apportera jamais le résultat politique escompté car nul ne peut diviser notre peuple pour quelque raison que ce soit. Je les exhorte à déposer les armes et à revenir dans la logique des négociations pour une résolution en profondeur des problèmes politiques qu’ils ont posés dès le début de la crise.
Comme je le répète depuis le début la crise, et avant qu’elle ne soit transformée en guerre civile par le pouvoir, en raison de la perception et de la formulation du problème politique anglophone par le MRC dès sa création mais également, en raison de ma propre sensibilité à cette délicate question, je suis prêt à m’investir, aux côtés des autres Camerounais de bonne foi, pour trouver une solution politique acceptable et définitive à la situation qui prévaut actuellement.
C’est l’occasion pour moi de saluer le courage du député de Jakiri dans le Nord-ouest, l’Honorable Joseph WIRBA qui, en plein dans son rôle de représentant de la Nation, a porté le débat politique sur la crise anglophone dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le 22 novembre 2017, mais a, malheureusement, été traité tel un pestiféré tant par l’Assemblé nationale que par les leaders de son propre parti politique. Je suis convaincu que s’il a, à un moment, laissé penser qu’il comprenait les sécessionnistes, c’était davantage pour exprimer son dépit face à l’autisme du Gouvernement qu’il avait tenté en vain de sensibiliser sur la profondeur du mal être de nos populations des régions anglophones. En effet, s’il ne croyait pas à la République, il n’aurait pas porté le débat à l’Assemblé nationale. Le pouvoir corrupteur du RDPC a manœuvré pour le peindre en ennemi de la République. Il me semble que ce député de la Nation, proche des populations qu’il représente, devrait être pleinement associé à la recherche d’une solution durable à la crise anglophone.
Je dois également saluer ici l’engagement de l’Honorable Jean Michel NINTCHEU, député du Wouri-Est qui, le samedi 4 mars 2017, a lui aussi tenté courageusement de susciter le débat sur la crise anglophone, par une marche citoyenne projetée dans la ville de Douala, mais a été séquestré par les forces de police à son domicile.
L’inacceptable assassinat-noyade de Mgr Jean-Marie Benoît BALA et l’indifférence du président par rapport au drame d’Eséka
Des personnes sans foi ni loi ont plongé notre pays dans les profondeurs du drame avec l’assassinat-noyade de Mgr Jean-Marie Benoît BALA, évêque du diocèse de Bafia.
Lors de mon message à la Nation en décembre dernier, j’avais déjà évoqué ce crime odieux commis sur un homme de dieu qui choque notre conscience de citoyen mais dont surtout l’absence de volonté de l’État de retrouver les auteurs et les commanditaires révolte.
Camerounais, croyants, non croyants, musulmans, protestants et autres, nous devons demander des comptes au Gouvernement dans cette affaire où, une fois de plus, un authentique défi a été lancé à la république. Le pouvoir nous doit des explications sur cet assassinat-noyade !
Il nous doit aussi des explications sur le drame d’Eséka, survenu le 21 octobre 2016, dans lequel des familles entières restent encore sans nouvelles de leurs proches, morts ou disparus à cause des compromissions et de la corruption de ceux qui sont en charge de la gestion de l’État.
Dans ces deux affaires, comme dans plusieurs autres, l’indifférence du président BIYA et de son gouvernement n’est plus acceptable !
Un pays en ruine économique et social
Sur le plan économique et social, la situation du pays est, il faut le dire, désastreuse. Entre la fin de l’année 2016 et le début de l’année 2017, le Gouvernement a placé à nouveau notre pays sous le contrôle du Fonds Monétaire International (FMI). Malgré diverses dénégations, si l’économie camerounaise n’est pas encore techniquement entrée en récession, l’État quant à lui est menacé de faillite. Il s’agit d’un retour à la case départ : on se souvient que cinq ans seulement après l’accession au pouvoir du président BIYA, il s’était tourné vers le FMI alors qu’il venait d’hériter d’un pays prospère, aux finances saines et abondantes. Les Camerounais ont consenti plus de 20 ans de sacrifice pour sortir de l’ajustement structurel. Mais à peine sorti d’un tunnel dont on leur avait annoncé le bout pendant plusieurs années, le Gouvernement est retombé dans la gabegie, un endettement massif pour financer des projets mal étudiés, surfacturés et à l’efficience douteuse. A cela s’ajoutent des errements de politique économique. Et le même président BIYA a placé une deuxième fois le Cameroun sous la tutelle financière du FMI. La boucle est donc bouclée. Un tel échec dans la gestion de l’économie est rare sous un même président de la République.
