Monsieur Basile Ader,
Vice-Bâtonnier du Barreau de Paris,
Monsieur le vice-Bâtonnier,
Et cher confrère,
J’ai bien reçu, par les bons soins de Me Félicité Zerfruser (que je n’ai malheureusement pas pu rencontrer personnellement) votre mot aimable daté du 8 juin dernier et vous remercie bien vivement de vos marques d’attention bienveillantes et de votre fraternité.
Grâce à la rapidité de la circulation de l’information de nos jours, j’avais déjà appris votre refoulement, à deux reprises (les 7 et 8 juin) à la prison centrale de Yaoundé où nous sommes détenus (le gros de mes camarades et sympathisants étant à la prison centrale de Kondengui, toujours à Yaoundé). Cette attitude incompréhensible et en tout cas scandaleuse des autorités camerounaises renseigne à suffisance sur la nature du régime dans lequel nous vivons au Cameroun, et donne tout son sens à notre combat pour la liberté et la justice.
Notre détention illégale (précédée d’arrestations également illégales) accompagnée de cas de torture graves, n’en accroissent que notre détermination dans le combat. Prisonniers politiques, nous sommes pour avoir osé nous prévaloir du droit à la manifestation publique pacifique. Et, le pouvoir en place à Yaoundé semble décidé à nous éliminer de la scène politique camerounaise. En ce qui me concerne, je ne transfèrerai pas à mes enfants, et aux générations futures, un combat juste qu’il m’échoit de mener contre un pouvoir au demeurant illégitime.
Au Bâtonnier du barreau de Paris, à vous-mêmes et à l’ensemble des membres du Conseil de l’ordre, j’exprime ma profonde gratitude à l’attention portée à ma situation, et vous prie de vous faire écho, partout où vous pouvez, de la grave injustice dont mes codétenus et moi-même sommes victimes.
Très cordialement et confraternellement,
Maurice KAMTO,
Prison principale de Yaoundé, le 11 juin 2019.