Alerte nationale et internationale sur les dérives policières programmées contre le MRC du 21 novembre 2015 à Bafoussam, Ouest-Cameroun
Ce message est une alerte nationale et internationale sur les pratiques du régime dirigé par le Président de la république Paul BIYA, et président du Rassemblement Démocratique Camerounais (RDPC), au pouvoir à Yaoundé depuis 33 ans sans discontinuer.
Derrière les apparences démocratiques de ce régime, se dissimule un système autoritaire qui, malgré le retour du pluralisme politique et nonobstant son discours officiel, ne s’est toujours pas accommodé de la pratique démocratique. Tenez, l’article 20 des statuts du parti qui gouverne au Cameroun fait des Gouverneurs de Région, c’est-à-dire des patrons de l’administration au niveau des régions, d’importants membres de son Congrès. Même si ce n’est pas mentionné dans lesdits statuts, toutes les autorités administratives, qui au niveau des régions sont placées sous l’autorité directe des Gouverneurs, sont des militants de se parti. D’ailleurs, on peut noter que celles-ci prennent part ostentatoirement, et quelquefois en tenue de commandement et dans leur unité de commandement aux meetings du parti au pouvoir.
En raison de cette réalité qui bloque la démocratisation effective de la société camerounaise dont elles sont sensées être les représentantes de l’Etat dans les démembrement territoriaux, et de la mise de tous les autres secteurs de l’administration, y compris de l’administration et la justice, au service du seul parti au pouvoir et plus précisément de son chef, le président BIYA, il est impossible pour les partis politiques autres que ceux qui soutiennent le pouvoir, tout comme pour les organisations de la société civile indépendantes de celui-ci de se réunir ou de tenir une manifestation publique. Sous des prétextes qui ne résistent pas à la Constitution et aux lois, les autorités administratives sont programmées pour convoquer la thèse de l’ennemi intérieur sous le couvert du maintien de l’ordre public afin d’empêcher aux partis et aux organisations qui ne sont pas inféodés à leur parti, le RDPC, de se faire connaître des populations à travers la diffusion de leurs visions et de leurs programmes. L’ostracisme politique qui frappe administrativement les partis de l’opposition et les organisations de la société civile non contrôlées par le régime est aussi médiatiquement organisé. Dans les médias à capitaux publics, seule l’actualité relative au parti au pouvoir, à son chef et à sa famille est diffusée à longueur de journée. Le Pouvoir à mis en place, à travers certains de ses partisans, de vrais faux médias privés qui rivalisent avec les médias publics dans sa propagande.
Cette situation, qui certes est générale, s’applique encore avec une vigueur exceptionnelle au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) que dirige le Pr. Maurice KAMTO, ancien ministre délégué en charge de la justice, qui en novembre 2011 a bravé la terreur entretenue par le système politique camerounais en démissionnant. Ce parti dont le lancement a eu lieu dans une impressionnante violence policière, alors même que tous les documents légaux relatifs à son lancement étaient rassemblés, est allé aux élections législatives et municipales du 30 septembre 2013, quelques mois seulement après son existence légale malgré un code électoral taillé uniquement pour garantir au parti au pouvoir et au président BIYA la victoire. N’eurent été les fraudes sauvages et barbares du pouvoir, que ses membres confessent publiquement depuis peu, le MRC serait mieux représenté dans les institutions du pays. Ces élections, sur la base d’un rapport circonstancié et des centaines de procès verbaux scannés attestant les fraudes massives directement adressés à Monsieur le Président de la République contre décharge de ses services, à l’organisme national en charge des élections ELECAM composés malheureusement des membres du parti au pouvoir et de quelques chasseurs de prime de la « société civile », aux observateurs internationaux dont l’essentiel étaient venu au Cameroun simplement pour un safari électoral, et notamment aux représentants de l’organisation de la Francophonie, le MRC a déposé, en novembre 2014, devant le bureau de l’Assemblée nationale une proposition de loi portant modification du code électoral qui demeure sans suite un an après.
