L’actualité économique et sociale de notre pays est marquée par deux évènements : d’une part, la crise dans la filière avicole née de l’apparition dans un important complexe agro-industriel de la grippe H5N1, communément appelée grippe aviaire, et sa gestion par le Gouvernement; d’autre part, la recapitalisation de la SODECOTON et la nomination à la tête de cette société d’Etat d’un nouveau Directeur Général.
De la grippe aviaire et de sa gestion par le Gouvernement
Au sujet de la grippe aviaire, jusqu’ici, le MRC s’est imposé une réserve afin de ne pas gêner les actions du Gouvernement. Mais devant l’incapacité du pouvoir à prendre en compte le désespoir des professionnels du secteur avicole, des milliers de braves petits éleveurs et des nombreux acteurs de la filière dont l’apport à l’économie locale, nationale et sous régionale n’est plus à démontrer, notre parti décide de rompre son silence.
Le Gouvernement était et reste dans son rôle quand il faut appliquer le principe de précaution en prenant des mesures sanitaires drastiques visant non seulement à prévenir l’extension de l’épizootie dans les zones encore saines mais également pour éviter toute contamination humaine. Au-delà de cette action préventive salutaire, le Gouvernement a l’obligation économique et sociale de mettre concomitamment en place un plan volontariste de soutien à l’ensemble de la filière avicole ainsi qu’à tous les secteurs d’activités rattachés à celle-ci. A ce jour, certaines sources établissent à environ à 10 milliards de FCFA mensuels les pertes de la filière. À cette estimation, l’on devrait intégrer les pertes de tous les corps de métiers qui vivent de l’activité avicole (accouveurs, vétérinaires, vendeurs d’intrants, restaurateurs, etc.).
Le MRC regrette que malgré l’ampleur du sinistre, le Gouvernement reste fidèle à son autisme habituel et affiche de l’arrogance face à la situation que vivent les milliers de compatriotes ruinés par les mesures sanitaires imposées par le principe de précaution. Outre le fait de voir le fruit de nombreuses années d’efforts détruit en un jour, ils doivent gérer le terrible stress que connaît tout créancier insolvable avec en prime le cruel sentiment d’injustice et d’abandon par le Gouvernement.
La filière avicole nationale irrigue l’ensemble de la sous région CEMAC et représente 4,5% du PIB de notre pays. Son apport à la nutrition et donc à la santé des populations n’est plus à démontrer. Bien plus, elle constitue un important gisement d’emplois non encore totalement exploité, faute d’accompagnement suffisant de l’Etat. Pour toutes ces raisons, mais également parce que derrière la crise actuelle se jouent des drames humains, le Gouvernement doit enfin ouvrir et en urgence des concertations sérieuses avec les acteurs concernés afin de mettre en place un véritable plan de soutien et surtout de relance de cette filière.
Le MRC dénonce les intimidations administratives et les brutalités policières dont sont victimes les acteurs de ce secteur d’activité quand ils essaient pacifiquement et avec une retenue appréciable d’attirer l’attention du Gouvernement, comme cela a été le cas le jeudi 23 juin à Yaoundé, Bafoussam et dans diverses autres villes du pays. Le MRC appelle le Gouvernement à ne pas se réfugier derrière le maintien de l’ordre et de prêter une oreille attentive à la détresse des hommes et femmes dont le seul tort aujourd’hui est d’avoir osé entreprendre.
De la recapitalisation de la SODECOTON et de la nomination d’un nouveau Directeur Général
Le drame de la filière avicole se déroule au moment où l’Union Européenne vient au secours du Gouvernement pour sauver la SODECOTON du dépôt de bilan. La nomination d’un nouveau directeur général n’occulte pas les difficultés financières de cette entreprise qui a enregistré au cours de ces trois dernières années des pertes estimées à plus de 21 milliards de FCFA.
Le MRC souhaite que cette nomination vienne résoudre les multiples problèmes que connait cette société qui, en réalité, est l’une des rares entreprises encore en activité dans le Grand Nord. La SODECOTON n’est pas pour l’ensemble de la région septentrionale une simple entreprise; elle y joue plus qu’un rôle économique. Elle y assure le lien entre les populations, puis entre les villes et les villages. A titre d’illustration, là où il n’y a pas de pharmacie, c’est elle qui rapproche les médicaments des populations; c’est elle qui entretient les routes secondaires et autres pistes rurales; bref, c’est la SODECOTON qui donne vie à toute l’économie de cet ensemble composé de trois régions et de millions d’âmes. En raison de ce rôle moteur de la SODECOTON dans l’économie et la vie sociale de cette partie du pays, il est facile de comprendre qu’après près de deux années sans enlèvement de la récolte du coton auprès des paysans et sans règlement des factures des prestataires, cette société soit en état de quasi faillite, ce qui aggrave la situation économique du Grand Nord déjà dévasté par la crise sécuritaire.
Le MRC déplore le silence des élites politiques du septentrion face au drame que vivent les populations et les entrepreneurs de cette partie du pays du fait de la gestion hasardeuse de ce fleuron industriel du Cameroun conquérant des années 1970, dont le dynamisme n’est plus qu’un lointain souvenir.
Le MRC invite le Gouvernement à faire preuve de plus d’ardeur dans le contrôle de la gestion de cette entreprise vitale pour les populations et les entrepreneurs des trois régions sus évoquées. Il engage le Gouvernement à mettre en place un vrai plan de redressement de la filière cotonnière nationale, dont les deux pôles majeurs doivent être la production du coton et l’industrie de filature et textile.
L’équipe de Communication du MRC,
Yaoundé le 24 juin 2016.