07
Mar 2014

Chères mamans,  femmes et filles du Cameroun, mes chères compatriotes.

Dans quelques heures, vous allez célébrer, comme à l’accoutumée, la journée internationale de la femme. C’est une journée qui vous est entièrement consacrée, un jour spécial pour mettre en exergue la lutte pour vos droits et faire entendre vos voix. Par conséquent, ce jour  ne saurait être uniquement consacré à la réjouissance; il doit également  être un moment d’intenses réflexions sur la condition de la femme.

La journée de la femme est l’occasion de  procéder à l’examen de la condition de la femme dans notre pays. Les difficultés auxquelles vous êtes confrontées sont importantes; elles pénalisent la vie de la nation.

Avec plus de 50% de la population totale, la proportion des femmes  est supérieure à celle des hommes dans notre pays.  Pourtant, les problèmes auxquels la femme camerounaise  est confrontée ne trouvent pas dans les politiques publiques les réponses idoines.  De nombreuses statistiques disponibles sont éloquentes à cet égard.

Certes, quelques efforts peuvent être relevés mais ils restent manifestement insuffisants au regard des objectifs du millénaire pour le développement qui prônent la réalisation de l’égalité des sexes à l’horizon 2015. Aussi, est-il pressant de prendre des mesures concrètes pour permettre à la femme camerounaise de faire face aux nombreuses difficultés qui entravent aussi bien sa vie familiale que professionnelle.

Il est urgent de mettre en place une politique vigoureuse de scolarisation des jeunes Camerounaises de toutes les régions du pays et d’engager un programme d’éducation populaire et élémentaire des femmes adultes non lettrées, afin de faciliter leur intégration dans la vie moderne.  Les spécificités culturelles ne doivent plus servir d’alibi pour renoncer à la mise en place d’une telle  politique. Diverses expériences à travers le continent, et notamment celles de la Tunisie et du Rwanda,  pourraient nous inspirer dans ce domaine.

L’accès des femmes à certains postes de responsabilités demeure un problème au Cameroun. Un rapport gouvernemental, initié par le ministère de la promotion de la femme et de la famille,  publié en mars 2012 était assez éloquent à ce sujet. Ce document souligne que le Cameroun ne compte aucune femme gouverneur de région. Et jusqu’à cette date, seulement 4 sous-préfets sur 360 étaient des femmes. La faible représentation du sexe féminin est également perceptible à l’Assemblée Nationale et dans le Gouvernement. Ce rapport établit que 5 postes ministériels avec portefeuille sur 31 sont occupés par les femmes, pendant que 2 femmes sur 10 sont secrétaires d’Etat. Au total, dans l’équipe gouvernementale actuelle qui comprend 60 ministres et assimilés, seulement 7 sont des femmes, soit 12%.

Par comparaison avec un pays comme le Bénin  qui compte 7 ministres femmes dans un gouvernement composé de 24 membres, ou le Rwanda où sur 88 députés, plus de la moitié des sièges est occupé par des femmes, le Cameroun doit encore réaliser d’importants efforts. Pour cela, il faudrait impulser une politique volontariste adossée sur un plus grand engagement  des femmes en politique.

Je porte une attention particulière à la situation des femmes enceintes au sein des entreprises au Cameroun. Malgré leur prise en compte dans la loi N°92/008 du 14 Août 1992 portant Code du Travail, des violations graves de leurs droits persistent. Elles sont nombreuses, les femmes qui ont perdu leur emploi à la suite d’une grossesse ou qui n’ont pas perçu de salaire pendant leur congé de maternité. Il est impératif qu’une action politique  forte soit menée pour assurer à cette catégorie particulière de femmes, le respect de leurs droits. Ces droits devraient d’ailleurs être renforcés.

Chères  compatriotes,

En dépit de toutes vos peines et souffrances, ne perdez jamais de vue que la réussite de ce pays qui nous est très cher passe par vous. Vous êtes, en effet, le socle de notre société.

J’ai une pensée particulière pour nos «bayamsellam». Celles là qui alimentent nos marchés régulièrement. Celles à qui nous devons notre alimentation quotidienne. Nuits et jours, sous le soleil et sous la pluie, elles se battent pour ravitailler nos villes. Malgré les tracasseries administratives, elles ne ménagent pas leurs efforts.

J’ai une admiration sans borne pour les femmes rurales, celles qui dans nos campagnes travaillent sans compter leur temps et sans tenir compte des intempéries  pour nourrir les familles et éduquer les enfants. Ces femmes là sont les oubliées de notre société. Il est temps que les pouvoirs publics accompagnent de façon structurelle leurs efforts. Investir sur ces  femmes là  c’est investir sur le socle même de la société.

Chères Mamans,  femmes et filles du Cameroun, chères compatriotes,

Je suis convaincu qu’ensemble un autre Cameroun est possible, un Cameroun que nous souhaitons tous de tous nos vœux fort et prospère. Votre engagement à une telle cause est décisif tant je sais qu’une fois acquise, votre confiance est définitive.

Vive la femme camerounaise.

Bonne fête des femmes.

Pr. Maurice KAMTO
Président National du MRC