La conclusion d’une analyse objective de la politique et de la conduite économiques de ce régime est désormais une évidence partagée : le slogan « Émergence en 2035 » est déjà mort de sa belle mort, parce que depuis le début, un tel objectif était hors de portée de ce Gouvernement qui n’a jamais atteint une seule fois en sept ans, le taux de croissance qu’il s’était fixé lui-même dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) censé nous mener à ce paradis. De fait, avec un taux de croissance d’environ 4% en 2017, inférieur à celui de 2016, dans une tendance durablement baissière, l’économie camerounaise piétine, tandis que la pauvreté et la précarité s’intensifient et se répandent. Le miroir aux alouettes des fameux « projets structurants », baptisés vaniteusement les « Grandes réalisations », a cessé de faire illusion. Engagés après trois décennies sans investissements du Renouveau dans les secteurs concernés, ils sont une collection d’échecs.
A titre d’illustration, le barrage de Mekin dont la conception a été ratée n’est toujours pas fonctionnel et on se demande d’ailleurs en quoi il est un projet structurant ; le barrage de Memve’ele, construit sans raccordement aux pôles de consommation, est perdu au milieu de nulle part et produira en tout état de cause une énergie hors de prix ; le Port en eau profonde de Kribi, un éléphant blanc estimé à quelques 800 milliards de FCFA n’est toujours pas opérationnel pour la partie dite « achevée », et sera surdimensionné lorsqu’il sera complètement terminé puisque prévu pour traiter 100 millions de tonnes alors que de grands ports africains comme Tanger-Med au Maroc et Abidjan en Côte d’Ivoire traitent respectivement 45 millions et 25 millions de tonnes ; la construction de l’autoroute Nsimalen-Yaoundé, sur une distance d’à peine 15 Km est à la peine ; quant à l’autoroute Yaoundé-Douala, elle est abandonnée : non seulement les 60 premiers kilomètres annoncés depuis des lustres ne sont pas achevés, mais ils commencent et se terminent au milieu de nulle part en pleine forêt. Bien plus grave, sa construction bat le record des prix, car elle coûte 7 milliards de FCFA par km alors que le km ne devrait pas dépasser les 2 milliards.
Parallèlement, sur le plan social, malgré la propagande gouvernementale, les principaux indicateurs du niveau de vie des Camerounais montrent une forte régression d’ensemble. Sur nos marchés…
Suivant les données de l’Institut National de la Statistique (INS), le régime actuel a produit environ 2.500.000 pauvres en plus depuis 1987. Le nombre total de pauvres atteint 8,1 millions de personnes, la région la plus touchée du pays étant l’Extrême-Nord où la pauvreté atteint 74% de la population. L’espérance de vie est en recul et est estimée à 56 ans. Le sous-emploi atteint 70% de la population en âge de travailler. Le secteur informel, avec une faible productivité, occupe près de 90% des travailleurs. Dans le domaine de la santé, notre pays enregistre environ 600 décès pour 100.000 naissances, alors que des pays moins nantis font nettement mieux : notamment 550 pour le Niger, 345 pour le Burkina Faso, 45 pour le Cap Vert. A peine 3 naissances sur 5 dans notre pays sont assistées par un personnel qualifié, alors qu’on en est à plus de 4 sur 5 dans la plupart des pays du monde. 2 camerounais sur 100 bénéficient d’une assurance maladie. Le nombre de personnes ayant un accès à une eau consommable est dérisoire : le nombre total d’abonnés à l’eau potable était de 500.000 en 2016, alors qu’il est de plus de 700.000 dans un pays comme le Sénégal qui a 1/3 moins de populations que le Cameroun. S’agissant du logement, le déficit est abyssal. On l’évalue à 1.500.000 unités, cependant que la Société immobilière du Cameroun (SIC) n’a produit que 14.000 logements en 65 ans, soit en moyenne 215 logements seulement par an.
