09
Fév 2023

Chers jeunes compatriotes,

Permettez-moi exceptionnellement de ne pas vous souhaiter bonne fête à l’occasion de cette 57e édition de la Fête de la Jeunesse ! J’éprouve un grand malaise à le faire, car je sais et vois vos souffrances et votre désespoir qui grandissent année après année.

Cette 57e édition a pour thème : « Jeunesse, réarmement moral, civique et entrepreneurial, gage de discipline pour l’édification d’un Cameroun uni et prospère ». On aurait pu y voir un programme alléchant et mobilisateur si on n’était pas persuadé qu’il s’agit d’une énième moquerie d’un régime rompu à la manipulation diabolique. Cette édition de cette fête, qui fut conçue pour inciter notre jeunesse à se tourner vers l’avenir au lieu de patauger dans le souvenir douloureux de l’amputation territoriale de 1961 qui vit le Cameroun septentrional être rattaché au Nigeria, se célèbre dans un pays plongé dans une profonde déliquescence morale.

En effet, cette 57e édition de la Fête de la Jeunesse coïncide avec un crime d’État, l’assassinat crapuleux de MARTINEZ ZOGO, suivi de celui du Révérend Jean Jacques OLA BÉBÉ. Ces crimes odieux, sont en lien avec les dénonciations citoyennes et républicaines des gangs de type mafieux qui se sont emparés de l’État au grand jour et de manière arrogante, comme l’illustre les détournements scandaleux des fonds publics alloués à l’organisation de la CAN 2019/2022, à la protection des Camerounais contre la Covid-19, la gestion révoltante du fameux chapitre 94, et des lignes  65 et 57 du Budget de l’État avec la participation active de ceux qui sont censés protéger la fortune publique et assurer la sécurité du peuple. Dans ce contexte, quel crédit peut-on accorder à un projet de « réarmement moral, civique » de la jeunesse conduit par un gouvernement qui est responsable du délitement moral de la société, y compris la perversion des mœurs, et a pour seul mode d’action l’incantation ?

Le leg moral de 40 ans de règne du RDPC et ses alliés et satellites est tout simplement désastreux. Le long du long chemin chaotique du Renouveau, notre jeunesse a été et reste désorientée par divers maux, notamment : le chômage de masse dans un pays où le gouvernement a préféré importer des matériaux en béton préfabriqués pour la construction des stades de football de la CAN 2019/2022 ; la propagation de l’usage des stupéfiants dans la société, y compris en milieu scolaire où, selon  les données du Comité national de lutte contre la drogue (CNLD), en juin 2022, 21% de la population avait déjà eu à consommer de la drogue ; les déviances sexuelles dont les viols, la pédophilie, l’homosexualité imposée comme moyen d’ascension sociale ; l’alcoolisme ; la violence de toute nature ; la corruption endémique et le détournement de la fortune publique, etc.

Comment un gouvernement qui a fait passer la loi de finances 2023 avec une fiscalité déconnectée des réalités économiques du pays peut-il prétendre encourager les jeunes à se lancer dans la création d’entreprises ? Aujourd’hui, le jeune entrepreneur camerounais qui débute redoute plus l’administration que la concurrence, tellement celle-ci est gangrenée par la corruption et multiplie les prétextes pour le rançonner.

Comment un gouvernement qui a contraint la jeunesse à une guerre civile absurde dans les régions anglophones du pays, qui distille la haine et promeut de façon décomplexée le tribalisme peut-il, de façon crédible, inviter la jeunesse à participer à l’édification d’un Cameroun uni et prospère ?

À la vérité, le pouvoir-RDPC, n’a jamais eu de projet pour notre jeunesse.

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) propose, depuis sa création il y a plus de dix ans, une offre pensée et crédible qui permet à notre jeunesse de prendre toute sa place dans le redressement du pays. Ce projet novateur a pour socle une éducation de qualité à partir d’une réforme radicale du système éducatif actuel, mettant l’accent sur la formation technique et professionnelle adaptée à la création d’emplois et au progrès technologique rapide du pays.

Afin de permettre la matérialisation de ce projet révolutionnaire pour la jeunesse, je vous invite à aller massivement vous inscrire sur les listes électorales et à voter le moment venu, afin que, par les urnes et dans la paix, nous mettions ensemble un terme à la longue dérive dans laquelle le régime au pouvoir a engagé non seulement des générations entières de Camerounais, mais aussi la jeunesse actuelle de notre pays et les générations à venir.

Les uns et les autres, y compris ceux qui, lors des différents scrutins sont mobilisés pour bourrer les urnes au profit du pouvoir-RDPC, ou pour agresser les scrutateurs des candidats de l’opposition, ou encore ceux qui, percevant une misère en guise de rémunération, passent le clair de leur temps sur les réseaux sociaux, à la demande du pouvoir, à faire la promotion de la haine et du tribalisme le plus abject, vivent aujourd’hui les conséquences dramatiques d’une gestion irresponsable du pays. Nul n’est plus en sécurité, même pas la jeunesse du RDPC.

Alors mes chers jeunes compatriotes, ensemble, travaillons pour l’avènement de l’alternance démocratique et pacifique dans notre pays par des élections libres, transparentes, crédibles. Par vos inscriptions massives sur les listes électorales et vos votes éclairés lors du double scrutin législatif et municipal de février 2025 et du scrutin présidentiel d’octobre de la même année, vous barrerez la voie à l’aventure dans laquelle veulent embarquer notre pays les gangs de type mafieux engagés dans les luttes pour l’accession antidémocratique au sommet de l’État. Je rappelle que les inscriptions sont ouvertes du 1er janvier au 31 août.

Le sort tragique et particulièrement cruel réservé à MARTINEZ ZOGO doit réveiller chacun de vous, chacun de nous, Camerounais, car il révèle la détermination des forces du mal à maintenir le Cameroun dans les ténèbres de la misère, de la division et de la haine, et à accentuer toujours plus la régression dramatique de notre beau pays. C’est notre devoir à tous, et particulièrement le devoir des jeunes que vous êtes, de les combattre démocratiquement par le vote, d’exprimer votre refus catégorique de leur projet funeste par les urnes.

Aussi, je vous invite à faire de cette 57e édition de la Fête de la jeunesse un moment de réflexion sur les moyens pacifiques et démocratiques à déployer efficacement pour mettre fin à la détresse de la jeunesse camerounaise lors des prochaines élections municipales, législatives et présidentielle de 2025 ou avant !

Que Dieu protège le Cameroun !

Fait à Yaoundé le 09 février 2023
Le Président National
Maurice KAMTO