11
Déc 2017

Combien faudrait-il de soldats, d’éléments de Forces de Maintien de l’Ordre (FMO) et de civils tués dans les Régions anglophones pour que le président BIYA réalise enfin que le pays sombre?

L’indifférence du Président Paul BIYA face à la tragédie qui se joue depuis novembre 2016 dans le Nord-Ouest et dans le Sud-Ouest devient insupportable et constitue désormais une faute politique d’une gravité exceptionnelle.

Comment est-il possible qu’un Président de la République affiche autant de mépris face à la douleur et au sang versé des soldats, des éléments des forces de maintien de l’ordre et des populations civiles de son propre pays depuis plus d’un an?

La guerre civile qui est entrain de s’installer dans notre cher pays est la conséquence de l’arrogance et du mépris du Président BIYA, du Gouvernement, de son parti le RDPC et de ses partis alliés.

Toutes les couches de la société et divers acteurs de la scène politique camerounaise appellent, certains depuis le début de la crise anglophone et d’autres par conversion tardive,  à un dialogue politique national inclusif. Les principales organisations internationales (ONU, UA, UE) et les pays amis du Cameroun invitent à l’unisson le pouvoir à traiter les causes de cette grave crise politique – dont le Président de la République a maladroitement tenté de nier l’existence – et non ses conséquences. Malgré tous ces appels, le régime reste sourd. Entretemps, les Camerounais s’entretuent.

Le 28 septembre 2017, lors d’une conférence de presse tenue au siège de notre parti à Yaoundé portant sur cette même crise, nous avions demandé au Parlement de se saisir de la question face à l’indifférence du Chef de l’Etat  et à l’incapacité de son Gouvernement à y apporter une solution adéquate. Pourtant, lors de la session parlementaire de novembre qui vient de s’achever, de façon surréaliste, le pouvoir a interdit l’inscription de la question anglophone à l’ordre du jour en s’abritant derrière un légalisme de façade, alors même que dans les deux régions anglophones, on dénombrait déjà les premières victimes militaires et civiles de la guerre civile qui s’installe.

Les profiteurs du régime, qui se veulent les soutiens granitiques et inconditionnels du Président BIYA, semblent déterminés à sacrifier tout un peuple pour le maintien de celui-ci  au pouvoir, lui qui après 35 ans à la tête du Cameroun feint de croire qu’il aurait encore quelque chose à apporter à ce pays malade et désorienté.

Les MRC condamne fermement les assassinats de soldats, d’éléments des forces de maintien de l’ordre FMO, mais également de citoyens Camerounais dont certains ont basculé dans l’extrémisme à cause du mépris et de l’arrogance de ceux qui gouvernent le pays. Il invite une fois de plus le président de la République à :

  • Sortir de sa condescendance politique vis-à-vis des Camerounais;
  • Libérer toutes les personnes détenues dans le cadre de la crise anglophone et arrêter les poursuites contre elles;
  • Présenter les condoléances de la Nation aux familles de toutes les victimes et les excuses du Gouvernement aux populations des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest;
  • Aller personnellement à la rencontre des populations desdites régions qui mendient depuis le début de la crise sa venue pour leur annoncer les contours des discussions politiques, puisque les échecs du Gouvernement et du Premier Ministre sont désormais patents;
  • Organiser le dialogue politique national qui traitera de l’épineuse question anglophone, mais désormais aussi des questions électorales, notamment de la révision du Code électoral, et les réformes institutionnelles.

Le Président National
Maurice KAMTO,
Yaoundé, le 11 décembre 2017.