Le président de la république a décidé de se faire plaisir en nourrissant l’ambition de s’offrir une Coupe d’Afrique des Nation (CAN) en 2019. En attendant que les Camerounais tranchent dans les urnes dans quelques mois sur qui de lui ou le candidat qui sera présenté par le MRC au scrutin présidentiel avenir présidera la finale de cette compétition, on ne peut résister à la tentation de céder à la colère. En effet, comment un gouvernement responsable, qui gère un pays dans lequel il y a des unités de production du ciment, du fer et où le sable est abondant et le nombre de jeunes gens en recherche d’emploi particulièrement élevé, peut-il décider de produire des barres de béton en Italie qu’il importe ensuite au Cameroun par des dizaines de bateaux et achemine du port de Douala vers les chantiers sur de camions escortés par des forces de sécurité en armes et en casques lourds ? Ce gouvernement est antipatriotique ! Il n’aime pas la jeunesse ! Il n’a aucun patriotisme économique ! Il n’aime simplement pas le Cameroun ! C’est pourtant aux jeunes d’aujourd’hui de rembourser les emprunts fantaisistes et inopportuns qui auront servi à donner du travail aux ouvriers de pays étrangers qui nous vendent ce que nos entreprises peuvent produire ici chez nous. Une base de production de béton précontraint a été construite dans les environs de Yaoundé. Elle n’aura servi à rien. Gaspillage sur gaspillage !
Face à ce tableau noir de la situation socio-économique, l’endettement compulsif du pouvoir n’est pas la solution. Les maux de l’économie camerounaise sont le manque de vision et la crise structurelle de la gouvernance publique. Cette crise a pour responsable principal le président de la république, Paul BIYA, qui refuse de prévenir et de réprimer efficacement la corruption et préfère instrumentaliser ce fléau à des fins politiques. Il pense, en vain, noyer sa responsabilité personnelle dans le développement de ce cancer socio-économique en arrêtant à tour de bras nombre de ses collaborateurs, mais selon des calculs politiciens.
Qui est celui qui, au lieu de demander aux services compétents de l’Etat de mener les investigations nécessaires, demanda en 1986 les preuves aux Camerounais, alors qu’un journaliste connu lui relayait en direct, sur le plateau de la télévision nationale CRTV, l’inquiétude de l’opinion sur l’ampleur des détournements publics dans le pays ? C’est le président Paul BIYA !
Qui est celui qui, en dépit de l’adoption de la loi d’application de l’article 66 de la Constitution sur la déclaration des biens, qui n’est pourtant pas la plus efficace des solutions possibles contre les détournements de deniers publics et des infractions annexes, refuse obstinément de mettre en application la loi ? C’est encore le président Paul BIYA !
Qui est celui qui s’est arrangé afin que la Commission nationale anti-Corruption (Conac), et l’Agence nationale d’investigation financière (Anif) ne puissent pas directement saisir les tribunaux ? C’est toujours le président Paul BIYA !
Qui est celui qui viole le principe de la séparation des pouvoirs pour piloter le rythme de la fameuse « Opération Épervier », au point de développer dans l’opinion le sentiment que celle-ci n’est finalement qu’un instrument politique ? C’est encore et toujours le président Paul BIYA !
Chers Conventionnels, chers Invités,
En tant que parti politique républicain ayant résolument choisi l’option de l’alternance par les urnes et dans la paix, le MRC ne peut en aucun cas approuver le recours à la force et aux armes pour la conquête du pouvoir, de même d’ailleurs qu’il ne peut se résigner face à un régime qui conserve le pouvoir par la terreur politique.
Cependant, plusieurs décennies après les observations des putschistes de 1984 sur la nature même du régime dit du Renouveau, on ne peut ne pas constater que le président Paul BIYA et son parti, le RDPC, ont méthodiquement œuvrer à valider l’analyse des putschistes. En effet, le régime s’est installé, comme le disaient les auteurs de la tentative de coup d’Etat manqué, dans la « tyrannie », l’ « escroquerie », et une « rapine incalculable »; le pouvoir a laissé prospérer une « politique criminelle […]contre l’unité nationale de notre cher pays ». Trente quatre ans après cet épisode malheureux de l’histoire politique de notre pays, on peut réitérer ci-après le constat des putschistes à propos de la situation peu reluisante de notre pays : « Son unité mise en péril, la paix interne troublée, sa prospérité économique compromise, la réputation nationale ternie. (…)La Constitution [est] ballottée au gré des considérations de la politique politicienne. Le gouvernement et ses agents propulsés à la tête des rouages de l’Etat, agiss[ent] avec comme pour seule devise non de servir la nation, mais de se servir. Oui, tout se pass[e] comme s’il fallait se remplir les poches le plus rapidement possible, avant qu’il ne soit trop tard. »
En effet, quel Camerounais ou observateur objectif peut, face au délitement moral de notre pays, à la gouvernance catastrophique du régime RDPC, au mépris de ce régime pour les lois, à l’institutionnalisation du tribalisme le plus primaire, à la situation sécuritaire dans les deux régions anglophones et dans la partie septentrionale pays, conséquence de l’insouciance politique du président de la république, ne pas reconnaître la pertinence du diagnostic des putschistes sur les premiers pas du régime du président BIYA , même si, je le répète, on désapprouve radicalement leur méthode sanglante de tentative de conquête du pouvoir ?
