31
Déc 2018

Camerounaises, Camerounais, Mes chers compatriotes;

Nous voici parvenus, malgré les nombreuses épreuves, à la fin de l’année 2018. Malheureusement, le Cameroun est aujourd’hui un Etat effondré; une Nation déchirée; les Camerounais sont désemparés et défaits, alors que s’installent dans leur esprit le doute, le pessimisme et le cynisme. Ils ont perdu leur dignité et leur fierté, principaux ressorts de leur confiance en eux-mêmes. Les Camerounais sont méconnaissables, et mon cœur en est meurtri. Voilà dans quel état nous arrivons en cette fin de l’an de grâce 2018.
La cause de tout ce drame a un seul nom, BIYA Paul. Jamais un homme n’aura autant sacrifié le sort des siens pour son égo.
S’agissant du drame qui se déroule dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le régime de M. Paul BIYA s’est entêté à persévérer dans la solution armée, malgré les appels du monde entier à un dialogue inclusif en vue d’une solution politique à ce conflit. Après avoir ignoré tous les avertissements sur les signes prémonitoires d’un conflit profond, le pouvoir s’est engagé dans une utilisation disproportionnée et immodérée de la force, de la terreur judiciaire et des opérations militaires punitives de masse, avec à la clé des massacres de populations non armées. C’est ainsi que, de protestations en révolte, notre pays se trouve aujourd’hui empêtré dans une guerre civile, inutilement déclenchée depuis novembre 2016.
Après deux années, le bilan de ce conflit fratricide est désastreux:
  • sur le plan humanitaire, près de 1000 morts parmi les populations civiles, plus de 200 parmi les éléments des forces de défense et de sécurité, plus de 50.000 réfugiés au Nigeria, des centaines de milliers de déplacés internes, une pratique généralisée de la torture et des actes de barbarie, des arrestations et des détentions massives;
  • sur le plan économique et social, plus de 6.000 emplois détruits dans un pays miné par un chômage élevé et un manque chronique d’emplois, notamment parmi les jeunes;
  • 269 milliards F CFA de chiffre d’affaire perdus; 5,9 milliards FCFA de recettes fiscales perdues, 8000 emplois du secteur informel compromis, selon une enquête du GICAM datée de juillet 2018; 70 milliards de pertes pour les établissements de Micro-finance.
J’ai présenté, le 26 novembre dernier, un plan d’actions visant à mettre fin à ce conflit et à restaurer une paix durable. Il s’agissait d’un ensemble cohérent de mesures, dont chaque élément est articulé aux autres dans un maillage qui en garantit la réussite. Fidèle à sa logique de propagande et d’enfumage de l’opinion, M. BIYA a cru bon d’en extraire quelques éléments, en guise de propagande, à l’instar de la création le 30 novembre dernier du Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réinsertion pour les ex-combattants de Boko Haram et des Groupes Armés des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il en va de même de la libération de 289 détenus Anglophones, dont il s’avère du reste que tous ne sont ni anglophones ni impliqués dans le conflit dans les régions anglophones.
Ce saupoudrage est sans efficacité et, bien évidemment très en-deçà des attentes de nos compatriotes.
On n’est point étonné qu’une telle approche parcellaire ne conduise à une impasse, car comment comprendre la mise en œuvre du processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, sans le préalable de la négociation d’un cessez-le-feu? Il en va ainsi des autres mesures proposées et non appliquées, dont la mise en œuvre cohérente aurait constitué la clé de voûte de la réussite d’un processus de paix durable.
En revanche, l’opération de récolte de dons au profit de nos compatriotes des régions anglophones à travers la Fondation AYAH, qui est encore en cours, peut déjà être qualifiée de succès. C’est d’ailleurs l’occasion ici de saluer toutes celles et tous ceux qui ont fait preuve de générosité par des dons de diverses natures. Permettez-moi aussi de rappeler que les enfants et les populations de ces deux régions ont encore besoin de votre générosité. Ne les abandonnons pas. Continuons à nous mobiliser pour leur venir en aide. J’encourage les responsables de la Fondation AYAH à faire preuve d’une bonne gestion des ressources mises à leur disposition à la faveur de cette opération. Je compte sur eux pour s’entourer de tous les relais disponibles afin d’atteindre tous ceux qui ont besoin d’aide. Cette opération doit, en effet, faire oublier l’insaisissable Plan d’Assistance Humanitaire d’urgence du Gouvernement qui portait sur 13 milliards, lancé en juin dernier et dont les populations des deux régions anglophones attendent encore les fruits et le contribuable camerounais le bilan de la gestion financière.
