Mes Chers compatriotes,
Les Camerounais de bonne foi, indépendamment des bords politiques ou de toutes autres sensibilités, les observateurs étrangers sérieux, les partenaires bilatéraux et multilatéraux véritablement soucieux du devenir du peuple camerounais et non de la survie d’un régime illégal et illégitime peuvent constater que notre pays n’est plus gouverné depuis un bon moment déjà. Le navire Cameroun est sans commandant de bord et vogue au gré des flots.
Du fait de cette triste réalité, notre pays est devenu un champ d’horreurs : attaques renouvelées de Boko Haram dans l’Extrême Nord, assassinat de sang-froid des femmes avec leurs bébés dans la même Région, massacre de Ngarbuh, assassinat d’un nourrisson à Muyuka, assassinat d’une cruauté inouïe de Florence AYAFOR, puis d’une jeune femme à Muyuka, etc., le tout sans une réponse adéquate de l’État.
La pandémie de la Covid-19 a fait des dizaines de morts et a traumatisé les populations sans que cela n’arrache la moindre compassion à M. Paul BIYA.
Comme avec la préparation foireuse de la CAN 2019, la gestion de cette pandémie, qui étrangle plusieurs secteurs de l’économie nationale dans l’indifférence du gouvernent, a, une fois de plus, étalé l’incurie managériale de son régime. Les scandales financiers qui entachent la gestion de cette pandémie confirme que le Cameroun est devenu une kleptocratie.
Et à ce tableau peu flatteur est venu s’ajouter, ces derniers temps, le spectacle burlesque d’acteurs éclectiques qui rappellent les organisations criminelles mafieuses.
Ce vaudeville ne peut faire rire, car il étale au grand jour l’effondrement du pays. Il n’y a plus d’État, il n’y a plus que des états d’âme.
La situation économique générale du pays montre que l’État est en quasi-faillite, en dépit des incantations officielles. Les personnels de l’État, les prestataires des services publics et les créanciers bilatéraux et multilatéraux de l’État subissent durement cette réalité que le régime tente vainement de dissimuler.
Le climat social est vicié par l’expansion de l’extrême pauvreté, le tribalisme d’État, le chômage de masse, l’institutionnalisation des injustices, le recours abusif à la violence d’État, l’arrogance et le mépris des responsables publics envers les citoyens.
Monsieur BIYA gouverne le Cameroun par le mépris et la terreur depuis près de quarante ans. Il a détourné le résultat du scrutin présidentiel du 7 octobre 2018 et a cru pouvoir obtenir sa reconnaissance en torturant et en jetant en prison des centaines de citoyens qui manifestaient pacifiquement contre ce hold-up électoral.
Mes chers compatriotes,
Dans mon APPEL À LA MOBILISATION GÉNÉRALE ET À LA VIGILANCE du 1er juin 2020, je vous invitais à vous tenir prêts, pour qu’ensemble et pacifiquement nous disions NON au régime illégal et illégitime de M. Paul BIYA, si jamais le processus conduisant au scrutin régional était lancé sans la réunion préalable des deux exigences suivantes :
– la résolution de la crise anglophone par la mise en place d’un cessez-le-feu et l’ouverture d’un vrai dialogue politique national inclusif ;
– la réforme consensuelle du système électoral actuel dont tout le monde reconnaît désormais qu’il garantit les fraudes électorales massives conduisant à la désignation des dirigeants illégitimes, et constitue dès lors la principale cause des tensions électorales et des crises post-électorales dans notre pays.
De toutes parts, on appelle à ce dialogue inclusif pour régler de façon durable le conflit armé qui empêche la tenue d’élections libres, participatives et transparentes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. De toutes parts, au Cameroun comme à l’extérieur, cette réforme consensuelle du système électoral est demandée, afin de conjurer le piteux spectacle offert au monde lors du scrutin présidentiel de 2018.
Au regard de cette situation, organiser des élections régionales ou toute autre élection politique dans ces conditions ne serait rien moins qu’un mépris supplémentaire des préoccupations constantes des Camerounais et des suggestions réitérées des partenaires internationaux de notre pays.
Aussi, j’annonce que toute convocation du corps électoral par le gouvernement illégal et illégitime de Yaoundé, avant la prise en compte et une mise en application effective des deux exigences rappelées ci-dessus, emportera AUTOMATIQUEMENT lancement d’une gigantesque campagne nationale d’APPEL AU DÉPART PUR ET SIMPLE DE M. PAUL BIYA DU POUVOIR, sans qu’il y ait besoin d’attendre une nouvelle communication à cet égard.
Le peuple camerounais n’entend plus être l’otage d’un homme et de son régime. M. Paul BIYA ne voit dans le pouvoir qu’une aubaine lui permettant de s’occuper de sa propre personne et d’une cohorte d’obligés sans foi ni loi.
Camerounaises, Camerounais,
Notre combat face à la dictature du régime en place s’achemine vers sa phase critique. Sachez que, malgré le caractère essentiellement pacifique de notre lutte pour la liberté et le développement de notre pays, le régime va, une fois de plus, recourir à la terreur et à la barbarie judiciaire.
C’est l’occasion pour moi de demander aux éléments des forces de sécurité et de défense, aux autorités administratives et judiciaires de comprendre que cette lutte qui oppose les défenseurs des libertés fondamentales, de l’État de droit, du progrès collectif et de la démocratie, à un régime obscurantiste, corrompu et incompétent qui méprise le peuple souverain, n’est pas engagée contre eux, ni contre aucun citoyen camerounais épris de justice et soucieux de l’avenir de notre pays et de sa jeunesse qui désespère. C’est notre devoir commun, le vôtre comme le nôtre, de donner à cette jeunesse une chance, et d’assurer au Cameroun le rayonnement international qu’il mérite.
Camerounaises, Camerounais,
Le devoir patriotique nous appelle. Nul ne devra manquer à cet appel. Nous devons faire preuve de détermination et de courage, tout comme nous devons faire preuve de discipline, de responsabilité et de solidarité dans cette dernière phase du combat pour la démocratie, le respect de la dignité humaine et le progrès partagé.
Comme je n’ai cessé de dire : Nous, nous voulons nous sortir de la dictature du régime qui étouffe notre pays par la lutte pacifique. Dans cette lutte décisive, la violence ne pourrait donc être que le fait de Monsieur Paul BIYA et de son régime, et ils en porteraient l’entière responsabilité.
Camerounais de l’intérieur et de la diaspora, tenez-vous prêts ! Nous ne devons plus accepter d’être l’objet de moqueries des autres Africains !
Si l’heure est arrivée, alors elle est arrivée !
Je ne vous trahirai pas !
Que Dieu bénisse le Cameroun !
Le Président Élu
Maurice KAMTO
Yaoundé le 24 août 2020