Camerounaises, Camerounais,
Mes chers compatriotes de l’intérieur et de la diaspora,
Le 29 septembre dernier, une nouvelle dynamique politique s’est enclenchée dans notre pays; une nouvelle espérance est née : le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun s’est mis en marche, dans les conditions particulièrement difficiles que vous connaissez. C’est au nom de ce Mouvement que j’ai l’honneur et l’agréable devoir de m’adresser à vous, au moment où nous nous apprêtons à entrer dans une nouvelle année.
L’année 2012 qui s’achève a souligné le malaise et les difficultés que connaît notre pays ainsi que l’ampleur de la souffrance de nos populations.
La cohésion nationale est mise à mal chaque jour un peu plus par l’intolérance politique, l’indifférence au mal être de certaines parties de la communauté nationale. Le tribalisme assumé reste un défi redoutable à notre vivre ensemble.
En 2011, l’on a fait valoir que la concomitance de l’élection présidentielle et de la date de l’anniversaire du cinquantenaire de la Réunification, le 1er octobre 1961, avait empêché la célébration solennelle de cet évènement historique. Le 1er octobre 2012 est passé; voici que l’année 2012 s’achève, et le moment symbolique des retrouvailles fraternelles entre l’ancien Cameroun oriental et l’ancien Cameroun occidental n’a pas été commémoré. Notre histoire nationale reste mutilée. C’est à ces inconséquences que s’alimentent les frustrations de nos compatriotes de la partie anglophone du pays. Ce sont elles qui minent l’unité de notre Nation.
L’insécurité généralisée ne touche plus seulement les grandes villes; elle frappe aussi durement nos villages, paralyse les plus courageux, décourage les investisseurs nationaux et est de nature à dissuader les investisseurs étrangers.
Les performances économiques du pays restent médiocres et se situent, dans tous les cas, en deçà de la moyenne continentale et sous-régionale. Selon le Bulletin du Fonds Monétaire International du 12 octobre 2012, les taux de croissance économique, en 2012, sont estimés à 5°/° pour l’Afrique subsaharienne et 6,12°/° pour l’Afrique centrale contre 4,4°/° seulement pour le Cameroun.
On nous avait annoncé qu’à partir de janvier 2012, le Cameroun serait transformé en « un vaste chantier ». Ce n’était pas un premier avril…
Quelques projets importants d’infrastructures portuaires et hydroélectriques ont sans doute démarré et pourront aider, après achèvement, notamment à atténuer voire à résorber dans les années à venir le déficit énergétique chronique dont souffre le pays tout entier. Mais, la politique suivie par le Gouvernement pour la réalisation de ces grands ouvrages montre qu’au terme de leur exécution le Cameroun n’aura bénéficié d’aucun transfert de savoir-faire dans ce domaine. Ceci est particulièrement préoccupant pour l’avenir technologique et industriel du pays. Après la construction de trois barrages hydroélectriques au Cameroun, des ingénieurs camerounais ou des entreprises nationales, devraient être en mesure de construire le quatrième. La timide réalisation de ces projets dévoile les graves problèmes de gouvernance qui caractérisent la gestion publique dans notre pays. Cette situation ne crédibilise pas notre système politique et social. Pis elle est de nature à hypothéquer la qualité des ouvrages et des infrastructures pour lesquels nos compatriotes consacrent d’importants sacrifices.
Les politiques publiques actuelles sont inadmissibles dans un pays où l’on exhorte les citoyens au « patriotisme économique», où l’on prétend être attentif à la formation et à la maîtrise professionnelle de la jeunesse. La perspective de l’attribution de la troisième licence de téléphonie mobile à une société étrangère, dans un secteur stratégique où l’on ne trouve aucune entreprise nationale, confirme cette politique d’indifférence à l’intérêt national. Comme pour le secteur minier, la représentation nationale devra avoir son mot à dire sur ce genre de transaction à l’avenir.
Mes chers compatriotes,
Dans 45 jours on célèbrera la Fête de la Jeunesse. Comme chaque année, on rappellera que la Jeunesse est l’avenir du pays, le fer de lance de la nation. Mais, comme chacun le voit, notre Jeunesse est devenue un avenir sans horizon; c’est une lance dont la pointe s’est cassée.