Camerounaises, Camerounais, chers Compatriotes!
Le 7 octobre 2018 a eu lieu l’élection présidentielle. Vous m’avez fait confiance et votre victoire a été volée dans des conditions de fraudes massives et ignobles dont vous avez été les témoins: des PV falsifiés, des résultats fabriqués de toutes pièces par des montages informatiques, nos représentants dans les bureaux de vote violentés, les faux représentants de Transparency international sur la CRTV nationale démasqués, et j’en passe.
Pour établir la vérité des urnes à l’issue de ce scrutin, j’ai demandé un recompte des votes. Sans succès à ce jour. De quoi a-t-on peur donc si l’on est si sûr de sa victoire, comme le laisse croire le camp de M. BIYA à cette élection?  Je m’attendais à ce qu’il saute sur l’occasion pour me confondre!
A tous ceux qui, ici au Cameroun ou à l’étranger, veulent faire passer notre revendication de la victoire pour une attitude de mauvais perdant, en nous demandant de tourner la page, comme s’il s’agissait d’un fait banal, nous voulons rappeler que l’enjeu de la démocratie est le développement du pays et le progrès des populations; et l’élection en est la clé de voûte. Un processus électoral transparent, crédible et fiable est le dispositif indispensable pour une démocratie véritable. Lorsque ce processus, par quelque procédé que ce soit, est truqué ou dévoyé, la démocratie perd son utilité et sa justification.
Il faut donc éviter de banaliser l’élection comme si c’était une plaisanterie. Il s’agit d’un acte sérieux qui détermine le sort de la société et de ses membres. A force d’en avoir fait une mascarade, le Cameroun se trouve dans l’enlisement économique, social et culturel dans lequel il est plongé depuis de nombreuses années. On ne peut donc pas tourner la page à la va-vite, comme des inconscients.
Il faut bien voir que le trucage des élections, en produisant des dirigeants incompétents et illégitimes, est la principale explication de tous les drames que traverse notre pays: de la stagnation économique, sociale et culturelle jusqu’au conflit armé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Et aux dernières nouvelles, les choses vont en s’aggravant, puisque certaines zones limitrophes entre régions francophones et anglophones sont désormais plongées dans la tragédie des affrontements armés et des incendies dévastateurs de villages entiers, comme à Bangourain dans le Noun, avec un risque réel de généralisation de la guerre civile.
Mes chers compatriotes, vous comprenez bien pourquoi on ne peut pas tourner la page aussi facilement après les dérives de la dernière élection présidentielle. Il nous faut en tirer tous les enseignements utiles.
Cette élection a permis de vous apporter des preuves irréfutables qu’un seul individu, M. BIYA Paul, a mobilisé toutes les ressources publiques – financières, administratives, matérielles, institutionnelles et sécuritaires – pour perpétuer sa réélection. Ce n’est ni plus ni moins que de la corruption, une atteinte à la fortune publique et de l’abus du pouvoir qui ont conduit à un HOLD UP ELECTORAL.
Dans ces conditions, nous devons être clairs sur notre détermination ici réaffirmée une fois de plus à tout mettre en œuvre afin que les élections dans notre pays se tiennent, enfin, après une réforme consensuelle de notre système électoral, garantissant un choix transparent et crédible de dirigeants à tous les niveaux.
D’ores et déjà, j’appelle tous les Camerounais, qui pensent qu’il est enfin temps de sortir du système de parti unique déguisé derrière lequel se cache le régime de M. BIYA depuis le début de l’apparente démocratisation des années 1990, à me rejoindre dans ce combat indispensable pour l’avènement effectif de la démocratie dans notre pays. Ce combat est essentiel, au-delà des mots et des apparences, pour séduire les investisseurs notamment internationaux, et inscrire notre pays dans la modernité.
Le recompte des voix concernant la dernière élection présidentielle et la réforme profonde et consensuelle du système électoral sont les points que nous avons fait connaître à l’Union africaine, aux organisations africaines sous-régionales, aux institutions internationales et aux pays amis.
