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Juin 2018

Dans une déclaration prémonitoire de 2017 intitulée «Le MRC et le peuple camerounais disent non au glissement du calendrier électoral prévu en 2018!», dans laquelle je reprenais un passage de mon adresse aux Camerounais du 29 décembre 2016, j’affirmais: «l’année 2017 constitue le dernier virage avant l’année électorale cruciale de 2018. En effet, l’année 2018 verra l’organisation du scrutin sénatorial en avril, des législatives et municipales en septembre et de la présidentielle en octobre. A ces scrutins, on pourrait ajouter, si le calendrier électoral n’était pas considéré comme un secret d’État par le pouvoir, les élections régionales. Ce calendrier très chargé appelle une organisation et une planification gouvernementale rigoureuses tant en ressources financières qu’en gestion de la programmation. Sans prêter des intentions quelconques au Gouvernement, le MRC souligne qu’il attache un prix particulier au respect du calendrier électoral. Il rejettera avec la dernière énergie tout glissement de ce calendrier pour quelque raison que ce soit. Ni la guerre engagée contre Boko Haram en mai 2014, ni l’instrumentalisation d’une éventuelle réforme électorale engagée au dernier moment, ni les questions budgétaires ne justifieront un tel glissement contre lequel le MRC attire, un an avant, l’attention du Gouvernement. Aussi, celui-ci doit-il tout mettre en œuvre au courant de cette année 2017, pour régler tous les détails de toutes natures entrant dans la préparation et une organisation à date, et réussies, de l’ensembles des élections prévues en 2018».

Je poursuivais en affirmant que: «Malgré ces mises en garde, le Gouvernement est actuellement entrain de manœuvrer pour différer les élections prévues de longue date dans notre pays en 2018. Ses stratèges veulent mettre en avant des arguments spécieux relatifs à la sécurité et aux moyens financiers que le MRC a depuis plus d’un an constamment rejeté pour tenter de prolonger son séjour au pouvoir au-delà du terme des mandats présidentiel, sénatorial, législatif et municipaux. Il veut également se servir de mêmes arguments pour repousser au calendre grec l’organisation des scrutins régionaux, sans lesquels les Conseils régionaux prévus depuis vingt ans par la constitution et jamais activés demeureront un mirage politique pour les Camerounais».
Nos craintes, que certains ont jugées à l’époque sans fondement, sont confirmées depuis le 13 juin 2018. La correspondance dont la signature est attribuée au chef de l’Etat, Paul BIYA, et qui est en circulation dans les réseaux sociaux, n’est-elle pas finalement une manœuvre supplémentaire d’un pouvoir pris de panique? En effet, la mobilisation du MRC, dont l’engament des militants sur le terrain, dans les dix régions du pays et dans la diaspora a atteint ces derniers temps une intensité que tout observateur objectif peut attester, le chaos créé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest par une guerre inutile et plus généralement le bilan très peu reluisant du président Paul BIYA et du RDPC font craindre au régime une défaite électorale certaine.
Dans la mesure où cette correspondance peut être une manœuvre politicienne, j’appelle les responsables des structures de base du MRC à rester vigilants et à intensifier la préparation de toutes les élections prévues cette année, jusqu’à l’adoption de lois ou à la prise des décrets les repoussant formellement. A cet effet, j’exhorte tous les camarades à rester concentrés sur nos objectifs politiques de cette année 2018. Ils doivent pour cela accélérer la préparation des listes et des dossiers de candidature aux différents scrutins.
Si la correspondance en question était authentique, la consultation du président du sénat par le président de la République sur l’éventualité d’un report du scrutin législatif initialement prévu en septembre 2018, derrière laquelle on peut entrevoir aussi le projet de report du scrutin municipal, serait la preuve de ce que le MRC décrie depuis sa création : l’instrumentation du calendrier électoral par le président Paul BIYA et son parti le RDPC afin de se maintenir au pouvoir. La confiscation du calendrier électoral par le seul président du RDPC, président de la république, Paul BIYA, est, comme chacun peut le constater depuis bientôt quarante ans, un des « petits secrets » peu républicains de la capture du pouvoir.
Lorsqu’en plus d’un code électoral conçu en sa faveur et celui de son parti, on a le pouvoir de décider seul du calendrier politique pour des compétions dans lesquelles on est engagé soi-même ainsi que son propre parti politique, on peut se permettre de déclarer que « ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut !»
Que la correspondance sus-évoquée soit authentique ou simplement une manœuvre politique du régime, elle dévoile aux yeux des partenaires et observateurs étrangers, la conception que le président Paul BIYA et son régime ont de la démocratie. Cette conception ne s’accommode pas d’élections libres, justes et transparentes, encore moins de l’alternance démocratique.
Le MRC condamne fermement l’idée d’un report en dernière heure du scrutin législatif, alors même que le président Paul BIYA a, lors de son message de fin d’année 2017,  martelé que toutes les élections prévues en 2018 auront bien lieu, que sur ses instructions le budget de l’exercice 2018 a pris en compte tous les scrutins du calendrier électoral avec une ligne budgétaire qui est passée de 30 milliards à 50 milliards, et qu’à l’ouverture de la session parlementaire de juin 2018 le président de l’Assemblée nationale a lui aussi réitéré que les élections prévues se tiendront à bonne date.
Quelle que soit l’issue finale de cette correspondance qui serait du président de la République, le MRC rappelle aux Camerounais d’aller massivement s’inscrire sur les listes électorales d’ELECAM pour les quelques jours qui restent avant la convocation du corps électoral, afin qu’ensemble, nous réussissions, par les urnes, la transformation du PENALTY que l’histoire offre à notre peuple aux prises avec le régime Paul BIYA – RDPC depuis des décennies dans un combat éreintant socialement, économiquement et désormais sur le plan sécuritaire.
Maurice KAMTO
Président National du MRC
Yaoundé le 26 juin 2018