Chers amis Travailleurs, mes chers Compatriotes,
Le 1er mai 2014, vous célébrez la 128ème Journée Internationale du Travail. Cette Journée, instituée, voici 118 ans, le 1erMai 1886, vous donne l’opportunité d’exalter les acquis de votre lutte permanente et légitime pour l’amélioration de vos conditions de travail et de vie. Elle vous offre également une occasion particulière de scruter l’avenir avec lucidité, de méditer sur les problématiques fondamentales du monde du Travail et de faire des propositions aux décideurs, à défaut de revendications dans la stricte orthodoxie syndicale.
Le Thème soumis à votre méditation cette année est : «Travailleurs camerounais, ensemble contre le VIH/SIDA». L’importance de la problématique de la lutte contre le VIH/SIDA n’est plus à démontrer. Non seulement toute personne atteinte par cette maladie est une source de souffrance psychologique et financière pour sa famille et la société toute entière, mais plus particulièrement un Travailleur qui en est touché est une charge considérable pour son entreprise et une perte pour le potentiel du développement du pays. D’après le rapport mondial de l’ONUSIDA sur la situation épidémiologique du VIH/SIDA dans le monde en 2013, près de 35 millions de personnes sont décédées du fait de cette maladie. Au niveau national, le Cameroun s’efforce tant bien que mal de s’intégrer dans la stratégie mondiale mise en place par les Nations Unies à travers l’ONUSIDA et l’OMS pour accompagner les pays dans la lutte contre cette terrible pandémie. En dépit des quelques résultats obtenus grâce à l’assistance généreuse de la communauté des donateurs internationaux depuis environ trois décennies, la victoire sur ce fléau n’est pas encore en vue dans notre pays. Le soutien massif des donateurs et les tentatives de mise en œuvre d’une politique nationale en la matière s’abîment dans un système miné par une corruption endémique qui n’épargne pas la gouvernance de la santé et ne se soucie guère du sort des malades ou des personnes vivant avec le VIH.
Mais, si importante que soit la problématique de la lutte contre le VIH/SIDA dans le milieu professionnel, elle ne saurait occulter les problèmes plus graves encore auxquels est confronté le monde du travail et qui minent les Travailleurs dans notre pays. On doit relever pour le déplorer – sans être exhaustif – le peu d’intérêt accordé par le Gouvernement à la condition du travailleur camerounais, dont le SMIG, sans aucun rapport avec le coût toujours plus élevé de la vie, se situe encore en-dessous de 29.000 FCFA; la non actualisation de textes anachroniques ou non adaptés aux transformations que connaît notre société dans un monde en mutation; le maintien des institutions budgétivores qui font doublon, à l’instar de la création d’un Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale qui coexiste avec la Caisse Nationale de la Prévoyance Sociale fonctionnant avec des textes du siècle dernier (1967) ; l’absence, pour la plupart des Travailleurs, d’une couverture médicale pour eux-mêmes et à plus forte raison pour leurs familles. Au lieu de se pencher dans une démarche de dialogue franc et constructif avec les Travailleurs sur ces problèmes qui, je le sais, vous préoccupent légitimement, le Gouvernement de la République multiplie les stratégies pour diviser et affaiblir les syndicats de Travailleurs. Il n’est pourtant de l’intérêt de personne de réduire le mouvement syndical dans notre pays, car ce serait oublier les origines de notre histoire politique moderne. En effet, c’est le mouvement syndical qui a accouché du mouvement politique au Cameroun.
Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) pense qu’aucune politique économique et sociale efficiente ne peut être menée dans notre pays sans une implication réfléchie et organisée des Travailleurs, en particulier de leurs organisations représentatives que sont les syndicats. C’est pourquoi, à côté des organisations patronales et de concert avec ces dernières, nous entendons faire des syndicats des partenaires sociaux incontournables dans la mise en œuvre du projet de Renaissance nationale à travers un développement inclusif, que notre parti propose au peuple camerounais. Il s’agit d’œuvrer avec les Travailleurs à l’avènement dans notre pays d’un syndicalisme de consensus fondé sur une concertation permanente et non pas d’un syndicalisme de confrontation basé sur la défiance et l’affrontement permanent avec l’Etat ou les chefs d’entreprises. Car, le MRC est convaincu de partager avec les Travailleurs camerounais la conviction que le seul combat qui vaut la peine d’être mené, au niveau et dans l’état où se trouve actuellement notre pays, c’est le combat pour un décollage économique rapide en vue d’un développement national inclusif, permettant de produire davantage de richesses afin de procéder à une redistribution équitable des fruits de l’effort collectif.