Compte tenu du calendrier parlementaire et du calendrier électoral, le dialogue politique devant conduire à la réforme consensuelle du système électoral devrait se tenir avant fin février, c’est-à-dire avant la session parlementaire de mars, si l’on veut que les résolutions de ladite réforme soient soumises aux parlementaires et que les lois qui en découleront permettent à temps de préparer le double scrutin de septembre 2019.
Par avance, je vous annonce que dans les tous prochains jours, le MRC rendra publiques ses propositions enrichies pour la réforme de notre système électoral.
Camerounaises, Camerounais, Mes chers Compatriotes!
Dans le processus d’effondrement de notre pays auquel nous assistons, le retrait au Cameroun de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2019 est le révélateur de la faillite totale du leadership de M. BIYA Paul. C’est le coup de massue qui a révélé au grand jour l’incurie de ce régime, qu’aucune imposture, aucune propagande mensongère ou slogan creux ne pourront cacher. C’est le révélateur de l’incompétence de ce pouvoir dont le Chef, s’avance à la légère aux premières lignes, pour promettre et ne point tenir: «le Cameroun sera prêt le jour dit, j’en prends l’engagement».
Or, c’est en septembre 2014, faut-il le rappeler, que la CAF a attribué au Cameroun l’organisation de cette CAN 2019. Cette attribution que le régime de M. BIYA a brandie comme un trophée alors même qu’il n’a rien fait pour le sport en général et pour le football en particulier après plus de trente ans de pouvoir, a vite fait naitre de gros appétits au sein d’un système dont la réputation en matière de corruption et de détournements de deniers publics est mondialement établie.
Le retrait rocambolesque de cette CAN 2019 au pays des Lions Indomptables n’est le résultat d’aucun complot de quelques forces obscures nationales ou internationales. Il est la manifestation palpable de défaillances du leadership et de la gouvernance que nous cumulons depuis des décennies, peut-être sans y faire attention. En effet pour peu qu’on y réfléchisse, on aurait pressenti, à la lecture des échecs antérieurs du régime en place, que l’organisation de la CAN 2019 ne pouvait être que la chronique d’un fiasco annoncé d’avance.
Je voudrais vous rappeler que ce régime n’est jamais parvenu à respecter les échéances annoncées, au point où pour sortir des contraintes de son devoir, il s’est libéré du temps croyant pouvoir devenir lui-même le temps.
Ainsi en fut-il de la célébration du cinquantenaire de la réunification originellement prévue en 2011 et qui se fêtera en 2014, avec trois ans de décalage donc!
Ainsi du comice agropastoral qui se tenait traditionnellement tous les deux ans afin de promouvoir l’agriculture et ses acteurs: le dernier comice s’est tenu à Ebolowa en 2011, 23 ans après celui de Maroua en 1988; la date du prochain est remise aux calendes grecques!
Ainsi du conseil des ministres qui se tient, au gré de la formation de nouveaux gouvernements, selon les caprices du prince, tous les deux ou trois ans.
Ainsi de la tenue de la finale de la coupe nationale de football dont la date, autrefois connue dès le début de la saison est désormais inconnue, aléatoire, au point où cette année, l’équipe vainqueur a été privée de s’inscrire au tournoi continental de la Coupe africaine des vainqueurs de coupe.
Ainsi du Conseil de l’enseignement supérieur qui doit se tenir tous les cinq ans pour fixer le cap de l’enseignement supérieur dans notre pays, et qui ne s’est pas tenu une seule fois depuis plus de 30 ans.
Ainsi des feuilles de route qui deviennent des plans d’urgence, en marge de budgets programmes, tels des slogans sans impact réel sur la vie des populations.
Ainsi des septennats qui passent de grandes ambitions aux grandes opportunités en passant par les grandes réalisations, avec pour seul effet l’aggravation de la misère et de la précarité.
Ainsi des grands projets engagés par le régime de M. BIYA, jamais achevés dans les délais prévus, et dont les coûts, selon un rapport de la Banque mondiale, s’avèrent de deux à six fois supérieurs à des projets similaires dans des pays de niveau de développement comparable; ces projets sont transformés en une formidable source d’enrichissement personnel pour des hauts commis de l’Etat et des proches de M. BIYA, en impunité.