Nous devons nous poser la question : Qu’a-t-on fait pour que notre Jeunesse n’ait d’autre perspective que l’absence d’emplois, le chômage déguisé, la fuite éperdue vers l’étranger dans la désespérance qui la conduit à aller se noyer dans les flots des océans du monde ?
L’offre d’éducation et de formation s’est accrue grâce notamment à la contribution remarquable de l’enseignement privé confessionnel et laïc. Mais, désordre et laxisme se sont installés. Hormis quelques points lumineux, la qualité de l’enseignement s’est effondrée, n’offrant au pays qu’une jeunesse parfois surdiplômée mais, de manière générale, insuffisamment préparée pour faire face aux défis multiformes auxquels est et sera confrontée notre Nation.
Le chômage endémique de la population active, en particulier des jeunes, est la plus grave des menaces pour la stabilité et l’avenir économique du pays. On ne peut plus fermer les yeux devant un tel fléau, ni l’aborder sans imagination ou avec résignation. Selon l’Institut National de la Statistique, le sous-emploi invisible, touche 63,7% des actifs occupés, particulièrement les femmes. Les femmes en activité sont à concurrence de 71,8% dans cette situation contre 56,3% d’hommes. Ce phénomène concerne 81,4% d’actifs occupés dans le secteur informel agricole contre 20,0%dans le secteur privé formel et 12,3% dans le secteur public.
Le Gouvernement doit expliquer clairement aux Camerounais comment, et dans quel délais, il entend inverser cette courbe dangereuse. A cet égard, il doit s’engager à fournir, au moins trimestriellement, des statistiques fiables sur la création des emplois et le taux de chômage réel dans le pays.
Chers concitoyens,
Mes chers compatriotes,
La nuit précède le jour ! L’avènement du MRC sur la scène politique nationale s’est fait dans l’adversité alors même que nous avions tout entrepris pour respecter les lois de la République. Mais notre parti est debout et suit son chemin. Il suscite un fort courant de sympathie au sein de la population camerounaise. Cette sympathie doit être transformée en un engagement citoyen résolu. Il faudrait pour cela que chacun se libère de la peur qui nous tétanise individuellement et nous paralyse collectivement.
En cette nouvelle année électorale qui s’annonce, le Peuple souverain est investi de tous les pouvoirs pour opérer le changement auquel il aspire depuis si longtemps. Elecam devra jouer pleinement son rôle, dans l’impartialité et une stricte neutralité. Il pourrait à cet égard commencer par faire ce qui se fait partout ailleurs où l’on a adopté la biométrie, à savoir notamment : délivrer la carte électorale aux électeurs dans la foulée de l’inscription au lieu de les renvoyer à plus tard et publier la liste de tous les inscrits sur son site web au moins trois mois avant la date des élections. Plus que jamais sa responsabilité sera grande dans les mois à venir.
Le Gouvernement doit pour sa part rendre public le découpage des circonscriptions électorales et la date des élections d’ici la fin du mois de février 2013, s’il est vraiment animé par le souci de transparence, et ce afin de permettre à toutes les formations politiques de préparer les échéances électorales avec sérénité et de préserver l’égalité de chance entre les partis.
Le projet de société du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun est accueilli par un grand nombre de nos compatriotes comme une offre politique crédible, l’alternative la plus sérieuse dans notre pays. Votre choix lors des élections à venir redonnera confiance à tout un peuple, ou maintiendra les Camerounais dans le découragement et la désespérance.
Voici donc le message : Allez vous inscrire massivement sur les listes électorales ! Assurez-vous que dans votre entourage les gens en âge de voter se sont inscrits. Allez voter massivement le jour de l’élection ! Votre vote sera déterminant pour l’avenir de notre pays. C’est pourquoi nous devons être tous prêts à le défendre.
Je vous souhaite une Bonne Année 2013, avec moins de pauvreté et de malheur; avec l’espoir que ceux qui sont en charge des affaires de la Nation travailleront pour faire reculer la souffrance des plus faibles, et donner un horizon d’espérance à la jeunesse de notre cher pays.
Vive le Cameroun !
Maurice KAMTO
Président National du MRC
Yaoundé le 24 décembre 2012