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Août 2018

Au mois de juin-juillet dernier ont circulé sur les réseaux sociaux, les images insoutenables de l’exécution sommaire de deux femmes et, comble d’horreur, de leurs enfants en très bas âge, parmi lesquels un nourrisson que sa mère portait dans son dos, suivant la tradition de nos mamans africaines.  La première femme victime du peloton d’exécution, que l’on peut voir en rouge sur les images s’appelait ZOUMTEGUI NDOMOKO.  La seconde,  se nommait  KELOU MANATSAD.  Les deux femmes ont été tuées par des militaires camerounais, en avril 2014. Elles ont été enterrées, avec leurs bébés au pied de la montagne dénommée « Vizi Kolor  Vegabi ».

Après la diffusion des premières images de ces actes innommables de quelques soldats engagés dans la lutte contre Bioko Haram dans l’Extrême Nord de notre pays, le Ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement, a fait une sortie d’une froideur effrayante pour accabler les organisations de défense de droit de l’homme, les « comploteurs » et  « déstabilisateurs » tapis dans l’ombre et déterminés à ternir l’image de « Son Excellence Monsieur le Président de la République, Paul BIYA », des Valeureuses Forces de Défense et du Cameroun.  Comme à son habitude, dans un style grandiloquent, monsieur ISSA TCHIROMA BAKARY a méprisé la mémoire des pauvres et innocentes victimes de la barbarie militaire, insulté le courageux travail des organisations de défense des droits humains et  crié au complot politique. Plus grave, le ministre de la Propagande  a mis en cause l’Armée d’un pays ami du Cameroun. En voulant dissimuler des crimes de quelques soldats, il aura maladroitement et injustement sali la réputation de l’Armée Camerounaise dont on sait pourtant les énormes sacrifices qu’elle a consentis et consent encore  pour la  défense  de notre pays face aux extrémistes de Boko Haram.
La légion d’«experts» au service du régime et leurs relais médiatiques ont été encore plus précis, accusant le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) d’être derrière ce qu’ils ont qualifié de manipulation. Avec une science approximative, ils ont disséqué la vidéo querellée pour prouver à l’opinion  qu’il s’agissait d’un montage fait par des amateurs téléguidés par le MRC.
Le mensonge ayant de courtes jambes,  sous la forte pression des réseaux sociaux, des organisations de défense des droits humains et de la communauté internationale, la vérité s’est imposée au Gouvernement camerounais, et, on l’espère, aussi à la légion d’«experts» fossoyeurs de la Nation, dont «l’expertise» se résume à l’évidence au dénigrement du MRC et de votre humble serviteur.
Pour une fois, moins téméraire que d’habitude,  le Porte-parole du Gouvernement a admis la terrible réalité par un simple communiqué, redoutant certainement d’avoir à répondre devant les caméras de la presse nationale et internationale, à des questions embarrassantes dans le cadre de son exercice favori qu’est la conférence de presse.
Le MRC demande au Gouvernement de ne pas s’arrêter à cette vérité qu’il a été contraint de concéder, mais d’ouvrir rapidement une enquête sur d’autres cas allégués d’exactions des Forces de défense et de sécurité, dont celle qui circule en ce moment sur les réseaux sociaux montrant des soldats qui exécutent des civils non armés dans un village, probablement  Achigachia dans l’Extrême-Nord. Les scènes de crimes que l’on voit dans cette autre affaire plongent, une fois de plus, dans l’effroi. Les Camerounais veulent maintenant des explications et des clarifications sur le commandement de leur Armée. Pourquoi les responsables politiques et les hauts responsables de l’Armée ont-ils couvert des pratiques aussi barbares?  Le temps des contre-vérités et des demi-vérités est passé!
On doit tirer toutes les conséquences politiques et militaires de cette terrible affaire: le Chefs des Armées, chef de l’Etat, le Ministre de la Défense, le Chef d’Etat-major des Armées, les conseillers du président de la République impliqués dans ce dossier, les responsables du BIR doivent répondre aux questions que les populations camerounaises, profondément choquées par la cruauté se posent sur l’éthique et le respect de la vie humaine dans leur Armée. Laver l’honneur de notre Armée face à ces actes inqualifiables passe donc, impérativement, par la clarification des responsabilités politiques, militaires et technico-diplomatiques dans ces exactions et dérives répétées.
Faute d’explication de la part du Chef des Armées, M. Paul BIYA,  du Ministre délégué à la Défense, du Chef d’Etat-Major des Armées et des responsables du BIR, le MRC en appellera à la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante pour faire toute la lumière sur cette barbarie qui entache sévèrement l’image de notre pays. Il invite les Camerounais à préserver la mémoire du bébé fusillé dans le dos de sa mère en même temps que cette malheureuse dernière, ainsi que des autres victimes innocentes tuées dans une barbarie insoutenable avec les armes achetées par leurs impôts; nous devons tous le faire en sanctionnant, le 7 octobre prochain, dans les urnes, le régime Biya qui a démontré à plusieurs occasions son manque d’humanité, et qui plus que jamais a perdu tout honneur en s’enfermant dans un mensonge d’Etat sur une affaire qui bouleverse profondément la conscience humaine.
Le Président national du MRC
Maurice KAMTO
Yaoundé le 13 août 2018