Ainsi, au niveau international, de la passation du témoin au Président en exercice suivant de l’OUA en juillet 1997, où M. BIYA était absent, n’ayant pas cru devoir faire le déplacement d’Harare au Zimbabwe, alors qu’il était le Président en exercice sortant de l’OUA depuis le Sommet de Yaoundé de 1996.
Ainsi de son absence systématique aux Sommets de chefs d’Etat de l’Union africaine, mais aussi bien souvent des organisations sous-régionales! En l’occurrence, son absence au Sommet des chefs d’Etat de la CEMAC de N’Djamena en 2000 aura coûté à notre pays la perte du siège de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale, alors que toutes les études, y compris celles du groupe de la Banque mondiale, avaient montré que Douala était le siège naturel de cet organisme financier stratégique.
Cette inertie et les multiples échecs qu’elle entraîne sont la conséquence directe de l’indifférence de M. BIYA aux dossiers cruciaux pour l’avenir du Cameroun et son rayonnement international. Ils sont aussi liés à une gouvernance marquée par la corruption et l’impunité dont vous vivez les dures conséquences dans votre vie quotidienne. Sinon, comment comprendre que les salaires des dirigeants des entreprises publiques et parapubliques soit en moyenne d’environ 20 millions de francs par mois, alors que ces entreprises sont des gouffres financiers et ne vivent que des subventions publiques, au lieu d’être des agents et des catalyseurs du développement du pays?
Dans un pays normal, quand près de 2000 milliards FCFA de sueur et de sang des contribuables s’envolent en fumée, sans contrepartie en termes de retombées économiques, financières et sociales pour la collectivité nationale, à cause de l’incompétence et de la corruption de certains responsables, ceux-ci sont limogés et une enquête est immédiatement ordonnée pour établir les responsabilités, déterminer les causes des dérives et proposer des mesures de redressement. Au Cameroun, rien de tout cela. Le prétendu maître du temps s’emmure dans un silence assourdissant dans le mépris total de ceux qui ne sont plus ses concitoyens, mais ses sujets.
Mes chers compatriotes,
L’histoire de notre pays ainsi que les évènements récents m’amènent à partager avec vous une préoccupation profonde. J’ai l’impression, que pour des raisons difficiles à expliquer, nous avons un problème avec notre capacité d’indignation collective, notre aptitude à nous lever ensemble en tant que citoyens d’une même nation pour dire NON à l’inacceptable.
Lorsque entre la fin des années 1950 à celle des années 1960 furent massacrées, pour des raisons politiques, les populations de l’ancienne Sanaga maritime, du Nkam et de l’Ouest, le reste des Camerounais s’est tu, ne se sentant pas concerné; lorsque après la tentative de coup d’Etat manqué d’avril 1984 l’essentiel des officiers, officiers supérieurs et une bonne partie de l’élite civile originaires de la partie septentrionale de notre pays fut décimée, le reste des Camerounais eut beau jeu de dire qu’ils n’avaient eu que ce qu’ils méritaient;
Lorsque BOKO HARAM a commencé le massacre de nos frères et sœurs du Septentrion, les populations des autres régions du pays le vivaient dans l’indifférence comme si elles n’étaient pas concernées;
Alors que depuis deux ans on massacre les populations des régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-Ouest, le reste des Camerounais ne se sent pas concerné, tirant prétexte de ce que ce sont des sécessionnistes.
Manipuler les Camerounais, les diviser et les opposer entre eux, attiser les haines ethniques, voilà la recette du régime de M. BIYA, élève modèle de l’école coloniale, recette qui fonctionne encore et toujours, même après l’indépendance du pays.
Nous apprenons avec application à nous détester entre nous et à cultiver l’indifférence vis-à-vis du voisin, nos compatriotes, voire nos frères et sœurs de sang. Si nous persistons dans cette attitude antinationale, la question sera: A qui le tour demain?
