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Août 2017

Depuis son lancement en 2012, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) s’est clairement prononcé sur l’existence d’un « problème anglophone » dans notre pays (on peut le voir dans son projet de société publié sur son site www.mrcparty.org), et a indiqué que ce problème devrait être résolu par le dialogue.

Le Président National du MRC l’a rappelé lors du meeting du parti tenu le 25 juin 2016, à Bamenda, en insistant sur la nécessité de résoudre ce problème par le dialogue.

Dans un communiqué rendu public il y a quelques jours, le MRC a proposé au gouvernement de notre pays des pistes de sortie de crise pour résoudre ce qui est devenu la « crise Anglophone ».

Parmi ces pistes, la libération inconditionnelle des leaders anglophones et tous ceux qui avaient été arrêtés en relation de près ou de loin avec ces évènements était un préalable.

Le Président de la République a ordonné et annoncé, via le Secrétaire Général à la Présidence de la République, l’arrêt les poursuites pendantes contre des leaders du mouvement de protestation anglophone, dont certains sont nommément cités et d’autres évoqués, sans qu’on ne sache exactement les personnes concernées ni selon quels critères ils seront choisis parmi les autres.

Cette libération constitue un pas positif dans la recherche d’une solution par le dialogue, comme nous l’avons toujours préconisé. Mais, il est à craindre qu’à elle seule, la libération de trois figures de proue de la contestation et de « certaines autres personnes interpelées » dans le cadre de la crise ne soit pas suffisante pour régler totalement et durablement la crise ouverte qui dure depuis près dix mois environ dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest de notre pays.

En effet, l’usage de la force, le mépris affiché face aux revendications de nos compatriotes anglophones par notre gouvernement nous ont conduits dans l’impasse que nous connaissons aujourd’hui. Or, au lieu de mettre en oeuvre l’approche globale de la crise contenue dans les propositions du MRC, le gouvernement a préféré, comme à son habitude, une mesure qui peut offrir un répit de courte durée, mais ne résout pas le problème en profondeur. Si l’on soigne une blessure superficiellement, elle cicatrisera en surface, mais continuera à se putréfier en profondeur et finira pas attaquer et à ronger l’os.

C’est dire que la décision d’arrêter les poursuites contre « certaines » personnes dans le cadre de la crise anglophone devrait encore être complétée par une mission politique de paix dans les régions anglophones du pays et la mise en place d’un cadre de dialogue sincère pour la recherche d’une solution consensuelle et définitive au « problème anglophone ».

Cette libération que le gouvernement voudrait présenter, une nouvelle fois, comme un geste de magnanimité du Chef de l’Etat, est une application opportune de la loi, en l’occurrence de l’Article 13 alinéa 4 du nouveau code de justice militaire qui n’a du reste pas été suivie fidèlement, puisqu’il dispose que « sur prescription du président de la République, le ministre chargé de la justice militaire peut arrêter à tout moment, avant le prononcé du jugement, toute poursuite pénale devant le tribunal militaire ». Ce non respect de la loi s’ajoute, hélas! à de nombreux autres cas de violation des lois de la République. Une situation grave qui trahit l’amateurisme d’un gouvernement qui agit trop souvent dans l’urgence, la précipitation, le cafouillage et l’improvisation.

Le MRC renouvelle les propositions qu’il a faites il y a quelques jours pour une sortie durable de crise à savoir :

  • La Libération inconditionnelle de toutes les personnes arrêtées dans le cadre de cette crise,
  • La constitution, par le Chef de l’Etat, d’une délégation composée des chefs religieux, des chefs traditionnels, des représentants des partis politiques représentés à l’Assemblée Nationale ayant mission de se rendre dans les zones anglophones pour apaiser les coeurs en présentant la sympathie et la compassion de la Nation à nos frères meurtris par les évènements dramatiques des dix derniers mois.
  • La création, par le Chef de l’Etat, d’un cadre de dialogue ouvert et sincère dans lequel devront s’exprimer tous les griefs et revendications de nos compatriotes anglophones et les impératifs de la construction d’une Nation unie, sachant que la sécession n’est pas une option.

Au bénéfice de l’annonce de telles mesures, le MRC exhortera ardemment les populations et les responsables scolaires et académiques des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest à assurer une rentrée scolaire effective et paisible pour un meilleur avenir de nos jeunes compatriotes des ces régions.

Fait à Yaoundé le 30 Aout 2017
Le Président National du MRC
Maurice KAMTO