Face à ces échecs multisectoriels retentissants, qui mettent à nue l’incompétence du pouvoir et résonnent dans nos vies de tous les jours que quelles que soient notre tribu, notre classe sociale et notre religion, les Camerounais doivent se mettre debout ! Ils doivent se mettre debout car le pays est pris en otage depuis 35 ans, à coup de corruption politique, de terreur policière, de chantage administratif sur les fonctionnaires et de chantage fiscal sur les chefs d’entreprises du secteur privé ! Les Camerounais doivent se mettre debout en allant s’inscrire massivement sur les listes électorale d’ELECAM, en allant voter les jours de scrutins, en surveillant leurs votes et en défendant, si nécessaire, leurs résultats, par des moyens pacifiques, mais de manière avec déterminée, acharnés, si le régime le leur impose par ses fraudes habituelles ! Au MRC nous appelons cela la méthode IVSD de conquête républicaine du pouvoir : s’Inscrire sur les listes électorales, Voter, Surveiller, Défendre les résultats si nécessaire.
Les élections avec lesquelles nous allons changer le Cameroun
Les élections municipales, législatives et présidentielle sont annoncés, même si, comme je l’ai déploré tout à l’heure, seul le président du RDPC, c’est-à-dire notre adversaire politique, sait pour l’instant à quelles dates précises elles se tiendront. Cependant, je sais que vous êtes prêts, même si vous avez encore des détailles à peaufiner. Par ma voix, le MRC annonce aux Camerounais que vous avez décidé que pour la première fois depuis le retour du pluralisme dans notre pays, dans toutes les circonscriptions, aussi bien pour les élections municipales que pour les législatives, il alignera des candidats face à ceux du RDPC. Le RDPC n’ira plus jamais aux élections législatives dans ce pays avec par exemple quarante sièges de députés gagnés à l’avance simplement parce qu’il n’a pas eu d’adversaires dans certaines circonscriptions.
Vous devez expliquer autour de vous, aux Camerounais, et même aux compatriotes militants du parti au pouvoir, nombreux à être frustrés chaque fois qu’arrive la saison des élections et dont certains sont sincèrement démocrates, que nous n’avons aucun préjugé sur leur patriotisme ni sur leur volonté de servir véritablement leur pays. Vous devez leur dire qu’ils peuvent toujours prendre place à bord du train à grande vitesse en route pour Etoudi en vous rejoignant dès maintenant. Ils y seront accueillis par des patriotes républicains sincères et déterminés à redorer le blason de notre pays.
A ces compatriotes du RDPC et des autres partis politiques, à ceux qui n’ont même jamais appartenus à un parti politique, je voudrais dire, en effet, que le MRC est un parti républicain, ouvert, qui a une conception inclusive du pouvoir d’État; je voudrais les exhorter à dépasser les stéréotypes et les accusations mensongères savamment montés par un cabinet occulte contre notre parti pour prendre la main qui leur est ici tendue, afin qu’ensemble nous construisions un autre avenir pour nos enfants. Je vous exhorte à leur faire de la place dans vos rangs et sur vos listes électorales. Ce sont nos compatriotes, nos frères et sœurs ! Nous n’aimons pas le Cameroun plus qu’eux ! Nous l’aimons différemment et pouvons partager avec eux nos valeurs et notre vision pour notre pays. Nous avons besoin de tous les Camerounais, des expériences des uns et des autres, et même des leçons tirées des échecs, pour remettre notre pays debout.