Mes chers amis,
Vous êtes la force de frappe du projet de modernisation économique du Cameroun que porte le MRC. Des Travailleurs en bonne santé, bien formés et disciplinés constitueront en effet, pour notre pays, le socle à partir duquel le MRC reconstruira notre système productif, afin de réduire la scandaleuse dépendance économique actuelle. Car, faut-il le rappeler, notre pays importe massivement la plus grande partie de ce qu’il consomme. L’on estime à près de 80% les importations des denrées alimentaires, de friperie, de brocante, de pacotilles venant notamment des certains pays asiatiques, de véhicules d’occasion, sans qu’il y ait, hormis quelques produits de rente, une contrepartie consistante en terme d’exportation. Les principales conséquences sont : la destruction de notre secteur industriel encore embryonnaire et particulièrement vulnérable, la transformation progressive de notre pays en un vaste marché de consommation et un dépotoir des déchets à peine recyclés des pays développés, un déficit chronique de la balance commerciale qui fait fondre nos réserves financières et plombe notre capacité de financement interne des investissements et partant du développement national.
Des Travailleurs bien organisés, pétris de patriotisme économique sont la cheville ouvrière d’une force irrésistible de combat dans une économie mondialisée dont le credo est la compétitivité. Comment dès lors faire face aux nombreux maux qui minent le monde du Travail, entravent votre épanouissement personnel et privent le pays du bénéfice légitime qu’il est en droit d’attendre de votre énergie, de votre génie, de votre savoir-faire et de votre compétence?
Le MRC entend y répondre à travers trois des cinq piliers de son projet de société dont l’objectif majeur est d’endiguer le chômage endémique et destructeur qui sévit dans notre pays, à savoir: le Pacte éducatif dans lequel s’intègre la formation spécialisée et permanente des Travailleurs qui permettra à tout Camerounais d’avoir la possibilité de bénéficier au moins d’une formation professionnelle de recyclage au cours de sa vie, et à celui qui ne trouve pas de débouché dans sa filière de formation initiale, de changer de couloir professionnelle à la faveur d’une formation adaptée à ses aptitudes et à la demande du marché du travail; le Pacte productif qui repose, d’une part, sur un Etat à la fois stratège et inventif qui libère les énergies créatrices de nos populations et, d’autre part, sur notre détermination à remettre le Cameroun au travail en agissant notamment sur les leviers de création et de compétitivité des entreprises pour y réussir; il faudra à cet égard, d’une part, faire confiance aux nationaux dans le cadre d’une véritable alliance stratégique entre l’Etat et le secteur privé, d’autre part, articuler filières de production et filières de recherche et d’innovation; enfin le Pacte social et de solidarité qui met l’accent sur un droit d’accès aisé de chaque Camerounais aux soins de santé de base et prône la solidarité avec les catégories de nos populations les plus vulnérables: les personnes âgées, les personnes vivant avec un handicap, les enfants abandonnés, les femmes seules ou abandonnées, élevant seules leurs enfants ; solidarité avec les plus pauvres ne pouvant subvenir à leur besoin et encore moins à ceux de leur famille, ni accéder aux soins élémentaires de santé; il faudra, à cet égard, travailler à la mise sur pied dans notre pays d’une couverture universelle pour les soins de santé de base, réfléchir à la prise en charge publique de certains gestes médicaux vitaux tels que la césarienne afin que nombre de nos mamans, épouses, sœurs ne meurent plus en donnant la vie.
C’est ensemble, avec vous, Travailleurs du Cameroun, pierre angulaire du décollage économique à venir de notre pays, que nous voulons tenir ce pari de la modernité, dans la fraternité républicaine, pour l’amour de ce pays qui nous est cher et dont nous avons ensemble la responsabilité.
Afin d’assumer, dès à présent, votre responsabilité face au fléau du VIH/SIDA, le MRC, tout en vous souhaitant une joyeuse fête du Travail, vous exhorte à faire vôtre ce triptyque de base : ABSTINENCE-PROTECTION-FIDELITE, car le pays compte sur vous pour demain.
Vive les Travailleurs camerounais !
Vive le Cameroun !
Maurice KAMTO,
Président National du MRC.
30 Avril 2014