Cette indifférence est quelquefois justifiée par le refus de certains de se mêler de la politique. Mais ceci n’est qu’une piètre excuse, car voici que les préparatifs d’un évènement sportif, la CAN, a révélé la profondeur abyssale de l’échec du leadership camerounais et dévoilé un pays mis en coupe réglée par un gang mafieux aux ramifications internationales. Il ne s’agit pas de politique, mais de l’humiliation et de la ruine nationales: du fait que c’est l’expression la plus spectaculaire de la régression du Cameroun; du fait que nos hôpitaux sont devenus des mouroirs, que notre système éducatif est une machine à fabriquer l’échec et le chômage, que notre pays est devenu une gigantesque braderie de nos ressources et des entreprises publiques et parapubliques, que nos soi-disant villes sont d’insoutenables espaces de chaos et de ruine. Selon certaines estimations, ce sont environ 1000 milliards de francs CFA qui sont engouffrés dans cette opération foireuse, et chacun de nous et de nos enfants devra contribuer au remboursement des dettes énormes contractées à cette occasion par un pouvoir irresponsable. Or, si l’humiliation nationale que constitue le retrait de cette CAN à notre pays a mis en colère la plupart de nos compatriotes, il n’a provoqué aucune indignation collective. Au contraire, certains s’évertuent à trouver des excuses à un leadership dont la culpabilité n’est pas douteuse, et qui, arrogant et méprisant comme à l’accoutumée, s’est murée dans le silence au lieu de tirer toutes les conséquences de ses errements.
Personne ne viendra libérer le Cameroun à notre place du joug de la dictature, du népotisme, du vol compulsif, de la rapine, des dépravations de toutes sortes. Regardez l’histoire des nations et vous verrez que c’est chaque peuple qui se libère par lui-même, que ce soit en Europe, en Amérique, en Asie ou en Afrique. Nous devons consentir collectivement des sacrifies importants pour libérer notre pays d’un régime mafieux, incompétent, corrompu et vénal. Nous le devons à la jeunesse camerounaise et aux générations futures.
C’est pour cela que j’ai demandé, le 25 octobre 2018, aux Camerounais d’entrer en résistance contre le pouvoir illégitime de M. BIYA dont vous avez été nombreux à sanctionner dans les urnes la gestion.
Notre pays est depuis lors plongé, en plus de la guerre civile dans les régions anglophones, dans une crise postélectorale qui a mis même la diaspora debout.
En effet, malgré la répression sauvage du régime illégitime, des manifestations ont été organisées contre ce Hold-Up électoral dans plusieurs localités du pays, mais également dans la diaspora. Le bilan humain des manifestations pacifiques engagées à travers le pays est très lourd.
Plusieurs manifestants pacifiques ont été torturés, certains ont été lourdement atteints physiquement et psychologiquement; ils ont subi des traitements dégradants de la part des forces de sécurité dont certains éléments ont particulièrement brillé lors des répressions par leur haine tribale. Ces éléments zélés, gagnés par la peur de l’alternance politique ont tort. L’alternance n’est ni contre quelqu’un, ni contre un groupe, un clan, une tribu, un parti politique ou une catégorie de fonctionnaires ou de citoyens! Elle vise le mieux être collectif, à construire une conscience nationale, à rétablir la concorde au sein de nos populations et à les remettre au travail dans l’intérêt de nos enfants et des générations à venir.
C’est l’occasion pour moi de féliciter, une fois de plus tous les Camerounais de l’intérieur et de la diaspora, les membres de la coalition qui a soutenu ma candidature et mes camarades du MRC qui se sont levés pacifiquement mais fermement pour dire NON AU HOLD-UP; de souhaiter un prompt rétablissement à celles et ceux qui ont été blessés et sont en convalescence, et de rassurer ceux qui sont encore en attente de jugement que nous ne les abandonnerons pas à l’injustice du régime.
Je voudrais relever ici, le rôle historique et primordial de notre diaspora dans cette lutte de libération. Cette diaspora engagée mérite tout notre respect, ainsi que nos encouragements à porter avec toujours plus de détermination la cause nationale de la lutte pour la liberté, la démocratie et le progrès partagé sur la scène internationale, afin que nos populations ne soient pas décimées ou réduites à la misère dans un huis clos insoutenable.
La deuxième phase du Plan National de Résistance est en cours. Elle prévoit le dépôt, les 6 et 22 de chaque mois sur l’étendue du territoire national des déclarations de manifestations publiques auprès des sous-préfectures ayant pour objet «Non au hold-Up électoral» et l’organisation d’une journée citoyenne où des sujets d’intérêt national sont abordés.