La relecture et l’amendement de nos statuts
Chers Délégués à la Convention,
Tout parti politique démocratique doit réévaluer ses textes à l’épreuve de leur mise en application. Lors de la première Convention de notre parti, des statuts et un règlement intérieur avaient été adoptés. A la pratique, il est apparu que certaines dispositions de ces textes étaient difficiles voire impossibles à appliquer. Aussi, le Directoire National du parti a-t-il pris la résolution de leur relecture et de leur toilettage. Tous les militants, et même les sympathisants étaient conviés à lire puis à proposer des modifications sur les deux textes. Cet important chantier a été laborieux tant les uns et les autres étaient absorbés par le travail de terrain et les urgences du quotidien, mais il a finalement été réalisé.
Au cours de la présente Convention il vous sera donc soumis une mouture des Statuts et du Règlement Intérieur relus pour adoption. Je vous invite à y mettre le plus grand sérieux et surtout à participer activement aux débats précédant leur adoption.
La présidentielle 2018 et la candidature à la candidature au sein du MRC
Chers Camarades, mes chers Amis,
Selon nos statuts, le Président national de notre parti est le candidat de droit à l’élection présidentielle. Néanmoins, il y a plus de deux ans que j’ai soumis, en tant que Président national du parti, une résolution finalement adopté remettant ma candidature en compétition.
Pour moi, il était naturel que si une femme ou un homme doit porter les couleurs de notre parti à l’élection présidentielle, cette personne doit bénéficier du soutien politique des militants au-delà des dispositions statuaires. Il m’a semblé que l’organisation de primaires internes au parti pouvait procurer à notre candidat dans cette élection suprême et décisive pour l’avenir de notre pays, la légitimité interne et la confiance indispensable pour porter une si lourde responsabilité.
Autrement dit, voilà bientôt plus de trois ans que la course à la candidature pour être le candidat du MRC à la prochaine élection présidentielle est ouverte au sein de notre parti. La présente Convention doit se refermer avec le nom de la candidate ou du candidat qui portera notre maillot pour exécuter le penalty que le peuple camerounais attend depuis si longtemps face au RDPC.
J’ai l’honneur, pour ma part, de vous annoncer ma candidature à la candidature. Je souhaite être votre candidat à la prochaine élection présidentielle pour défendre avec vous notre vison, les valeurs que nous portons courageusement depuis cinq ans, et un projet de société moderne, innovant, précis et réaliste.
Pendant cinq années j’ai assumé la lourde charge que vous m’aviez confiée lors de la première Convention. J’ai travaillé avec votre appui à imposer notre parti dans le paysage politique camerounais, parmi plus de trois cents autres partis politiques. J’ai conduit notre parti au double scrutin des 29 et 30 septembre 2013, alors même que celui-ci n’avait que quelques mois d’existence, avec les résultats inédits que vous connaissez, et qui permettent non seulement d’être représenté à l’Assemblée nationale et des conseils municipaux, mais comme je l’ai dit, se classer quatrième parti du pays en termes de suffrages, loin, très loin devant de nombreux partis en activité depuis des décennies.
Malgré les divergences qui ne manquent jamais dans une famille, avec le Directoire national, j’ai recherché l’entente entre camarades et mes décisions ont toujours été guidées par l’intérêt supérieur de notre parti et uniquement par lui. Cela n’a pas souvent été facile, mais notre parti a réussi à garder son cap.
Sur la base de ces éléments, et sur mon engagement à œuvrer pour une plus large représentativité des femmes, des jeunes et des personnes handicapées dans les diverses instances de décision du parti, je soumets très humblement ma candidature à la Convention.
Par avance, je tiens à rassurer mes éventuels concurrents et camarades sur ma totale disponibilité à m’incliner devant la volonté librement exprimée des Conventionnels-électeurs et surtout mon engagement à servir en toute loyauté tout autre camarde qui serait élu (e) par cette Convention, car notre parti doit affronter le scrutin fort de son unité.
Chers Délégués à la Convention, mes chers Amis, permettez-moi de vous souhaiter de bons et fructueux travaux au cours de cette importante assemblée qui est l’instance suprême de notre parti. Je forme le vœu que le MRC reste soudé, tolérant entre ses membres et vis-à-vis des autres, et qu’y règne un patriotisme ardant et un esprit démocratique pour qu’advienne la Renaissance nationale.
Vive le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, le Souffle de l’Espoir!
Vive le Cameroun !
Palais des Congrès de Yaoundé, le 14 avril 2018.