31
Déc 2023

Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes,

L’année 2023 s’achève sur une profonde inquiétude. Le Cameroun, qui n’est plus gouverné depuis longtemps déjà, est entré dans une phase de délitement. Plusieurs signaux, tant politiques, sécuritaires, que socio-économiques et financiers font craindre pour l’avenir de notre pays.

Ceux qui ont réduit la direction du pays à la répression aveugle et haineuse sont manifestement dépassés et réduits à bricoler des solutions de survie politique. Quarante et un ans d’errements, ça use les cerveaux et les esprits même les plus brillants.

Tout montre qu’il n’y a plus un commandant à bord du navire Cameroun et que seules des factions se servent des leviers de l’État au service de leurs propres ambitions. Chacun peut le constater : pas un seul Conseil des ministres depuis bientôt 5 ans; fausses signatures du Président de la République; cacophonie gouvernementale; défiances publiques entre les principaux responsables de l’État; institutionnalisation du faux et des actes apocryphes au cœur de l’État et même dans un domaine sensible comme celui de la Justice, vrais-fausses nominations du président de l’Assemblée nationale; actes apocryphes du tribunal militaire de Yaoundé pour maintenir illégalement en prison les MARCHEURS PACIFIQUES, notamment ceux de septembre 2020; vraie-fausse ordonnance de mise en liberté de suspects dans la scandaleuse affaire de l’assassinat du journaliste Martinez ZOGO; divulgation quasi quotidienne des documents confidentiels de l’État sur les réseaux sociaux; rébellion administrative par le refus de certains fonctionnaires de se soumettre aux actes les relevant de leurs fonctions; spectacle ubuesque et désolant des membres du Gouvernement s’accusant mutuellement et publiquement au sujet de défaillances, insuffisances et autres manquements du pouvoir; usurpation permanente des prérogatives du Premier Ministre, Chef du Gouvernement à travers les fameuses « Très Hautes Instructions » dont l’authenticité est souvent publiquement remise en cause par des membres du Gouvernement, sans pour autant que le Président de la République en fonction lui-même ne tranche.

Humilié, parfois publiquement, par des membres de ce qui est supposé être son « son équipe gouvernementale », le Premier Ministre tente de s’occuper comme il peut par l’inauguration en grandes pompes d’un lycée à Bogo, dans la Région de l’Extrême-Nord, pendant que le pays dont il est censé coordonner les actions de développement au niveau national tombe en décrépitude.

De tous les pays producteurs de pétrole en Afrique, le Cameroun est celui qui pratique les prix les plus élevés à la pompe. Avec un taux d’imposition de plus de 200%, le pouvoir en place estime que ses prélèvements sur les produits pétroliers ne sont pas assez et qualifie de subventions les revenus qu’il aurait dû percevoir à la suite de nouvelles augmentations des impôts et taxes sur ces produits.

Au regard du comportement du marché international du pétrole, il faut craindre une nouvelle hausse des prix des produits pétroliers en 2024. Le pouvoir en place est désemparé face aux caisses publiques vides et à une dette publique de plus en plus insoutenable parce que l’argent emprunté à un taux d’intérêt de plus en plus élevé est dilapidé dans la gabegie, absorbé par les détournements pathologiques des fonds publics et des investissements défiant le bon sens. !

Ce pouvoir incompétent, qui choisit toujours les solutions de facilité, n’a pas trouvé mieux que de construire à coups de milliards des péages sur des routes inexistantes, alors qu’ailleurs les 3 péages font partie des infrastructures normales d’accompagnement des autoroutes.

