Depuis le samedi 12 mars 2016, la conscience humaine est profondément choquée par les images insoutenables d’une dame qui, selon certaines sources médiatiques, se dénommerait madame KOUMATE Monique, entrain d’être «opérée» à même le sol dans l’enceinte de l’hôpital Laquintinie par une autre dame qui serait une de ses relations. Il s’agirait d’un geste de désespoir visant, semble t-il, à sauver les jumeaux que portait la malheureuse madame KOUMATE abandonnée à elle-même.
Sous réserve des enquêtes administratives et judiciaires qui s’imposent et que nous souhaitons diligentes, le MRC observe que ce drame illustre une nouvelle fois le mépris que ceux qui nous gouvernent ont pour la vie des Camerounais en général, et pour celle des femmes et des mères en particulier. L’évènement s’est déroulé au sein d’un hôpital, c’est-à- dire là où l’on doit sauver les vies ! Ce drame, qui n’est malheureusement pas isolé survient au lendemain de la Journée mondiale de la femme, Journée au cours de laquelle le régime a détourné les femmes de leurs vrais problèmes, parmi lesquels le droit de donner la vie en toute sécurité dans les hôpitaux, pour leur imposer un grossier appel à la candidature de M. BIYA. Ce cas, sans précédent dans la manière dont il s’est passé, impose que les responsabilités soient établies le plus rapidement possible et que les coupables soient punis de façon exemplaire.
Au-delà de ces sanctions attendues pas le Camerounais, le MRC appelle le Gouvernement à organiser une concertation nationale avec les professionnels de la santé pour diagnostiquer et proposer des solutions adéquates aux problèmes multiformes qui font de nos hôpitaux des mouroirs, des lieux où la souffrance du malade et la douleur des parents et de proches n’émeuvent plus, où l’empathie a disparu. Tout ne peut se ramener à l’argent. Nous devons nous ressaisir et rétablir dans notre société les valeurs essentielles telles que la fraternité et la compassion.
Les dirigeants du pays doivent faire l’effort de se rapprocher de la réalité de la vie quotidienne de leurs compatriotes: les Camerounais vivent dans la hantise d’être contraints par la maladie à se rendre à l’hôpital, parce qu’ils ont plus de chance d’y trouver la mort que des soins adéquats. L’insécurité sanitaire du pays alourdit le contexte général d’insécurité qui s’est aggravé récemment par la psychose provoquée par certaines informations distillées dans l’opinion. Les discours lénifiants des pouvoirs publics sur les performances de nos formations sanitaires et les explications malheureuses sur chaque insuffisance révélée sont mis en échec par les réalités des tragédies hospitalières qui remplissent les rubriques des faits divers dans les médias.
Il est temps d’agir concrètement, à travers une réforme en profondeur de notre système national de santé. Le MRC a proposé à plusieurs reprises, notamment l’instauration dans notre pays d’une assurance santé au taux modulé en fonction du niveau des revenus qui permettrait la prise en charge par le système public des soins de santé de base, la gratuité du traitement de certaines affections ainsi que de la césarienne. Mais nos dirigeants n’ont rien à faire des propositions, quand de surcroît elles viennent des « opposants », considérés au mieux comme des traîtres, au pire comme de ennemis.
A la famille de madame KOUMATE Monique, confrontée aux affres de cette scène insoutenable, j’adresse les sincères condoléances du MRC, auxquelles j’associe les miennes propres.
Le Président National de MRC
Pr. Maurice KAMTO
Yaoundé, le 13 mars 2016.