Réunion des élites décrédibilisées du Sud-ouest, du 3 février 2017, à Buea et incitations à la haine et à la guerre civile.
Le président de la République, garant de l’unité nationale et de la paix, doit désavouer Peter MAFANY MUSONGE et ses acolytes.
Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) reste préoccupé par la situation de blocage qui prévaut dans la crise anglophone et rappelle la nécessité de la libération des nouveaux leaders anglophones légitimes pour l’amorce d’un dialogue républicain urgent et vital.
Le MRC dénonce les manipulations gouvernementales visant à susciter une stérile opposition entre les élites du Nord–ouest et celles du Sud-ouest avec pour objectif, la division des Camerounais des Régions anglophones.
Lors d’une réunion de crise tenue le 3 février 2017 dans un hôtel de Buea, par quelques personnalités originaires de la Région du Sud-ouest, conduites par Monsieur Peter MAFANY MUSONGE (1), ancien Premier Ministre, Grand Chancelier des Ordres Nationaux, et donc grand collaborateur du Président de la République, celles-ci ont publiquement accusé les élites du Nord-ouest d’animer la grève et les révoltes dans leur si douce et paisible région. Elles ont aussi appelé les populations à se constituer en groupes pour appuyer les autorités et les forces de maintien de l’ordre dans la répression contre les grévistes.
Ces personnalités que le bourrage intensif et répété des urnes par le RDPC a artificiellement produites et qui ont été prises en flagrant délit d’escroquerie de représentativité des populations de leur région, sont aujourd’hui plus qu’irritées. Aussi ont-elles au cours de cette rencontre, maladroitement tenté de semer la division entre les Camerounais au lieu d’œuvrer pour l’apaisement et le début d’un véritable dialogue entre le Gouvernement et les nouveaux leaders anglophones légitimes dont la libération devrait constituer le signe concret de la bonne volonté du pouvoir.
Plus grave, leurs déclarations ont sonné comme une incitation publique des populations du Sud-ouest à la haine envers les ressortissants du Nord-ouest qui nourriraient les intentions noires de les placer en esclavage dans un projet fédéraliste.
Certes, il est clair que M. Peter MAFANY MUSONGE et ses acolytes n’ont ni légitimité ni crédibilité au sein des populations de la Région du Sud-ouest, comme le démontre la persistance de la grève, et que par conséquent, il est plus que probable que celles-ci ne céderont pas à leurs haineux appels. Cependant, le State Counsel devrait, pour la préservation de la paix publique, se saisir néanmoins de ce dossier.
Pour l’histoire, le Président de la République devrait prendre cette dénonciation des déclarations de Peter MAFANY MUSONGE et de ses acolytes par le MRC au sérieux car, les incitations à la haine, à la discrimination et à la violence, sur fond de tribalisme exacerbé, de certains de ses grands collaborateurs en fonction, chaque fois qu’il y a des troubles dans le pays, sont devenues récurrentes et très préoccupantes pour l’unité et la concorde nationales, et la paix.
Le MRC rappelle à cet égard qu’en 2008, lors des révoltes contre la modification de l’article 6(2) de la Constitution sur la limitation des mandats présidentiels, au cours desquelles des dizaines de jeunes camerounais avaient été froidement tués par les forces de défense et de sécurité, et des centaines d’autres abusivement jetés en prison, certaines élites du Mfoundi, conduites par M. André MAMA FOUDA, ministre de la République, avaient menacé publiquement d’appeler «les fils et filles» dudit département à chasser « les prédateurs venus d’ailleurs » de « leur village ».
Cette atteinte grave à l’unité, la concorde, la paix et la sécurité avait été faite lors d’une réunion convoquée par l’Association fraternelle pour l’entraide et la solidarité des élites du Mfoundi (Asfesem), le vendredi 29 février 2008. Pour l’histoire, parmi les «fils et filles du Mfoundi» présents à cette réunion, on peut citer des personnalités telles Charles Etoundi, Cécile Bomba Nkolo, Jérôme Emilien Abondo, Antoine Depadoue Essomba Eyenga (de regretté mémoire), Marie Madeleine Fouda, Martin Aristide Okouda, Emile Onambélé Zibi, Anastasie Mbongo, Sylvie Okeng, Beaufort Essomba, Jeanne Ottou.
Le Président de la République, pourtant garant de l’unité nationale n’avait pas condamné cette sortie dangereuse pour l’unité et la concorde nationales. Il est fort probable qu’il ne fera rien non plus cette fois-ci, alors que ses obligations constitutionnelles lui imposent de désavouer M. Peter MAFANY MUSONGE, et avec lui tous ceux qui, aveuglés par leurs intérêts personnels et les douceurs d’un pouvoir essentiellement corrupteur, attisent les divisions et la haine entre les Camerounais, le tribalisme et l’intolérance politique. Son silence pourrait être interprété comme une approbation de tels comportements récurrents et cependant inacceptables, et le rendre un jour comptable des conséquences d’une éventuelle guerre civile que ces élites artificielles, furieuses d’avoir été désavouées par les populations, veulent créer pour tenter de masquer l’ampleur de leur discrédit.
Yaoundé, le 14 février 2017
La Communication du MRC.
(1) Voir le journal Guardian Post du 3 février 2017, cité par Laure NGANLAY, « Crise anglophone : des dissensions entre les élites du Nord-Ouest et celles du Sud-Ouest », 4 février 2017, http://radiobalafon.net/crise-anglophone-des-dissensions-entres-les-elit…, consulté le 11/02/2017. Par ailleurs, des télévisions nationales dont STV ont diffusé des images de cette rencontre ainsi qu’une interview de M. Peter MAFANY MUSONGE dans laquelle, au nom de ces élites du sud –ouest, il demandait aux populations de se mobiliser pour aider les autorités à barrer la voie aux grévistes.