À tous ceux qui seraient enclins à voir dans ce tableau sombre de l’état du gouvernement de notre pays une quelconque exagération, je leur recommande de lire ou d’écouter le Ministre Délégué à la Présidence de la République chargé de la Défense qui, lors de la réunion spéciale d’évaluation sécuritaire qu’il a présidée le 13 novembre 2023 dans son cabinet, déclarait devant la presse : « Dans les grandes métropoles, il y a lieu de prendre en compte les mécontentements croissants d’une frange de la population face à la décrépitude des voiries urbaines, les délestages de l’énergie électrique. Autant de situations que nous nous devons de suivre de très près. » Cette déclaration laisse songeur lorsqu’on sait que des MARCHEURS PACIFIQUES du MRC sont encore en prison, et pour longtemps, simplement pour avoir essayé pacifiquement, à travers des manifestations publiques légalement déclarées et non interdites selon la loi, d’alerter les autorités et l’opinion publiques sur quelques dysfonctionnements dans la gestion du Cameroun. A national awakening is essential if our country is to avoid the worst.

Regarding the fratricidal conflict that has been going on for 7 years in the English-speaking regions of the country, the reality at the end of 2023 is that civil war is still claiming victims, despite the triumphant declarations of those who have chosen the military option to settle the conflict. The Cameroonian government has already joined in mediation attempts, then suddenly denounced them, without it being possible to grasp the political logic of its spectacular U-turn. It is as if they were simply manoeuvres to lull the international community into complacency and buy time by sticking to its initial military option, which it has never changed. In fact, more than 3 years after the Major National Dialogue, the cosmetic resolutions adopted at these meetings have shown that they are not the long-awaited solution to the conflict. For the Cameroon Renaissance Movement (CRM), as we have stated on several occasions, the Anglophone question and its generated conflict cannot be sustainably resolved by arms.

I, therefore, reiterate the urgent need to finally organise a genuine and inclusive National Dialogue, including the participation of those who claim to be of the Southern Cameroons, during which the form of the State and the introduction of federalism will be particularly discussed.

Outre la guerre civile en cours dans les régions anglophones, la guerre contre la secte BOKO HARAM n’est pas encore définitivement gagnée malgré les coups mortels portés par nos braves soldats à l’ennemi. Des attaques armées sporadiques continuent de faire de nombreux morts dans l’Extrême-Nord et perturbent la quiétude des populations qui errent faute d’un accompagnement approprié et suffisant des pouvoirs publics. D’importants efforts restent encore à fournir pour soulager ces populations en grande détresse.

L’insécurité a gagné les villes et les villages, et même les voies de communication, en particulier les principaux axes routiers du pays. Face à la montée générale de l’insécurité, avec notamment des assassinats à l’arme blanche et des féminicides, on est tenté de penser que le pouvoir a réduit les missions traditionnelles conjointes des forces de sécurité et de la justice à la seule répression des militants du MRC dont le pacifisme à toute épreuve n’a pourtant jamais été pris à défaut depuis la création de notre parti.

Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes,

La situation sociale est explosive dans le pays. Nous la vivons tous au quotidien : longues coupures intempestives d’électricité et d’eau; explosion des prix sur les marchés, y compris ceux des denrées alimentaires et autres produits de première nécessité; érosion du faible pouvoir d’achat des ménages; ruptures dans le ravitaillement du carburant et du gaz; grèves multiples et répétitives, notamment celles des enseignants dont le pouvoir a organisé l’enlisement; délabrement généralisé des infrastructures routières à travers le pays, ainsi que du paysage urbain, accentué par le non ramassage des ordures ménagères, notamment dans la capitale politique, Yaoundé, et la capitale économique, Douala; dégradation avancée des conditions de travail dans l’administration; manque chronique d’emplois et chômage endémique des jeunes, notamment des diplômés de l’enseignement supérieur; grande détresse des retraités qui peinent à rentrer dans leurs droits parfois plusieurs années après leur départ à la retraite, et j’en passe.

Voilà autant d’éléments qui alimentent la colère sourde qui travaille la société camerounaise dont la misère du plus grand nombre contraste violemment avec l’abondance, le luxe et les mondanités qu’une poignée de personnes sans compassion ni éthique leur jette au visage avec le plus grand mépris. Il suffit de voir avec quelle arrogance le gouvernement a géré le scandale économique et financier des lignes 94 et 65 du budget de l’État ainsi que la décoration des acteurs des scandales de la CAN 2019-2022 et de la Covid-19 pour mesurer son dédain pour le peuple camerounais.

