La symbolique que l’on vient de nous offrir est suffisamment éloquente en elle-même pour exprimer, mieux que tous les mots, ce qui se joue et ce qui se fait aujourd’hui. Il y a quelques années, quelqu’un a dit dans ce pays que « pour exprimer ses opinions on n’a plus besoin d’aller au maquis ». On nous a mis au maquis. Mais nous allons en sortir, parce que nous sommes des républicains. Nous voulons faire de la politique et non pas de la provocation. Nous respectons les lois et les règlements de notre pays, ainsi que ses institutions.
Nous savons combien notre peuple est attaché à la paix, et nous y sommes fermement attachés avec lui. Je voudrais ici, demander humblement aux représentants des Forces de Sécurité ici présentes, officiellement ou non officiellement, en uniforme ou en tenue civile, de transmettre aux autorités de ce pays le message suivant :
Nous sommes organisés pour réfléchir à l’avenir de ce pays, et voir dans quelle mesure nous pouvons apporter notre meilleure contribution à son développement et à son essor.
Il peut y avoir des propos inspirés par les frustrations et l’aigreur. On peut comprendre la violence de certains termes, mais nous sommes essentiellement mus par des idées, par la volonté profonde d’être à l’écoute des Camerounais, par le désir de nous associer à eux pour la recherche des meilleures solutions possibles aux problèmes auxquels ils sont confrontés quotidiennement.
Il me semble que le faire n’est pas un crime. Nous ne sommes ni le parti de l’injure ou de l’insulte, ni le parti de l’insurrection. Nous pensons que là où il y a la violence et l’exclusion, la politique a échoué. Et nous voulons faire la politique pour accomplir les transformations et les changements nécessaires dans ce pays.
Un peuple s’est levé, un Mouvement est en marche. Rien, mais alors rien ne pourra l’arrêter. Qu’il s’accomplisse par nous-mêmes ou par d’autres, nous devons être conscients que le changement est inéluctable. Et j’invite d’ailleurs ces mêmes forces de sécurité, qui sont nos compatriotes, des citoyens Camerounais, qui, elles aussi sont témoins au quotidien des souffrances de notre peuple – si elles ne sont pas elles-mêmes confrontés à ces mêmes souffrances – je les invite à partager avec nous l’espérance nouvelle que nous voulons apporter à notre peuple et à ce pays.
Il n’y aura de changement que si nous tous nous le désirons. Il ne peut y avoir de démocratie sans démocrates. Que l’on ne cherche pas ailleurs qu’ici même au Cameroun, les ferments du changement. C’est parce que les Camerounais pensent que l’on peut offrir une autre alternative et un autre destin à notre peuple, qu’ils attendent le Mouvement qui s’est mis en marche aujourd’hui.
Portez le message partout où vous serez : « qu’il est temps que nous nous unissions pour changer le Cameroun, pour que ce pays qui est exceptionnellement doté, pour que ce pays qui a peu de comparaison sur notre continent puisse être fier, retrouver la dignité qui fut la sienne pendant longtemps ; et surtout qu’il puisse donner à tout les segments de la population, (je pense en particulier aux jeunes), une nouvelle espérance. Donner une nouvelle espérance aux jeunes, c’est leur donner un nouvel horizon, à travers une meilleure formation, mais aussi à travers les moyens de relever les défis que ces nouvelles générations devront affronter dans un monde globalisé.
Proposer une alternative dans notre pays, c’est chercher des solutions concertées au problème du vivre ensemble au Cameroun ; c’est être attentif à la formulation des plaintes qui viennent de nos compatriotes de la partie anglophone du pays. Quand des gens souffrent et disent qu’ils ont mal, on n’a pas le droit de dire qu’ils n’ont pas mal. On doit leur demander où est ce qu’ils ont mal et comment est ce qu’on peut apporter une solution à leur mal ».
Je voudrai donc pour terminer, remercier les journalistes ici présents, qui dans des conditions exceptionnelles – mais n’est ce pas la grande histoire de Cameroun qui est entrain de poursuivre son écriture, (je dis de poursuivre parce qu’elle remonte aussi loin que les Douala MANGA BELL en passant par nos héros nombreux, vous les connaissez tous, des luttes nationalistes qui ont structuré l’imaginaire de notre Nation) – je voudrais vous remercier, mesdames et messieurs les journalistes d’avoir continué à nous soutenir et à nous conforter dans le sentiment qu’il faut aller de l’avant.
Je vous souhaite d’avoir la lucidité nécessaire, d’avoir le patriotisme qu’il faut pour mener vos analyses et dire la vérité aux Camerounais. Ne pas taire nos faiblesses, mais ne pas écrire des choses imaginées ou des inexactitudes. Il n’y a rien. Il n’y a aucun agenda caché. Le seul agenda que nous avons, c’est d’apporter une contribution politique réfléchie et concertée à la marche du Cameroun.
Une Reproduction de Aaron Nenkam