10
Fév 2024

« Jeunesse, import substitution et patriotisme économique pour le progrès du Cameroun« , tel est le thème officiel de la 58ème fête de la jeunesse célébrée en cette année 2024.

On aurait pu en trouver un autre plus pertinent, tel que : « Jeunesse, Éducation et création de richesses et d’emplois ». Mais on préfère se réfugier derrière des termes creux comme « patriotisme économique » pour fuir la dure réalité à laquelle la jeunesse camerounaise est confrontée.

La célébration de cette édition de la fête de la Jeunesse intervient au moment où, plus que jamais, le Cameroun est au plus bas de l’effondrement des repères moraux.

Notre jeunesse a été méthodiquement sacrifiée par le régime dit du « Renouveau » depuis plusieurs décennies dans un cynisme politique rare; ce régime a construit toute une stratégie pour tenir la jeunesse éloignée de ses préoccupations légitimes relatives à son avenir, notamment l’encouragement au laxisme et à toutes sortes de débauches.

L’alcoolisme, les déviances sexuelles, la consommation des stupéfiants, l’expansion incontrôlée des associations religieuses avec les dérives et abus de toutes sortes, l’emprise des sectes diverses sur la société, l’addiction aux jeux de hasard, la corruption morale endémique, la recherche de la facilité, le rejet de l’effort etc. Il s’agit d’un cocktail qui anesthésie la conscience, et met la jeunesse dans l’incapacité de jouer son rôle en tant que réservoir d’énergie et de créativité et moteur de la dynamique de développement sociale, économique, scientifique et technologique.

Le pouvoir a à ce point peur de la jeunesse qu’il a sacrifiée sans état d’âme, qu’il tient loin de la politique en particulier de l’exercice du droit de vote.

En effet, comment comprendre qu’entre 14 et 18 ans, un jeune, quoique mineur, soit responsable pénalement et peut donc être jugé et condamné, et jeté en prison, qu’à 18 ans un jeune puisse être recruté comme soldat ou élément des forces de sécurité et donc professionnellement habilité à tuer, si les règles d’engagement ou les circonstances l’exigent, mais qu’il lui faille attendre l’âge de 20 ans pour avoir le droit de participer à la vie politique de son pays?

Dans la société de débauche fabriquée et vendue à notre jeunesse par le pouvoir via de sulfureux Influenceuses et Influenceurs, il n’est pas surprenant de constater que le milieu des jeunes soit dominé par la criminalité, y compris dans les établissements scolaires: viols, meurtres, assassinats, trafics divers, drogues dures, cybercriminalité, enlèvements contre rançons, incivilités etc. Ces crimes et bien d’autres dont sont victimes ou auteurs de plus en plus de jeunes témoignent du grand délitement moral de la société camerounaise et en particulier de l’environnement dans lequel baigne notre jeunesse.

Confronté à cet univers impitoyable cette jeunesse, qui représente plus de la moitié de la population, s’est fabriquée un rêve: l’émigration à tous les prix, y compris au prix de la vie.

Certes, sous ce tableau très sombre, qui reflète malheureusement la réalité, certains parmi eux ont la lucidité et le courage de refuser le naufrage auquel le pouvoir a condamné notre jeunesse. Ils se battent de toutes les forces pour rester moralement saints, et surtout ils travaillent pour leur avenir. Je les félicite et les encourage.

Dans le contexte de déliquescence morale et de désespérance que nous venons d’évoquer, le thème « Jeunesse, import substitution et patriotisme économique pour le progrès du Cameroun » est un hors sujet, comme seul le pouvoir en a le secret. En effet, inviter la jeunesse à consommer local en lieu et place des produits importés, c’est faire croire que cette jeunesse serait responsable de la sortie massive des devises et de l’incapacité chronique du Gouvernement à créer les conditions attractives d’un développement industriel et économique vigoureux, pourvoyeur d’emplois.

La 58ème fête nationale intervient à la veille d’un grand rendez-vous politique pour notre pays. Point n’est besoin de rappeler aux jeunes que leur avenir se joue dans les élections municipales, législatives et présidentielle de l’année prochaine. J’invite donc ceux des jeunes âgés de 20 ans au moins, à aller massivement s’inscrire sur les listes électorales pour devenir les acteurs du changement dont notre pays a grand besoin, et donc de leur avenir.

Vive la jeunesse camerounaise! Vive le Cameroun !

Maurice KAMTO,

Président National du MRC,

Candidat de l’APC à l’élection présidentielle de 2025