ENSEMBLE, DANS LES URNES ET DANS LA PAIX, TOURNONS LA PAGE DU RÉGIME TRIBALISTE, CORROMPU ET INCOMPÉTENT DU RDPC EN 2025 AFIN D’EVITER L’IMPLOSION DE NOTRE PAYS.

À cette fin, j’appelle les Camerounais à s’inscrire massivement sur les listes électorales dès leur réouverture en début janvier, et d’aller voter le moment venu, surtout protéger et défendre leurs votes. J’ai abrégé ces actions par le sigle IVSD, c’est dire : S’INSCRIRE, VOTER, SURVEILLER et DÉFENDRE son vote. Si nous le faisons, alors notre victoire, c’est-à-dire celle des Camerounais de toutes les régions et de tous les bords politiques qui veulent le Changement, est certaine. Dans cet ordre d’idées, j’invite une fois de plus ELECAM à ne plus manipuler les listes électorales, notamment en organisant délibérément un décalage entre les inscriptions massives des Camerounais observables par tous, et les nombres d’électeurs finalement admis à voter.

Plus que jamais, la situation politique et sociale du Cameroun est telle que chaque acteur du processus électoral doit éviter à tout prix d’être celui qui craque une allumette dans une usine à gaz. La Convention statutaire du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun s’est tenue les 9 et 10 décembre 2023 à Yaoundé, avec le succès retentissant qu’on connaît, et dont les échos nous parviennent encore de tous les coins du pays et de diverses parties du monde.

Quelles que soient les raisons pour lesquelles on nous a contraints à débuter les travaux de cette Convention très tard dans la nuit, le pari sombre d’un affrontement entre nos milliers de délégués à ladite Convention, que l’on espérait exaspérés, et les forces pré-positionnées aux abords du Palais des Congrès pour les besoins de la cause ne s’est pas réalisé. Une fois de plus, les militants du MRC ont refusé de céder à la provocation et ont administré une leçon de discipline, de détermination et de courage aux extrémistes du régime en place. Je tiens à les remercier pour leur comportement digne et exemplaire, et pour la réussite exceptionnelle de cette Convention historique.

Les Amis politiques, délégués à cette Convention, ont voté massivement en faveur de la liste que je portais. Ils m’ont donc renouvelé leur confiance pour diriger notre parti pendant les cinq prochaines années. Conformément à nos statuts, en me reconduisant au poste de Président national du parti, ils ont également fait de moi le candidat du MRC au prochain scrutin présidentiel de 2025. Je les en remercie et les assure que, comme en 2018, je mettrai toute mon énergie au service de cette candidature afin que soit réalisée l’espérance commune qu’elle suscite pour ce scrutin 2025, crucial pour l’avenir de notre pays.

Avant cette Convention et lors de son déroulement, d’autres partis politiques, des organisations de la société civile et des personnalités indépendantes ont décidé librement de créer une dynamique politique autour de ma candidature à la prochaine élection présidentielle. J’ai répondu favorablement à cet appel à l’union des forces du changement qui se regrouperont sous l’appellation de l’ALLIANCE POLITIQUE POUR LE CHANGEMENT en abrégé APC.

Hormis ses composantes actuelles, les partis politiques et les organisations de la société civile, cette Alliance est appelée à regrouper des autorités traditionnelles et religieuses, des universitaires, des intellectuels, des femmes et des hommes de culture, etc. Je serai donc le candidat du MRC et de l’APC au cours du prochain scrutin présidentiel de 2025 ou avant. Je salue le sens patriotique des responsables politiques et des diverses personnalités de l’APC, qui ont fait le choix politique courageux de soutenir ma candidature. Après la présidentielle de 2025, l’histoire retiendra leur sacrifice politique pour sauver notre pays en œuvrant ensemble à l’élection du troisième Président de la République du Cameroun après 65 ans d’indépendance.