Dans la diaspora, cette phase de la résistance correspond à l’intensification de manifestations publiques dans les pays de résidence, pour sensibiliser sur le hold-up électoral perpétré par M. BIYA et ses obligés du Conseil Constitutionnel.  J’invite tous ceux qui sont chargés du déploiement des toutes ces opérations tant au niveau national que dans la diaspora, à redoubler d’ardeur et à veiller à remplir, chacun en ce qui le concerne, ses missions avec dévouement et patriotisme.
Dès à présent, je vous invite à préparer activement la réussite populaire de la grande mobilisation citoyenne, républicaine et pacifique, qui débutera en mi-janvier sur l’ensemble du territoire national. Il s’agira des marches de l’indignation, de protestation et de la colère, à la fois:
– contre la guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest pour dire: NON, CETTE GUERRE NE SE FAIT PAS EN NOTRE NOM;
– contre l’assassinat de la démocratie par les fraudes électorales massives et le vol de l’élection pour dire: NON AU HOLD-UP ELECTORAL;
– contre la corruption, les détournements et le pillage dans l’impunité de l’argent public et des ressources de la Nation, notamment par un gang de malfaiteurs qui tentaient de dissimuler leurs forfaits sous le couvert de l’organisation de la 32e Coupe d’Afrique des Nations, pour dire: NON AUX CRIMES CONTRE LA FORTUNE PUBLIQUE.
Je vous engage à la discipline, à ne pas céder aux provocations du régime qui ne manqueront pas, et à vous vêtir en blanc (vêtements, T-Shirt, foulard, brassard, bref tout signe distinctif blanc) pendant cette mobilisation populaire que nous baptisons la «Marche Blanche».
Je tends la main à tous les compatriotes, y compris à ceux du RDPC qui désormais peuvent réaliser par eux-mêmes que ceux qui dirigent le pays sont insensibles à leurs souffrances et n’ont à la vérité pour seule ambition que de piller l’Etat, aux associations de la société civile, à la diaspora afin qu’ensemble, nous passions, enfin, un message fort et patriotique à M. BIYA.
Nous avons affaire à un régime prébendier qui, selon la Banque Mondiale a, en 2017, utilisé 52% du budget de l’Etat, soit un peu plus de 2000 milliards pour le fonctionnement, a dépensé 35,5 milliards rien que pour les frais de carburant et 42 milliards pour des gratifications; ce régime multiple par deux voire par six les prix de tous les grands travaux engagés dans le pays sous l’autorité directe de M. BIYA; selon la Radio-télévision Suisse, ce dernier a passé quatre ans et demi de ses 36 ans de pouvoir à Genève pour un coût de 65 milliards de francs CFA, et refuse obstinément,  depuis plusieurs années, l’application de la loi sur la déclaration des biens et avoirs des hauts responsables de l’Etat et des entreprises publiques. Face à un tel régime, nous devons résister!
Nous devons résister parce qu’il n’est plus acceptable que quelques familles, une caste, un clan, un club d’amis confisquent l’Etat, le pillent impunément, continuent d’engager l’avenir de nos enfants et des générations futures pour leur seul confort égoïste alors que notre pays a l’un des salaires minimum mensuel le plus bas au monde (36 270 F.CFA); que, malgré des dispositions légales sur la gratuité de l’école, des milliers d’enfants restent hors du système scolaire à cause de la pauvreté de leurs parents; que les soins les plus élémentaires restent payants dans les hôpitaux publics qui, en réalité, sont des mouroirs; et que la pauvreté reste galopante et l’indice des inégalités préoccupant!
Faites confiance à votre humble serviteur, le Président élu et légitime du Cameroun, pour rester toujours à vos côtés, pour relever la Nation, lui rendre son orgueil d’antan aujourd’hui bafoué, la construire et la rassembler dans toute sa diversité culturelle, linguistique, ensemble avec vous.
Faites-moi confiance pour rendre notre Nation prospère et juste, moderne et puissante, réfractaire au tribalisme qui nous affaiblit plus qu’il ne nous prépare aux défis mondiaux auxquels est confronté notre pays. Vous pouvez compter sur moi pour que nous réalisions ensemble la Renaissance nationale!
C’est sur cet engagement que je souhaite à chacun de vous individuellement, malgré toutes vos difficultés que je connais, une bonne et heureuse année 2019.
Vive la Résistance pacifique!
Vive le Cameroun!
Maurice KAMTO.
Yaoundé, le 31 décembre.