Programme de gouvernance de Maurice KAMTO

«Je vais marquer ce penalty historique; mon pied ne tremblera pas»

 
Camerounaises, Camerounais, Chers Compatriotes,
 
Au cours des cinq dernières années, j’ai sillonné patiemment le pays à votre rencontre pour mieux écouter, observer, comprendre et surtout apprendre de vous.
 
Cinq années à croiser la souffrance des jeunes en désarroi, sans qualification ou des diplômés sans emploi, une jeunesse camerounaise désoeuvrée, et sans avenir. Ils n’ont plus comme alternative que celle de braver le désert du Sahara et la mer Méditerranée au risque certain d’y laisser leurs vies et d’anéantir l’espoir infini de leurs parents.
 
Cinq années à rencontrer de femmes courageuses, dotées d’une capacité insoupçonnée de créativité et dont l’endurance face aux épreuves de la vie continue de forcer mon admiration; elles souffrent mais ne baissent jamais les bras.
 
Cinq années à lire sur les visages de fiers parents, inquiétude et désespoir de devoir affronter quotidiennement l’accumulation des charges multiformes qu’engendre un système éducatif en pleine déliquescence, un système de santé qui donne plus la mort que la vie, une insécurité toujours grandissante et pour couronner le tout, un chemin du Calvaire pour percevoir une maigre pension de retraite toujours aussi rare, malgré une carrière professionnelle longue et difficile.
 
En somme, j´ai parcouru à nouveau le Cameroun, mon pays, notre pays, le Cameroun des villes comme le Cameroun profond, celui des villages sans une goutte d’eau potable et sans une lueur d’électricité. Je me suis souvent fondu dans la population des couches les plus modestes et ai touché du doigt son extrême souffrance, le poids de l’injustice sociale et de la pauvreté abjecte dont elle est victime. Il s’agit d’un pays dévasté qui 60 ans après son indépendance, va mal, vit très mal et ne trouve pas sa voie.
 
Mais, mon périple dans le Cameroun profond m’a aussi permis de constater que malgré cette situation dramatique, la plupart des Camerounaises et des Camerounais restent confiants en l’avenir. Ils m’ont inspiré la force et l’endurance dans le combat pour le changement. Le Cameroun dont ils rêvent, c’est un Cameroun uni et fort dans sa riche diversité, un Cameroun rassemblé, apaisé à la prospérité partagée; un pays rendu à ces femmes et hommes d’une grande dignité, qui ont l’ardeur au travail, la soif de justice et l’amour de la patrie en partage.
 
Pour offrir cette alternative à notre pays, nous ne pouvons faire l’économie d’une interrogation sur les raisons qui ont plongé le Cameroun dans le désastre actuel.
 
Nous en sommes arrivés là parce qu’une poignée de compatriotes égoïstes, désintéressés par le sort des Camerounais et l’avenir du pays, ont transformé un pays de paix et de stabilité en un pays d’incertitude miné par une sale guerre où des Camerounais tuent d’autres Camerounais; ils font fortune sur l’infortune de nos frères et sœurs des régions anglophones et n’ont donc aucun intérêt à régler la grave crise qui secoue ces régions.
 
Le modèle de développement que nous connaissons depuis des décennies ne peut arrêter la fracture qui existe aujourd’hui entre quelques nantis vivant essentiellement en milieu urbain et la masse écrasante des gagne-petit et des sans emploi, ceux-là qui se lèvent très tôt et se couchent très tard, mais n’arrivent cependant pas à joindre les deux bouts.
 
La gouvernance actuelle a cassé les sociétés coopératives prospères des années 1970- 80, détruit le tissu social et industriel hérité du début de la construction d’un État camerounais moderne, pour mettre en place un système de rente dont jouissent les membres d’un petit cercle qui font main basse sur tout.
 
Notre modèle économique ne crée plus les emplois et les richesses suffisantes pour son développement, car il n’est pas assez productif. Nos richesses profitent à une toute petite minorité qui mène un train de vie fastueux que pourraient leur envier des personnes fortunées des pays développés. En conséquence, ils entraînent le pays tout entier à vivre au-dessus de ses moyens, et pour se faire, à se lancer dans un endettement déraisonnable. Ainsi, le pays vit à crédit et surcharge les générations futures du fardeau d’une dette qui ne cesse de grossir.
 
Notre modèle de société a exacerbé le tribalisme, le népotisme, le clientélisme, la corruption et la patrimonialisation des positions et des ressources de l´État. Ceci doit changer. Je vous propose un futur qui donnera à tous nos enfants des chances égales et une meilleure vie que nous. Le chemin est considérable, le défi gigantesque et complexe au regard du désastre causé par près de quarante ans de politique sans vision et sans ambition pour le pays, de gabegie et de régression nationale. Mais je me suis mis à la tâche avec la confiance absolue de celui qui sait qu’il n’œuvre pas seul, car ensemble, avec détermination et persévérance, nous gagnerons la bataille du développement de notre pays.
 
C’est fort de cette conviction que nous venons provoquer le changement, afin de créer les conditions de la renaissance nationale et d’engager avec vous la modernisation de notre pays. Cette modernisation est organisée en cinq grands chantiers.

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