Comme si les fraudes sauvages aux élections ne suffisaient pas, le pouvoir et particulièrement le Ministère de l’Administration Territoriale et de Décentralisation qui gère les autorités administratives (Sous-préfets, Préfets et Gouverneurs) a visiblement donné des instructions pour une obstruction systématique du déploiement politique du MRC sur l’ensemble du territoire. À titre d’illustration, le MRC a projeté la tenue d’une manifestation publique le 21 novembre 2015, de 12 heures à 18 heures, à la Place des Fêtes de la ville de Bafoussam dans l’ouest du pays, pour laquelle il a été déposé, conformément à la Loi N° 90–55 du 19 décembre 1990 portant régime des réunions publiques et des manifestations publiques, une demande d’autorisation de manifestation publique en date du 21 octobre. Dans cette demande, déposée près d’un mois avant le 21 novembre alors même que loi fait obligation de la déposer sept jours avant la date projetée pour la manifestation, le MRC informait Monsieur le Sous-préfet de l’Arrondissement de Bafoussam 1er du projet des militants du parti au pouvoir de s’opposer à toute manifestation de ses militants sur la Place des Fêtes qu’ils considèrent comme exclusivement réservée à leur Président de parti et Président de la république, Paul BIYA. Il formulait le vœu républicain que celui-ci, qui représente l’Etat et doit garantir son impartialité en toute circonstance, se mette au-dessus de la mêlée et statut sur sa demande en toute impartialité. Alors qu’il est tenu par la loi de signifier immédiatement à tout requérant la position de l’administration, Monsieur le Sous-préfet va attendre plusieurs semaines pour notifier sa décision modifiant le lieu de la manifestation publique du MRC sur motif de vouloir protéger les militants du MRC contre ceux du RDPC. Au lieu de faire respecter la loi en protégeant un droit fondamental, celui de la liberté d’expression consacrée par la Constitution du pays, l’autorité administrative va plutôt faire savoir par sa décision que ses camarades politiques peuvent dicter leur loi à l’Etat. Toutes les démarches entreprises auprès de Monsieur le Préfet et de monsieur le Gouverneur de région n’ont abouti à rien. Tous se sont en effet montrés partisans et incapables de se désolidariser de leurs camarades pour préserver l’autorité de l’Etat.
Devant cette situation inacceptable, car récurrentes chaque fois que le MRC veut mener une activité politique publique, ses dirigeant ont décidé que samedi 21 novembre 2015, afin que définitivement la question du rôle négatif des autorités administratives – de la préfectorale – soit posée dans ce qui est officiellement appelée la démocratie camerounaise soit posée dans le débat public au Cameroun. En clair, pour faire avancer les libertés publiques et les droits politiques de notre peuple, nous maintenons le meeting pacifique et républicain du MRC le 21 novembre 2015 à la fameuse Place des Fêtes. Ceci, même si les militants du RDPC qui s’assument et ceux qui ont honte de leur engagement politique (les autorités administratives) prétendent qu’elle est exclusivement réservée au président de leur parti et Président de la République, Paul BIYA.
Par avance, nous savons que les forces de l’ordre vont, comme à leur habitude et notamment en février 2008 où elles avaient assassiné de jeunes manifestants non armés, démontrer leur bravoure sur nos militants pacifiques et non armés; mais peu importe, si notre mort programmée peut servir à libérer le peuple camerounais qui est écrasé par un système faussement démocratique, qui en réalité n’est rien d’autre qu’une dictature, alors nous ne seront pas tués samedi 21 novembre pour rien.
Nous pensons qu’il faut luter pacifiquement, de façon déterminée, contre ce régime qui depuis le 06 novembre 1982 soit 33 ans, produit de la désespérance sur le peuple et notamment la jeunesse qui est obligée d’alimenter dans les pays occidentaux l’émigration économique voire de céder aux sirènes des extrémistes de tout bord.
La situation des droits de l’homme et notamment des droits politiques est désastreuse au Cameroun, et le pays s’achemine progressivement vers un périlleux cycle électoral si celui-ci n’est pas précédé d’une réforme consensuelle de tout le système électoral et d’une recomposition d’ELECAM, l’organe en charge des élections.
Lanceur d’Alerte: Pr. Alain FOGUE TEDOM
Secrétaire National Adjoint du MRC,
Bafoussam, le 20 novembre 2015, à 02h32