To the militants and supporters of the CRM, to the militants and supporters of the Political Alliance for Change (PAC) member parties, to the personalities who are members of the PAC, and to all those yearning for Change, I reiterate: I will not betray you. In the next few weeks, the PAC will announce its activities in support of my candidacy. But I can already tell you that the central themes of my campaign will include:

– An end to the fratricidal war in the English-speaking regions of the North-West and South-West, and the organisation as soon as possible of a genuine inclusive National Dialogue, including the all the actors, during which there will be no taboo subjects, not even that of the form of the State or the introduction of federalism in our country.

– Constitutional, legislative and institutional reform to guarantee the democratic functioning of public life and the electoral system.

– In-depth reform of the judicial system to make the judiciary a genuine guarantor of the rule of law and equality for all before the law.

– Economic recovery by simplifying the formalities for setting up a business and other administrative, tax and customs formalities, and by introducing targeted incentives to stimulate agricultural and industrial production, and develop exports to positively reverse the balance of trade in the medium term.

– The general reform of social protection, the health system, and the establishment of a health insurance system in order to finally preserve human dignity in our country.

– Reform of national education, higher education and research to prepare learners to meet the challenges of research and innovation, and to contribute to wealth and job creation.

– The reform of the security and defence system so that it be used to protect the citizens instead of terrorising them, and to effectively defend the national territory while taking care of the military condition.

– Establishing dual citizenship as soon as possible to enable the country to benefit from the skills and investments of its very dynamic diaspora.

It is important to remember that the PAC remains open to all those who believe that the current regime is now Cameroon’s problem, and therefore can no longer contribute anything to its recovery. Our compatriots in the ruling CPDM party, who demonstrate a patriotic reawakening, are also welcome in the PAC. Let them come and take their place on the train of national renaissance. My conception of power, although attached to the issue of individual responsibility, does not accept political ostracism, nor tribal considerations or witch-hunting.

Camerounaises, Camerounais, Mes Chers compatriotes,

Ne cédez pas aux manipulations en cours sur la possibilité pour le MRC de présenter un candidat à l’élection présidentielle si le calendrier électoral était inversé. Certes, le MRC a boycotté le scrutin législatif et municipal du 9 février 2020. Cette décision salutaire et historique du Conseil national du MRC élargi aux responsables départementaux a été bien comprise par nos militants depuis la base, et a permis à notre parti d’éviter un piège politique mortel tendu par le régime.

Mais je suis à mesure de vous confirmer ce que je n’ai cessé de vous dire depuis un certain temps déjà, à savoir que le MRC présentera son candidat à l’élection présidentielle, même si celle-ci était convoquée maintenant. Il n’est pas obligé de passer nécessairement par un autre parti politique pour avoir le droit de se présenter. En vertu des dispositions pertinentes de la Constitution et au regard de plusieurs cas précis survenus dans notre pays, le MRC compte dans ses rangs plusieurs élus issus des élections étatiques, dont les mandats courent encore. Par conséquent, ne vous laissez plus distraire par des débats oiseux qui trahissent simplement soit l’inculture juridique et politique de ses auteurs, soit la panique de nos adversaires. Il nous revient collectivement de faire définitivement échec au projet jamais abandonné d’une transmission du pouvoir de gré à gré ou dynastique dans notre pays. Par son vote, chacun de nous tient entre ses mains la clef du changement au Cameroun.

Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes,

Au moment où s’achève l’année 2023 particulièrement difficile pour notre pays, permettez-moi, en mon personnel, aux noms des militants et sympathisants du MRC et des membres de l’Alliance Politique pour le Changement, de vous présenter mes vœux les meilleurs pour l’année 2024, avec une pensée spéciale pour nos Otages Politiques qui restent arbitrairement détenus dans les prisons de Yaoundé et de Douala. May God bless Cameroon !

Maurice KAMTO, Président national du MRC,

Candidat du MRC et de l’APC pour le scrutin présidentiel de 2025 ou avant.

Yaoundé le 31 décembre 2023 à 20h.